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Enrico Marini : «Batman était un rêve d'enfant»

Le scénariste et dessinateur italien a pris plaisir à croquer le super-héros légendaire. [Dargaud/DC Comics]

Le renouveau de Batman ? Sous le pinceau expert d'Enrico Marini, le super-héros de comics prend une nouvelle ampleur en s'invitant dans la grande tradition de la bande dessinée européenne.

L'aventure, scénarisée et dessinée par l'artiste italien, prend la forme d'un diptyque. Le premier tome de Batman, The dark prince charming, à la couverture immédiatement identifiable est disponible depuis le 3 novembre dernier.

Et il figure déjà en très bonne place dans les librairies, spécialisées ou non. Il faut dire que cette collaboration Dargaud/DC Comics a toutes les qualités pour devenir le succès BD de cette fin d'année. Son graphisme, somptueux, et son scénario, à la fois sombre et bourré d'humour, ne peuvent que satisfaire les fans et attirer les curieux. Pour l'auteur, qui a accepté de répondre à nos questions, l'occasion était trop belle de se frotter au mythe. 

Vous souvenez-vous à quel moment est né ce projet ?

Au départ, ça a commencé comme un blague. Je dînais, il y a trois ans environ, avec François Pernot, le PDG de Dargaud, à l'époque. Je savais qu'il dirigeait aussi Urban Comics, qui édite Batman en Europe. Je lui ai dit : «Puisque c'est toi le boss, je peux faire un Batman». Il m'a répondu : «Pourquoi pas ? C'est possible». A table avec nous, il y avait aussi Mathieu Lauffray (le dessinateur de la série Long John Silver, ndlr), et j'ai ajouté :  «Toi aussi, Mathieu, tu aimerais bien faire un Batman, hein ?!». Mais c'était vraiment un gag, à ce moment-là. 

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A quel moment est-ce devenu concret ?

Quelques mois plus tard, à Angoulême, François Pernot m'a annoncé que Jim Lee, de DC Comics, était intéressé et qu'il voulait de toute façon monter un projet dans ce style, avec des auteurs européens. En plus, il connaissait mon travail. J'ai été pris de court, et j'ai répondu que je devais d'abord trouver un scénario, et surtout le temps de m'y mettre. A l'époque, j'étais très occupé par mes séries Les aigles de Rome et Le Scorpion (respectivement 500.000 et 2 millions d'exemplaires vendus, ndlr). J'étais même parti sur un polar, qui devait être un one-shot. A ce moment-là, je pouvais faire Batman tout de suite, ou alors je devais attendre quatre ans de plus. Et je ne pense pas que les Américains auraient attendu aussi longtemps. Puis j'ai trouvé une idée et je me suis lancé.

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Pourquoi, à votre avis, les Américains ont-ils pensé à vous ? 

Tout le monde n'a pas envie de dessiner ce type d'histoires. Il faut être un peu passionné par le sujet, aimer les super-héros, lire des comics. Pour moi, c'est un rêve d'enfant qui se réalise. Mais je peux très bien imaginer quelqu'un avec un style très différent du mien réaliser un Batman, pour expérimenter quelque chose, comme un Juillard, Larcenet ou Sfar. 

Est-ce que votre scénario initial a été modifié par DC ?

Non, il a été accepté tel quel. On ne m'a demandé aucune modification, c'est étonnant, hein ? Mais la maison DC est surtout attachée au respect de son univers et des personnages, à ce qu'on ne les ridiculise pas. Sinon, il n'y a aucun problème.

Quelle est la particularité du personnage de Batman, dans votre scénario ?

Je voulais qu'il soit agile. Pour ça, j'ai créé un costume pas trop compliqué, pas trop lourd. Et je voulais qu'il ne soit pas trop vieux. Il est mature, ça fait déjà quelques années qu'il incarne Batman, mais en même temps, il a encore des choses à apprendre. Et il connaît déjà le Joker au début de l'aventure. Je ne voulais pas rencontrer l'histoire de leur rencontre.

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Le Joker est d'ailleurs hyper-présent dans les scènes de l'album, presque plus que Batman. On sent que vous aimez ce personnage.

Je l'adore, il est totalement imprévisible et change de personnalité en permanence. Il est dangereux et en même temps charmant. On peut même le trouver marrant, alors que c'est un monstre. Dans mon Batman, il est le seul à faire des blagues. Si quelqu'un tente de discuter avec lui, ça se termine mal. Il est seul sur scène, complètement égocentrique. Par moments, il vole la vedette à Batman, mais ce n'est pas trop grave, je pense. 

Pour vous, c'était l'ennemi obligatoire, dans votre vision de Batman ?

C'est son exact opposé, et c'est celui que les fans attendent. Pour moi, il devait absolument faire partie de l'aventure.

Ce Joker, comment l'avez-vous créé ?

Je suis une éponge à influences. Je lis des comics depuis que je suis petit, des BD, des mangas, mais j'aime aussi et surtout le cinéma, qui est une source d'inspiration énorme. Sergio Leone, Scorsese, Ridley Scott, Fincher... Même les films des années 1950, les polars, j'aime tout ça...  Et le Joker, j'ai voulu lui donner une certaine légèreté. Il bouge comme dans une comédie musicale. Il a un vrai côté Fred Astaire. D'ailleurs, il y aura de la danse, dans le tome 2 (à paraître en juin, ndlr), je peux déjà vous l'annoncer. 

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Batman, The Dark prince charming, Tome 1, Dargaud/DC, 14,99 €

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