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Immigration: trois questions au nouveau directeur de l'Ofpra

Des immigrés font la queue devant la préfecture de Bobigny pour demander leur régularisation, le 3 décembre 2012 [Jacques Demarthon / AFP/Archives] Des immigrés font la queue devant la préfecture de Bobigny pour demander leur régularisation, le 3 décembre 2012 [Jacques Demarthon / AFP/Archives]

Le nouveau directeur général de l'Ofpra, Pascal Brice, a défendu vendredi la tutelle très décriée de Manuel Valls sur son institution, à qui l'Etat demande de diviser par deux ses délais de traitement des demandes d'asile.

QUESTION: Sous le précédent gouvernement, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a été soupçonné de servir d'outil de gestion des flux migratoires, notamment parce qu'il a été rattaché au ministère de l'Intérieur après des années dans le giron des Affaires étrangères. Malgré les critiques, l'Ofpra est toujours sous la tutelle de Manuel Valls, qu'en dîtes-vous?

REPONSE: "Il n'y a jamais eu de consignes ou de quotas délivrés à l'Ofpra. Ses agents examinent les demandes avec l'objectivité du Droit. Il est vrai, qu'ils les examinent aussi avec une forme de subjectivité propre à chaque individu. Il est évident que cette subjectivité n'est pas étrangère à l'air du temps politique.

Mais il y a eu un changement politique dans ce pays qui s'est accompagné d'un changement de discours. Le président et le ministre de l'Intérieur insistent pour que l'asile soit distingué de la gestion des flux migratoires.

D'ailleurs au premier trimestre 2013, le taux d'admission de l'Ofpra (la part des demandes d'asile acceptées, ndlr) est remonté à 11,5% contre 9% en 2012. C'est la première hausse depuis longtemps.

En conséquence, la tutelle de l'Intérieur ne me gêne pas. J'y vois même beaucoup d'avantages. Par exemple, nous avons accordé l'asile à des petites filles menacées d'excision et le ministère a délivré des titres de séjour à leurs parents."

Q: L'Ofpra met en moyenne six mois à traiter un dossier, ce qui coûte cher à l'Etat qui doit loger les demandeurs et leur fournir un pécule. Le gouvernement vous demande d'accélérer. Comment comptez-vous y parvenir?

R: "Je vais effectivement signer prochainement un contrat d'objectifs et de performances avec l'Etat qui devrait nous imposer de ramener la durée de traitement à trois mois.

J'ai donc engagé la concertation avec les agents pour une réorganisation interne de l'office d'ici à l'été.

Outre le recrutement de dix nouveaux agents, je compte mutualiser les compétences. Nos agents sont spécialisés sur une région - c'est une spécificité de l'Ofpra qui est positive. Mais si la région Asie a fini l'examen de ses dossiers et que l'Afrique est débordée, nos agents doivent pouvoir s'entraider.

Je vais également essayer de réduire le turn-over (19 démissions et 20 détachements en 2012, ndlr). Je pense notamment à une formation pour les aider à avoir la bonne distance face aux demandeurs. Les histoires qu'ils recueillent sont souvent tragiques: ils doivent être attentifs mais il ne faut pas que ça les affecte trop."

Q: Ces objectifs sont-ils réalistes dans le cadre des nouvelles obligations européennes?

R: "La directive dite procédure est en train de se conclure. Elle devrait imposer la présence d'une nouvelle personne lors des entretiens des demandeurs d'asile, un avocat, ou une association ou un travailleur social. Peut-être qu'elle imposera aussi un enregistrement des entretiens.

Ce sont des évolutions très positives pour la garantie des droits des demandeurs et pour la crédibilité des décisions de l'office. Mais c'est vrai que l'arrivée d'un tiers n'est pas de nature à faire baisser les délais."

Propos recueillis par Charlotte PLANTIVE.

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