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Sœur Bernadette reconnue comme miraculée : «Je suis chargée de témoigner, pas de vous faire croire»

Sœur Bernadette Moriau tient une conférence de presse à Beauvais, dans l'Oise, le 13 février 2018 [DENIS CHARLET / AFP] Sœur Bernadette Moriau tient une conférence de presse à Beauvais, dans l'Oise, le 13 février 2018. [DENIS CHARLET / AFP]

«Je suis chargée de témoigner, pas de vous faire croire». Sœur Bernadette Moriau, 78 ans, atteinte pendant 40 ans d'une grave invalidité, a livré pour la première fois mardi le récit de sa guérison «miraculeuse» après une visite à Lourdes en 2008, la 70e reconnue officiellement par l’Église.

Entrée au couvent de Nantes à 19 ans, sœur Bernadette est touchée quelques années plus tard par des douleurs lombo-sciatiques. Atteinte du syndrome dit de la queue de cheval, cette ancienne infirmière se rend à Lourdes avec son nouveau diocèse de l'Oise à l'été 2008.

«C'étaient les 150 ans des apparitions de Marie à Bernadette (Soubirous, ndlr), je m'appelle Bernadette c'est peut-être une grâce», dit cette franciscaine, cheveux gris et corps fluet, parfois impressionnée par la soixantaine de journalistes présents pour entendre son récit.

Sœur Bernadette Moriau tient une conférence de presse à Beauvais, dans l'Oise, le 13 février 2018 [Denis Charlet / AFP]
Sœur Bernadette Moriau tient une conférence de presse à Beauvais, dans l'Oise, le 13 février 2018 [Denis Charlet / AFP]

«Lourdes est une terre de fraternité, on n'est pas regardé de travers si on est tordu ou en fauteuil roulant», observe-t-elle. «J'ai participé au pèlerinage d'une manière très sereine (...) à travers les sacrements de la réconciliation et des malades».

Revenue dans sa communauté à Bresles (Oise), à une dizaine de km de Beauvais, elle se trouve en adoration à la chapelle le 11 juillet à 17H45. «On se rappelle de tout comme si c'était aujourd'hui», glisse-t-elle pour expliquer son soin de la précision.

«J'étais devant le saint-sacrement et j'ai senti un bien-être, une détente de tout mon corps. Avec le corset, l'attelle, le neuro-stimulateur, je n'étais pas toujours très à l'aise. Une chaleur m'a traversée mais je ne savais pas ce qui s'est passé», dit-elle.

De retour dans sa chambre, elle entend une voix lui dire : «Enlève tes appareils».

«Dans un acte de foi» et en pensant à l'évangile selon Saint-Jean «prends ton grabat et marche», elle ôte ses appareils. «A ma grande surprise, quand j'ai enlevé le corset et mon attelle, mon pied était redressé. Je pouvais bouger et je n'avais pas mal», explique-t-elle, émue. Le jour même, elle dit arrêter la morphine et les auto-sondages.

Le lendemain, «je suis allée marcher cinq kilomètres dans la forêt avec ma belle-sœur qui était venue me voir et qui a son grand étonnement me voyait sans appareil».

Longtemps, elle dit s'être demandée pourquoi elle avait été choisie par Dieu «alors que tant d'autres en auraient plus besoin que moi». Mais «je n'ai pas de compte à demander à Dieu», reprend-elle.

Pendant les dix années de la longue instruction de son dossier pour qu'il soit validé comme «miracle» par l’Église, sœur Bernadette s'est rendue une fois par an à Lourdes «pousser des fauteuils».

Interrogée de savoir si elle avait reçu un appel du pape, elle a répondu en riant : «Si François m'appelle, je serais bien contente !».

Le Dr Alessandro de Franciscis, 15e président du Bureau des constatations médicales de Lourdes depuis la création de cette instance à vocation scientifique en 1883, a lui rappelé qu'il existait dans les archives «7.400 dossiers de guérisons étudiés et discutés». Pour seulement 70 cas reconnus officiellement par l’Église comme guérison «miraculeuse», depuis l'apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous en 1858.

Questionnée sur sa brusque notoriété, sœur Bernadette a répondu : «Je ne suis pas une star, je reste une petite sœur».

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