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Sigolène Vinson raconte sa vie après l'attentat de Charlie Hebdo

Le 7 janvier 2015, Saïd et Chérif Kouachi ont exécuté 11 personnes dans les locaux de Charlie Hebdo, avant d'en abattre une douzième dans la rue.[MARTIN BUREAU / AFP]

Le 7 janvier 2015, Sigolène Vinson était présente dans les locaux de Charlie Hebdo lorsque les frères Kouachi ont abattu onze personnes, puis ont fait une douzième victime en fuyant. Rescapée de l'attentat, la chroniqueuse s'est confiée ce 5 janvier à Europe 1 sur sa vie après le drame.

Si elle continue à travailler pour Charlie Hebdo, Sigolène Vinson s'est installée dans le sud de la France, confie-t-elle au micro d'Europe 1. Elle ne va plus à Paris qu'une fois toutes les deux semaines pour la conférence de rédaction. «Moi qui ai pu avoir l'âme militante, ce que je ne suis plus aujourd'hui, peut-être à cause de l'attentat, je me dis que je fais peut-être acte de participation à la vie de la cité en continuant à écrire dans le journal

L'ancienne avocate raconte un quotidien bouleversé par l'attentat de janvier 2015. «Ça va à peu près, mais c'est parce que je suis très polie que je réponds 'ça va'», indique Sigolène Vinson. Les premiers mois, elle a connu un sentiment de paranoïa, suivi de «pleurs récurrents». La peur subsiste : «les sirènes de secours que ce soit police, pompier ou ambulance, le bruit des cartes ou des ardoises des restaurants sur les trottoirs quand un coup de vent les font tomber au sol, c'est pour moi ce qui se rapproche du bruit d'un coup de feu, c'est très sec.»

«Nous on avance un peu comme des fantômes»

Elle semble avoir trouvé refuge dans la lecture et la musique. «En écoutant 'Le temps de vivre' (chanson de Georges Moustaki, NDLR), décrit la radio, Sigolène Vinson, l'admet, 'le goût de vivre c'est un peu long, mais vivre, on vit à partir de l'instant où on n'a pas été tué, dès qu'on se relève, dès qu'on a vu dans les yeux du tueur qu'on allait rester en vie, on continue à respirer et à vivre. Mais vivre pendant un certain temps différemment, coupé du monde.»

«On avance comme si on était derrière un vitrage, poursuit la chroniqueuse. On voit les autres eux vraiment vivre et surement avoir le goût. Nous on avance un peu comme des fantômes, comme un spectre dans la ville. Je sais que j'ai vécu un événement particulier et d'une violence inouïe, mais ça n'a pas changé qui j'étais, il y a juste quelque chose de cassé à l'intérieur, une fêlure, un chagrin qui ne part pas. C'est moi avec une cassure.»

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