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NDDL : sur la ZAD, des milliers de manifestants déterminés à «reconstruire» et maintenir «l'utopie»

Les zadistes de Notre-Dame-des-Landes transportent une charpente, le 15 avril 2018, pour reconstruire un des squats détruits par les forces de l'ordre. [CHARLY TRIBALLEAU / AFP] Les zadistes de Notre-Dame-des-Landes transportent une charpente, le 15 avril 2018, pour reconstruire un des squats détruits par les forces de l'ordre. [CHARLY TRIBALLEAU / AFP]

«Si on s'acharne à reconstruire, ils ne vont pas passer des mois à détruire» : sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, les milliers de personnes réunies dimanche en soutien aux occupants expulsés ont affirmé leur détermination à rebâtir les habitats détruits et surtout à maintenir «l'utopie».

Loin d'être abattus par la mobilisation des forces de l'ordre depuis lundi et la destruction de 29 squats construits par les zadistes, les défenseurs de leur mode de vie se disaient dimanche plus déterminés que jamais à les soutenir et à venir recréer leurs lieux de vie, comme ils l'ont déjà fait en 2012 après l'opération César.

Un manifestant costumé en moine sur le site de la Zad de Notre-Dame-des-Landes, théâtre de heurts avec les forces de l'ordre, le 15 avril 2018   [CHARLY TRIBALLEAU / AFP]
Un manifestant costumé en moine sur le site de la Zad de Notre-Dame-des-Landes, théâtre de heurts avec les forces de l'ordre, le 15 avril 2018[CHARLY TRIBALLEAU / AFP]

«Il y a une chose incontestable : les gens tiennent absolument à ce qu'on ne fasse pas table rase de l'utopie, du rêve qui s'est créé ici», constate Marcel Thébault, un agriculteur «historique» à Notre-Dame-des-Landes, qui salue la «mobilisation formidable en dépit de tous les blocages».

Comme un premier symbole de cette reconstruction, les manifestants ont transporté sur les chemins boueux la charpente du futur «Gourbi», l'un des squats démantelés depuis lundi. Ce «lieu emblématique et collectif» pour les zadistes a déjà détruit quatre fois selon eux.

Jérémy, 37 ans, restaurateur, est là depuis trois jours. Il est venu de Rouen pour participer aux opérations de reconstruction et «défendre la ZAD coûte que coûte». «Ils ne vont pas passer des mois et des mois à détruire ce qu'on va reconstruire», dit-il.

Comme lui, des milliers de personnes toutes générations confondues, dont des familles, ont convergé sur le site dimanche pour affirmer leur solidarité. Là, ils ont sorti de terre les milliers de bâtons qui avaient été plantés lors d'une précédente mobilisation, en octobre 2016, avec déjà la promesse de venir les rechercher en cas d'expulsions.

«Macron n'a rien compris. Nous, on a gagné, tout le monde se retrouve, la convergence des luttes, c'est ici. Il y a une solidarité encore plus forte qui est en train de se créer» sur la ZAD, affirme Christine, bottes fleuries aux pieds et masque à gaz autour du cou.

Tout autour de la ferme de Bellevue, des dizaines de familles ou groupes d'amis profitent d'une accalmie pour pique-niquer, sur un tracteur ou sur des rondins de bois, pendant que certains improvisent un morceau de harpe ou de biniou.

«Ils n'en ont pas fini avec la ZAD»

Jean-Marc, 53 ans, arboriculteur à Saint-Brieuc, est désormais «engagé sur du long terme» aux côtés des zadistes pour «laisser les jeunes rêver. Là, on leur a retiré la possibilité de faire les choses autrement».

À l'automne 2012, une précédente manifestation de réoccupation après des expulsions, lors de la dernière grosse tentative d'évacuation de la ZAD, baptisée opération César, «les gendarmes n'étaient pas là. Donc on a reconstruit, point», souligne Marcel Thébault. «Aujourd'hui, on atteint un niveau de crispation et de confusion inégalé», poursuit-il.

Certains manifestants notent aussi une «acceptation très large» pour défendre de manière «offensive» toutes les cabanes, contrairement à 2012.

«On connaît la vie qui s'est formée ici, on a eu l'occasion de faire des randonnées, des fêtes ici. C'est devenu une partie de la vie locale et, tout à coup, on se retrouve avec une invasion militaire, dans un état de guerre», regrette Sedi, ingénieur de 41 ans, qui habite la région nantaise.

«N'en déplaise au gouvernement, on y arrivera. Ils n'en ont pas fini avec la ZAD», promet Michel, l'un des occupants expulsés de la bergerie des «100 Noms».

Alors que l'hélicoptère de la gendarmerie continuait en fin d'après-midi à survoler la zone, les manifestants commençaient à mettre sur pied le «nouveau Gourbi», dans un champ, à quelques pas d'un face-à-face tendu entre zadistes et forces de l'ordre.

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