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Pour le maire de Gennevilliers, «il faut que l'Etat prenne ses responsabilités»

Sur 1,5 km le long de la N315, entre cent et deux-cent personnes vivent dans un campement insalubre.[© Blog de Patrice Leclerc / Mairie de Gennevilliers]

Dans les Hauts-de-Seine, entre Asnières et Gennevilliers, ce qui n'était qu'un simple terre-plein le long de la N315 est devenu – en quelques mois – un immense camp de fortune.

Près de deux-cent Roms y vivent dans des conditions de sécurité et sanitaires déplorables. Une situation que déplore le maire communiste de Gennevilliers, Patrice Leclerc, qui a décidé de bloquer la N315 dans le sens Paris-province (le moins emprunté) ce jeudi, au petit matin, afin d'interpeller l’Etat et leur demander d’agir.

Dans quelles conditions ces familles se sont-elles installées le long de la N315 ?

Patrice Leclerc : «Il y a d'abord eu quatre familles, qui se sont installées en juillet. J'ai alors immédiatement alerté l’Etat, pour ne pas qu'il les laisser s’installer là. Mais rien n'a été fait et depuis, on parle d'une centaine de cabanes, qui abritent autant de familles, dont plusieurs dizaines d'enfants.»

Sur un site particulièrement dangereux ?

«Ils vivent à deux mètres à peine de la nationale, où les voitures roulent très vite. Les dangers sont multiples : il y a des risques de pollution et d'incendie. Il y a également un danger pour les enfants qui se mettent au bord de la route pour jouer. Et enfin, il y a un danger pour les automobilistes avec des déchets qui ne cessent de tomber sur la voirie.»

Que pouvez-vous faire, à ce stade, en tant que maire pour gérer la situation ?

«C'est une route qui appartient à l'Etat. De notre côté, nous avons organisé des actes de solidarité, avec les jeunes de la ville notamment. A Noël, nous leur avons apporté des vivres. Nous avons également installé des bennes pour essayer de nettoyer un peu.

Mais pendant ce temps-là, il a fallu trois mois à l'Etat pour se rendre compte qu'il a autorité sur une route nationale [rires], puis un mois pour déposer un référé. En gros, il a fallu que je menace de couper la N315 pour que la préfecture des Hauts-de-Seine annonce qu'une enquête sociale était lancée.

Ce qui est scandaleux, c'est que l'Etat a laissé trainer et laisse les gens vivre au bord de cette route. L'Etat ne fait rien. La solution serait de travailler au relogement de ces familles dans des conditions dignes et de commencer par un recensement social.»

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C'est la raison pour laquelle vous avez organisé ce blocage ?

«C'était un acte de protection. Je ne souhaite pas stigmatiser les personnes qui habitent là, mais bien stigmatiser l'Etat qui ne fait rien pour elles. Et si l'Etat ne bouge pas plus, j'organiserai un deuxième blocage le 10 mai, dans l'autre sens de circulation. Et là, il faudra s'attendre à une centaine de kilomètres de bouchons.»

Qu'attendez-vous de l'Etat ?

«Je remplis mon rôle de maire, je téléphone au préfet pour savoir où en sont les mesures. Mais c'est à l'Etat d'engager d'autres procédures pour reloger ces familles. Je m'engage avec colère et véhémence, car c'est le même Etat qui rechigne à nous aider. Nous n'avons plus d'aide régionale, ni départementale parce qu'il y a 65 % de logements sociaux à Gennevilliers, mais il laisse exister ce campement.»

Et la suite ?

«Le tribunal de grande instance de Nanterre doit rendre son référé le 4 mai, et c'est ensuite à la préfecture de décider ou non d'une évacuation. Mais celle-ci ferait mieux de ne pas attendre l’audition juridique, et lancer dès à présent l'enquête sociale, afin de proposer des lieux d’hébergement au plus vite».

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