En direct
A suivre

Le gouvernement hausse le ton dans le conflit à Air France

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, à la sortie du Conseil des ministres, le 11 avril 2018 [LUDOVIC MARIN / AFP/Archives] Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, à la sortie du Conseil des ministres, le 11 avril 2018 [LUDOVIC MARIN / AFP/Archives]

À la veille d'un quatorzième jour de grève chez Air France, le gouvernement a averti dimanche que l'État ne viendrait pas à la rescousse de la compagnie, secouée par la démission de son PDG.

«L'État n'est pas là pour éponger les dettes, venir à la rescousse d'entreprises qui ne feraient pas les efforts nécessaires de compétitivité», a prévenu le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, dimanche.

Et d'asséner : «Ceux qui pensent que quoi qu'il arrive, l'État arrivera à la rescousse d'Air France et épongera les pertes d'Air France se trompent».

«Si Air France ne fait pas les efforts de compétitivité nécessaires, qui permettront à ce fleuron national d'être au même niveau que Lufthansa ou que d'autres compagnies aériennes mondiales, Air France disparaîtra», a-t-il averti sur BFMTV.

La compagnie, dans le rouge au premier trimestre, fait face à la concurrence féroce des transporteurs à bas coût, mais aussi des pavillons du Golfe et des autres grands noms européens.

L'État français contrôle 14% d'Air France-KLM, ce qui n'en fait qu'un «actionnaire minoritaire», a pris soin de rappeler Bruno Le Maire. De leur côté, Delta Airlines ou China Eastern détiennent chacun 8,8% du capital.

«Les 14% que l'État a dans le capital d'Air France, c'est l'argent des Français. Comme ministre de l'Économie, je suis comptable du bon emploi de l'argent des Francais», a mis en garde le patron de Bercy.

Avions Air France alignés sur le tarmac de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, le 24 avril 2018 [STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives]
Avions Air France alignés sur le tarmac de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, le 24 avril 2018[STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives]

La compagnie aérienne s'apprête à connaître lundi la quatorzième journée de grève d'un conflit social qui dure depuis deux mois et demi, et qui a pris une tournure spectaculaire vendredi.

Le PDG Jean-Marc Janaillac a en effet annoncé sa démission après le rejet par le personnel de sa proposition de sortie de crise. Lors d'une consultation marquée par une participation massive (80% des effectifs), les salariés d'Air France ont dit «non» à 55,44% à son projet.

La direction proposait, pour la période 2018-2021, «des augmentations générales de salaire de 7% sur quatre ans, s'ajoutant aux augmentations individuelles», dont le versement aurait été lié aux résultats financiers.

Un pilote d'Air France portant une insigne "en grève", le 24 avril 2018 à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle [STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives]

Un pilote d'Air France portant une insigne «en grève», le 24 avril 2018 à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle[STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives]

«Prenez vos responsabilités»

Les dix organisations de pilotes, d'hôtesses et de stewards et de membres du personnel au sol qui composent l'intersyndicale réclament 5,1% d'augmentation en 2018, au titre d'un «rattrapage» nécessaire après six ans de gel des grilles salariales.

Cette même intersyndicale a décidé de maintenir son préavis de grève pour lundi et mardi. Air France prévoit toutefois d'assurer «près de 85%» des vols lundi.

Il s'agit du taux d'annulation le plus bas depuis le début du mouvement pour les salaires en février, à égalité avec le 3 mai, journée marquée par une érosion de la mobilisation. Lundi, le taux prévisionnel de grévistes est de 14,2% côté pilotes, 18,1% pour les personnels navigants commerciaux (hôtesses, stewards, chefs de cabine) et 10% pour les personnels au sol, selon la direction.

À titre de comparaison, les pilotes étaient en grève à plus de 21% vendredi et à près de 19% le 3 mai. En février, mars et avril, leur participation avait oscillé entre 27% et 36%.

Air France a déploré la poursuite du mouvement, «alors même que la période qui s'ouvre ne permet pas d'engager une quelconque négociation pour y mettre fin».

«J'en appelle au sens des responsabilités de chacun, des personnels navigants, des personnels au sol, des pilotes qui demandent des augmentations de salaires qui sont injustifiées : "prenez vos responsabilités, la survie d'Air France est en jeu"», a insisté Bruno Le Maire.

«Quand on a le niveau de rémunération actuel des pilotes, que l'on sait que l'entreprise est en danger, on ne demande pas des revendications salariales aussi élevées», a-t-il ajouté.

En attendant de trouver son remplaçant, le conseil d'administration d'Air France a demandé samedi à Jean-Marc Janaillac d'assurer ses fonctions jusqu'au 15 mai, date à laquelle «une solution de gouvernance de transition» sera mise en place.

Bruno Le Maire a estimé que «la feuille de route du prochain président (était) claire : le rétablissement du dialogue social comme priorité absolue, et en deuxième lieu le rétablissement de la compétitivité».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités