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La semaine de Philippe Labro : un hymne à la nature, les racines de la musique

Une forêt de 1.350 hectares pourrait être plantée dans le Val-d'Oise, si rien ne se met en travers de son chemin. [CC / seaq68 / Pixabay]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

LUNDI 12 FÉVRIER

Une bonne nouvelle pour commencer la semaine. Je l’ai apprise en écoutant Virginie Garin, un matin, sur RTL, et puis la presse a relayé l’information : une forêt va naître. Oui, une forêt toute neuve, toute foisonnante d’un million d’arbres plantés sur 1 350 ha, dans le Val-d’Oise, dans la plaine de Pierrelaye-Bessancourt. Formidable ! L’annonce est belle – et il n’y a pas besoin d’être un écologiste militant pour s’enthousiasmer.

Les arbres connaissent, en ces temps de pollution et de destruction de la planète, un étonnant regain d’intérêt. Il suffit de constater qu’un livre, La vie secrète des arbres, écrit par un inconnu, Peter Wohlleben (éditions Les Arènes), est, pour la 48e semaine de suite, dans la liste des best-sellers.

Tout remué par l’idée d’une «nouvelle forêt», il m’a fallu vite déchanter : j’apprends que nous n’en sommes qu’aux débuts, qu’il faut attendre une enquête publique, une concertation, des autorisations d’administrations aussi nombreuses que les arbres espérés – bref, la France, avec ses lenteurs, ses freins, ses normes. J’apprends aussi que la ville de Paris, qui dispose de 400 ha sur les 1 350, s’intéresse à ce terrain et voudrait en faire… quoi ? Un lieu de stockage de déchets ! Je tombe de haut. Si tout va bien, il faudra attendre trente ans pour que la «nouvelle forêt» existe vraiment. Bon. Ce sera pour nos petits-enfants.

MERCREDI 14 FÉVRIER

A quelques heures de la rencontre Real-PSG, ce mercredi soir, à Madrid, en match aller d’un 8e de finale de Ligue des champions, on mesure, aux titres des journaux, aux «ouvertures» des émissions de radio et de télévision, l’importance inouïe que prend ce sport, qui est un spectacle. Pourquoi une telle convergence multimédiatique ? Au fil des dernières années, le PSG – financé par le Qatar – constellé d’étoiles (Neymar, MBappé…), a réussi à monopoliser une grande partie de la communication sportive.

De son côté, le Real possède un coach, Zinedine Zidane, qui est, tout simplement, entré dans l’inconscient collectif français : Coupe du monde 1998, coup de tête à Materazzi en 2006, pardonné, voire oublié, comportement d’un homme issu des plus modestes couches de la société, à Marseille, et devenu une star planétaire, un coach aux multiples victoires.

Et puis – et c’est diabolique ! –, il y a l’attractivité du match retour, dans trois semaines. A Paris, cette fois, avec, n’en doutons pas, une effervescence aussi frénétique que celle d’aujourd’hui.

JEUDI 15 FÉVRIER

Je reçois le nouvel album du violoncelliste Gautier Capuçon. Il s’intitule Intuitions et renferme quelques-uns des plus beaux paysages sonores qu’illustre ce jeune homme au faciès angélique et au talent indéniable. Ce n’est pas simple, le violoncelle, mais sa sonorité et sa richesse procurent des émotions fortes, dues à la possibilité de vous plonger dans la gravité comme dans l’euphorie.

L’originalité de cet album tient à la diversité des choix : Capuçon ne s’est pas limité à ce qu’on appelle le «classique». A côté de Fauré, Saint-Saëns ou Tchaïkovski, il propose le ragtime américain de Scott Joplin et les accélérations latines du tango d’Astor Piazzolla.

Gautier, violoncelle, et son frère, Renaud, violon, ont eu raison, à un moment de leur carrière, de s’éloigner l’un de l’autre. S’ils avaient continué à jouer à deux éternellement, ils seraient devenus des bêtes de cirque et n’auraient pu développer leur art propre. On dirait, en outre, que cette famille a un besoin viscéral de «faire», d’instruire, d’éduquer les autres. Tous deux exercent des fonctions de pédagogue dans plusieurs institutions, avec élèves et disciples. Encore jeunes, ils ont déjà compris qu’il faut savoir transmettre à plus jeune que soi. C’est, évidemment, la pratique de leur instrument qui leur a insufflé ce besoin : un violon, un violoncelle, ce sont des «passeurs».

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