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Des dizaines de fans ont attendu près de deux heures pour rencontrer le scénariste et réalisateur. [© Loic VENANCE / AFP]

Devant une salle comble, le Britannique est revenu samedi sur la version originale restaurée de «2001, L’Odysée de l’espace» de Stanley Kubrick, qu'il présentera dimanche pour les 50 ans du film. Il a aussi parlé de 70 mm et de sa famille. Extraits choisis.

Son premier souvenir de «2001, L’Odyssée de l’espace»

«J’avais 7 ans. C’était à peu près un an après la sortie de «Star Wars» («Épisode IV : Un nouvel espoir», ndlr). Mon père m’avait emmené le voir dans la plus grande salle de cinéma de Londres. Je suis sorti époustouflé et ne suis jamais revenu de ce voyage. Ce travail sur la version originale restaurée est une occasion de participer à la recréation de cette expérience pour une nouvelle génération de cinéphiles».

Son travail sur la restauration du film de Kubrick

«Nous avons enlevé tout ce qui est considéré comme des défauts de fabrication dues à la pellicule. Mais, nous avons pris le parti de préserver le même mode de fonctionnement qu’à l’époque. Nous avons donc recréé le négatif 70 mm pour des conditions de projection identiques que lors de la sortie de «2001, L’Odysée de l’espace». Les cinéphiles vont pouvoir découvrir ce film comme s’ils étaient spectateurs en 1968. Et le Festival de Cannes est le meilleur tremplin pour lancer cette aventure».

Ses études de littérature anglaise

«Je n’ai pas suivi de formation dans une école de cinéma, tout simplement parce que l’école n’a pas voulu de moi ! Mon père m’a donc conseillé de suivre de «vraies» études de littérature anglaise. C’était mon point fort au lycée et ce fut une excellente formation pour la suite de ma carrière. Quand j’ai obtenu mon diplôme au College of London, je n’ai pas intégré d’école et j’ai tout de suite commencé à tourner des films en 16 mm».

Son envie de travailler en famille

«Avec mon frère Jonathan, qui est scénariste, j’ai travaillé avec lui de manière différente en fonction de mes films. Pour «Memento» (2000), nous écrivions en parallèle et échangions. Pour la trilogie «Batman», ce fut vraiment une écriture à quatre mains autour d’une table, dans une voiture ou à bord d’un avion. Quant à «Interstellar» (2014), Jonathan avait écrit le scénario à l’origine pour Steven Spielberg. Finalement, j'ai dirigé le projet. J’ai donc retravaillé le script. C’est très agréable de travailler en famille et avec des personnes fidèles, à l’instar de mon compositeur que je connais depuis l’université. Les questions d’argent ne viennent jamais parasiter l‘intérêt commun».

Sa volonté de tourner ses films en 70 mm

«Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’une guerre entre le numérique et l’argentique. C’est une question de choix de tourner en pellicule. Pour moi, c’est de l’ordre de l’émotion, quelque chose de personnel et de subjectif. Il est évident que l’image analogique, support que je ne veux pas sacrifier et qui offre une large palette de couleurs, est plus proche de la façon dont un œil voit le monde. La restauration d’un film n’implique pas non plus forcément une numérisation».

Son désir d’introduire la technologie IMAX à Hollywood

«J’ai découvert les films Imax quand j’étais adolescent. J’allais dans les musées et je voyais des documentaires de 40 min que je trouvais fascinants. J’ai demandé à utiliser cette technologie pour le premier volet de la trilogie «Batman». Pour le deuxième, nous avons eu recours à des caméras IMAX pour tourner des séquences, comme l’entrée du Joker. Si le résultat est impressionnant, cela a un coût technique puisque l’image est trois fois plus grande que sur une pellicule 70mm. Vous ne pouvez pas tourner plus de 90 secondes d’affilée sur une bobine. Par conséquent, pendant que nous tournions avec une caméra, nous en chargions une autre pour ne pas perdre de temps. «Dunkerque» a été tourné entièrement en IMAX. J’ai donc atteint le rêve que j’avais imaginé à l’âge de 16 ans».

Son souhait de limiter les effets spéciaux numériques

«Pour «Dunkerque», nous sommes allés à la rencontre de chefs décorateurs qui tournaient avant l’apparition du numérique. Nous avons fabriqué des décors en carton, comme des bateaux ou des soldats. Sans les effets spéciaux numériques, l’acteur n’a plus besoin de concentrer tout son savoir-faire sur la manière dont il doit donner l’impression physique de vivre une situation. En tant que réalisateur, je peux donc avoir une relation beaucoup plus profonde avec mes acteurs».

Sa définition du métier de réalisateur (issu du cinéma indépendant)

«J’écris d’abord une première idée. Une fois sur le tournage, je me rends compte que je sors du monde inventé sur papier. Puis, vient le montage avec cette phase de (re)découverte du film qui prend vie. Kubrick disait qu’il n’y a pas de meilleur moyen de réaliser un film que d’en réaliser un. C’est également mon approche. Je n’ai pas fait d’études de cinéma. Pour mon premier film «Following» (1999), nous avons tourné avec très peu de moyens, uniquement le week-end car nous avions tous un «job» en semaine. Nous étions une bande d’amis et nous ne savions pas qui viendrait le samedi. Donc, il fallait être capable de se débrouiller seul et d’avoir toutes les compétences requises. Je viens du cinéma indépendant et je pense que chaque plan a besoin d’un engagement total. Il faut savoir écrire, tourner, monter, mixer… sauf peut-être jouer !».

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