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Un chirurgien réussit une greffe de trachée, une première mondiale

Entre 2009 et 2017, le professeur Emmanuel Martinod et son équipe ont opéré onze patients. [CHRISTOPHE SIMON / AFP]

C'est une avancée considérable dans le monde de la médecine : un chirurgien français a découvert une méthode permettant de reconstruire la trachée de patients ayant subi une trachéotomie. 

Le professeur Emmanuel Martinod, chirurgien de l'hôpital Avicenne (Seine-Saint-Denis), a réussi là où un médecin italien avait échoué : ce dernier, le sulfureux professeur Paolo Macchiarini, avait mis au point une technique controversée, cultivant en laboratoire des trachées en plastique, partiellement développées à partir de cellules souches du patient. Mais entre 2011 et 2014, sept des huit personnes opérées sont décédées. L'état de santé de la huitième est inconnu. 

La nouvelle technique du professeur Martinod a été présentée ce dimanche 20 mai au congrès de la Société américaine de San Diego. Elle consiste à prélever des aortes (la plus grosse artère du corps humain) sur des donneurs décédés et cryogénisés, et de les transformer en trachée. Le tissu prélevé, ainsi qu'un «stent» (un tuteur vasculaire, prenant généralement la forme d'un tube métallique), étaient alors greffés dans le cou des patients. 

«Enfin vivre»

«On est allé de surprise en surprise», a expliqué le chirurgien français à l'AFP. «Et ensuite, ça, ç'a été la plus grosse surprise : [...] l'aorte s'est transformée en trachée, se mettant d'elle-même à assurer les fonctions respiratoires. Ce n'est pas de la magie», a-t-il ajouté. 

L'équipe du professeur Martinod a opéré onze patients, souffrant de lésions ou de cancers, entre 2009 et 2017. L'un d'entre eux, Eric Volery, est revenu sur cette opération qui lui a permis de retrouver une vie normale. «J'ai eu plusieurs opérations qui ont échoué», a raconté ce Marseillais de 40 ans, qui souffrait d'une sténose (rétrécissement de la trachée), au Parisien. La trachéotomie définitive, qui lui avait laissé un trou béant au milieu de la gorge, lui avait fait vivre un enfer. 

«Je vous mets au défi de vivre avec une trachéo. Vous ne pouvez pas parler, sauf en apnée, en appuyant dessus avec le doigt, pas travailler, pas vous baigner. Parfois, même se laver était impossible», s'est-il souvenu. Mais depuis l'intervention du professeur Martinod en 2011, le quadragénaire affirme aller «très bien», reconnaissant de pouvoir «enfin vivre». 

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