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Gérard Collomb : «Toutes les forces sont mobilisées et aptes à agir»

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, répond à CNEWS après l'attaque au couteau, survenue le 12 mai 2018, à Paris. [N. Revelli-Beaumont / Sipa pour CNEWS].

Après l’attaque survenue dans la soirée du samedi 12 mai, Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur et numéro deux du gouvernement, entend rester ferme face à la menace.

Alors qu’un nouvel attentat vient de se produire samedi soir, estimez-vous que les Français soient bien protégés contre le terrorisme ?

Je voudrais d’abord dire combien cet attentat au cœur même de Paris, la mort d’un jeune homme de 29 ans, nous a touchés. Il rappelle à chacun combien le niveau de la menace reste élevé.

Il l’est d’autant plus que cette menace a changé de nature. Hier venue de l’extérieur, elle est aujourd’hui le fait d’individus vivant sur notre territoire et qui peuvent se radicaliser à bas bruit et passer soudain à l’acte.

Pour faire face à ce phénomène, la réponse du Gouvernement est de resserrer sans cesse la surveillance des personnes signalées. C’est pour cela que nous avons très fortement renforcé nos services de renseignement. En 2018, le budget de la DGSI a ainsi augmenté de + 17% - c’est un effort important. Dans les cinq ans à venir, nous allons recruter 1.900 agents pour renforcer les services de renseignement.

«Tout est mis en oeuvre pour protéger les Français»

 

Et c’est en fait nos 250.000 policiers et gendarmes qui sont aujourd’hui des capteurs pour déceler les «signaux faibles» indiquant la possible radicalisation d’un individu. Tout est donc mis en œuvre pour protéger les Français.

L’assaillant, fiché S, était considéré comme une «menace faible». Un profil similaire à celui de l’auteur de l’attentat de Trèbes (Aude). Faut-il revoir les critères de surveillance des fichés S quitte à les durcir drastiquement ?

Il faut bien savoir ce qu’est une fiche S. Il s’agit d’un outil de renseignement, qui permet à nos services de suivre des personnes ou leur entourage pour des raisons extrêmement diverses, et pour donner aux policiers la conduite à suivre lors d’un passage de frontière ou d’un contrôle de police.

Certaines voix, à droite et à l'extrême-droite, s'interrogent sur l'utilité de ce fichier. Marine Le Pen (FN) se demande ainsi «à quoi peut bien servir cette fiche S si on ne s’en sert pas ?» et Laurent Wauquiez (LR) a quant-à-lui affirmé que «dans la guerre contre le terrorisme, les mots ne suffisent pas, il faut des actes ».

Je crois que sur un sujet aussi grave, il est peu responsable d’attiser les divisions, les passions en tenant des propos démagogiques.

«Les fiches S servent toutes les semaines à empêcher des attentats»

 

Les fiches S servent toutes les semaines à démanteler des réseaux, à empêcher des attentats. Et je rappelle que 22 ont été déjoués depuis quinze mois. Cela, ce ne sont pas des mots, mais des actes.

En matière de terrorisme, personne ne peut dire qu’il pourrait exister un risque zéro. Dans les temps récents, des pays aussi différents l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis ont hélas, eux aussi, connu des attaques quels que soient leurs types de législation ou leur organisation en matière de sécurité.

Vous avez présidé, au lendemain de l'attaque, une réunion d’état-major. Avez-vous décidé de la mise en place de mesures concrètes pour mieux protéger vos citoyens et si, oui, lesquelles ? 

J’ai voulu, au lendemain de cet attentat, rappeler à tous les services du Ministère  – police, gendarmerie, renseignement – que la lutte contre le terrorisme est notre priorité et leur ai demandé de renforcer encore leur coopération, l’échange permanent qu’il convient d’avoir sur toutes les informations.

Cet attentat s’est produit en plein cœur de la capitale, dans un quartier très prisé des touristes. Alors que la haute saison touristique doit bientôt s’ouvrir, envisagez-vous des actions à l’attention des visiteurs ? Et que pouvez-vous dire (ou faire) pour rassurer les professionnels du secteur ?

Nous sommes en effet à la veille de la saison touristique. C’est pourquoi une grande partie des forces de l’ordre sera déployée pour protéger les sites touristiques sensibles, les grands événements de manière à assurer une sécurité maximale. Aux Français sur le lieu de vacances. Et à celles et ceux, visiteurs étrangers, qui viendront pendant les prochains mois, passer un séjour dans notre pays.

Dès aujourd’hui d’ailleurs, est organisé au Ministère, une réunion de l’ensemble des préfets de zones prévue depuis plusieurs semaines autour de la lutte contre la menace terroriste et pour que l’ensemble des préfets redoublent de vigilance et organisent avec les professionnels du secteur la préparation de la saison touristique. 

Il s’agit de la deuxième attaque terroriste islamiste, sept mois après l’adoption de la nouvelle loi antiterroriste. Cette loi est-elle réellement efficace ? Dans le contexte actuel, envisagez-vous éventuellement de l’ajuster, et, si oui, sur quels critères ?

Nous étions sous l’état d’urgence quand se sont produits les attentats de Nice et de Marseille. Et pourtant, ils ont eu lieu. C’est parce que j’avais conscience de la gravité de la menace que j’ai proposé cette loi antiterroriste.

Elle ne diminue en rien le niveau de protection, bien au contraire. Et je rappelle qu’à l’époque, elle a suscité bien des critiques de la part de ceux qui m’accusaient de tuer la liberté.

Et pourtant, c’est elle qui aujourd’hui permet de prendre des mesures essentielles pour la sécurité des Français : périmètres de protection pour les grands événements, fermeture des lieux de culte radicaux – et nous avons encore récemment fermé une mosquée dans laquelle étaient diffusés des discours de haine dans les Bouches du Rhône, mesures de surveillance et visites aux domiciles des individus soupçonnés de pouvoir adhérer à des thèses terroristes ou susceptibles de commettre des actes.

Ces dispositions sont opérationnelles et très concrètes. Nous les mettons en œuvre avec détermination mais dans le respect de l’Etat de droit.

Quel état des lieux dressez-vous de la radicalisation, aujourd’hui, en France ? et qu’est-ce que vous comptez faire à l’avenir pour endiguer ce fléau ?

La prévention de la radicalisation est au centre des priorités gouvernementales. Le Premier Ministre a d’ailleurs lancé le 23 février dernier à Lille un plan national de prévention de la radicalisation.

Plus de 60 mesures ont été annoncées pour améliorer la détection et la prise en charge des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation. Certaines sont nationales, annoncées par exemple par le Ministère de la Justice. D’autres prises par les préfets au niveau local pour être les plus adaptées à la réalité de la radicalisation sur leur territoire.

Tout le monde salue, à juste titre, l’intervention rapide des forces de l’ordre durant l’attaque. Est-ce ici la traduction concrète d’une intervention en moins de 20 minutes voulue en son temps par Bernard Cazeneuve et peut-on espérer que cela soit toujours le cas ?

Ce que montre l’intervention rapide de la police, en l’occurrence de jeunes gardiens de la paix de la Préfecture de Police de Paris, c’est qu’aujourd’hui, toutes les forces sont mobilisées et aptes à réagir.

Le rôle des premiers intervenants est, nous le savons, essentiel. Ils nous l’ont encore montré hier, et je veux saluer leur courage et leur sang-froid.

Vous lancez, ce lundi 14 mai, une vaste campagne de recrutement de la police nationale. Dans quel but ? 

L’actualité témoigne du rôle indispensable de nos policiers. J’aimerais que chacun s’en souvienne et que personne en France, ne les désigne à l’avenir pour cibles. Oui, ils sont ces héros du quotidien qui permettent notre vie en commun.

Cette campagne va donc permettre, selon l’engagement pris par le chef de l’État, à recruter 10 000 policiers supplémentaires sur cinq ans. Elle sera double à la fois pour répondre aux besoins de l’Ile de France qui sont très importants et pour garantir un niveau de forces satisfaisant dans les régions.

Le  prochain concours aura lieu le 25 septembre et j’incite toutes celles et tous ceux qui ont le sens de l’engagement, qui seraient fiers de devenir policier, à s’y inscrire (sur le site devenirpolicier.fr).

Combien de nouveaux policiers voulez-vous former cette année ?

Entre l’objectif de créations de postes sur l’année 2018 et le besoin de compenser les départs en retraite, ce sont près de 8.000 personnes qui sont concernées au total, et cela à tous les niveaux.

Nous avons ainsi pour objectif de recruter cette année 3.300 gardiens de la paix, 2.000 adjoints de sécurité, 650 cadets de la République, 1.500 personnels administratifs, techniques et scientifiques, 70 officiers de police et 56 commissaires de police.

On voit que la sécurité est au cœur même des politiques que mène le Gouvernement. Là encore, ce ne sont pas des mots, mais ce sont des actes.

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