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La semaine de Philippe Labro : New York à l’automne, l’hiver d’Hillary

Septembre est le mois idéal pour se rendre à New York, même si le souvenir des terribles attentats de 2001 est indélébile. [CC / twalmedia / Pixabay]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

DU DIMANCHE 10 AU MERCREDI 13 SEPTEMBRE

New York en septembre, en plein été indien. C’est la meilleure période de l’année. Les hommes marchent en bras de chemise dans Manhattan, ils sont toujours aussi épais, voire obèses. Je suis là pour une conférence avec Olivier Barrot à la New York University, au département de littérature très joliment appelé «La maison française». Trois jours pleins, instructifs, d’autant que je vais y suivre la commémoration de l’attaque des deux tours du World Trade Center, en 2001.

Sous le ciel bleu – aussi bleu que le matin où les deux avions percutèrent les tours –, les proches des victimes lisent les noms des 2.753 morts. Drapeaux en berne, uniformes de pompiers et de «cops», grand silence, malgré la «musique» de New York en fond sonore : sirènes et marteaux-piqueurs. Seules 1.641 victimes ont été identifiées. Des équipes de médecins légistes continuent de chercher dans les décombres accumulés dans des hangars du New Jersey un reste humain, aussi petit soit-il, qui pourrait amener à un ADN et à une identification, permettant aux proches de «faire le deuil» – indispensable aux Etats-Unis.

La télévision ? La chaîne de plus en plus regardée, c’est la Weather Channel, la chaîne météo. La précision horlogère des prévisions (quand ils vous disent qu’il va pleuvoir à partir de 18h15, entre la 90e et la 45e rue, prenez votre parapluie) et la multiplication des ouragans augmentent l’intérêt pour la seule question qui fédère un pays de plus en plus divisé : «Quel temps fera-t-il ?»

La politique ? On vit dans l’imprévisibilité permanente avec ce président Trump, qui tweete à tire-larigot, chaque nuit.

Sa dernière trouvaille : relayer un montage d’images qui le montre en train de taper une balle de golf, laquelle vient frapper le dos d’Hillary Clinton montant dans un avion. La «non-présidentiabilité» de Trump remplit les éditoriaux des journaux dits sérieux que l’Amérique profonde, celle des «petits Blancs» insatisfaits, ne lit pas.

Hillary ? Dans la 5e avenue, entre la 57e et la 40e rue, nous sommes bloqués par un gigantesque magma de taxis. Ils sont moins brinquebalants qu’avant, on peut payer avec une carte de crédit par un système ultrafacile accroché à la vitre qui vous sépare du chauffeur. Leur couleur est restée jaune, sauf celle d’une nouvelle flotte, verte, de voitures hybrides, écolo-compatibles. L’hybride va prendre le pouvoir.

Une foule innombrable de gens fait la queue sur les trottoirs et déborde sur le bitume. Certains sont là depuis 5h du matin. Tout cela pour obtenir une dédicace d’Hillary Clinton, venue promouvoir son livre : What happened – «Ça s’est passé comme ça». Les raisons de son échec dans la campagne présidentielle. Récit amer, parfois lucide. La critique a été rude (il paraît cette semaine en France), car pour les Américains, on ne doit pas être un «bad loser» – un mauvais perdant. C’est le pays de la gagne, du «demain est un autre jour», mais aussi de la colère. Le génial romancier Tom Wolfe me dit : – Il existe, chez les «Blancs suprémacistes», une «joie de la colère». Ce sera l’objet de mon prochain essai. 

Le chauffeur de taxi qui me ramène à l’hôtel est un vieux Coréen. Il m’interroge sur Macron – comme tous ceux que j’ai rencontrés. –

Vous êtes français ? Parlez-moi de Macron ! Alors, je l’interroge sur Trump.

Il éclate de rire : – He is entertaining ! Traduisez : il est distrayant.

Après le violent discours de Trump à l’ONU, mardi dernier, je ne suis pas certain que mon taxi ait trouvé le bon adjectif.

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