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Qu'est devenu Lassana Bathily, le héros de l'Hyper Cacher ?

Lassana Bathily pose avec son livre "Je ne suis pas un héros", le 16 décembre 2015, à Paris. Lassana Bathily pose avec son livre "Je ne suis pas un héros", le 16 décembre 2015, à Paris. [DOMINIQUE FAGET / AFP]

Jadis sans-papiers malien fuyant les contrôles de police, Lassana Bathily, 25 ans, est devenu il y a un an le héros de l'Hyper Cacher, devant qui on déroule le tapis rouge. Une nouvelle vie qu'il raconte dans un livre publié mercredi.

"Ah, voilà mon Français préféré!" C'est en ces mots que François Hollande avait accueilli à l'Elysée un Lassana Bathily plutôt gêné, le 25 janvier 2015. "Je ne suis pas un héros", proteste depuis le jeune homme, en écho au titre de son livre publié par les éditions Flammarion un an après l'attaque.

C'était un vendredi, à quelques minutes de la fin de son service. Lassana Bathily, manutentionnaire, rangeait des cartons de surgelés au sous-sol du supermarché, quand il entend des tirs et voit une quinzaine de personnes débouler. En haut, un jihadiste, Amedy Coulibaly, a pris en otage des clients et ordonne à une caissière d'aller chercher ceux restés en bas. Une partie remonte, l'autre refuse. Lassana Bathily leur propose d'utiliser le monte-charges pour gagner l'issue de secours. Personne n'ose le suivre. Alors le jeune homme éteint la lumière et le moteur du congélateur où se réfugie le groupe. Et prend seul le monte-charges. Il parvient à s'enfuir et aidera la police, en dessinant les plans du magasin.

Le soir, il est interviewé par une équipe de télévision puis rejoint son foyer de jeunes travailleurs. "Le matin je me suis connecté sur Facebook, 800 personnes m'avaient rajouté comme ami. Mon téléphone n'arrêtait pas de sonner. Je me suis dit : Mais qu'est-ce qu'il m'arrive?"

Son pote Yohan Cohen

Quelques jours plus tard, flottant dans un costume neuf, il obtient la nationalité française dont il rêvait "depuis (son) enfance". Puis rentre auréolé de gloire au Mali, d'où il était parti à 16 ans pour tenter sa chance à Paris. Le président Ibrahim Boubacar Keïta félicite son compatriote : tandis qu'Amedy Coulibaly, aussi d'origine malienne, avait "jeté le drapeau malien par terre, tu l'as redressé". Depuis, le "blédard" a multiplié voyages et distinctions.

Le monde entier encense ce jeune musulman au fin collier de barbe qui avait l'habitude de prier dans le sous-sol de l'Hyper Cacher et qui a, ce jour-là, sauvé des juifs. Pourtant, certains otages grincent des dents. "A aucun moment, au sous-sol, je n'ai vu Lassana Bathily accomplir un acte héroïque", écrit Yohann Dorai, expliquant avoir lui-même coupé les fils du moteur du congélateur où il était réfugié. Ce dernier dédie son livre, "Hyper Caché" (Ed. du Moment), à Yohav Hattab, étudiant de 22 ans tué par Coulibaly en tentant de s'emparer d'une de ses armes. 

Le 9 janvier, Lassana Bathily a perdu son "pote" et collègue Yohan Cohen, qu'il appelait "Boss-Boss", tué comme trois autres personnes par Coulibaly. Deux jours plus tard, il apprenait aussi le décès de son petit frère de 19 ans, Boubakar, malade depuis longtemps.

"Il faut qu'on soit solidaires"

Le tourbillon médiatique s'est estompé, Lassana Bathily a quitté son foyer de jeunes travailleurs pour un logement social et abandonné son job à l'Hyper Cacher pour un emploi à la mairie de Paris. Mais quelques mois plus tard, la mort s'est rappelée à son souvenir. Le soir du 13 novembre, "je n'étais pas loin du Bataclan". Comprenant que les attentats recommençaient, "j'ai couru, comme tout le monde" Le vendredi suivant, une autre attaque frappait l'hôtel Radisson Blu de Bamako, où il avait séjourné. Lassana Bathily, lui, n'a "pas peur". Il poursuit ses cours de français et a créé une association humanitaire à son nom. "Il faut qu'on soit solidaires, qu'on reste unis".

 

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