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Est-ce vraiment utile de porter un masque à l’extérieur ?

La question de l'utilité du masque à l'extérieur fait débat. [©DENIS CHARLET / AFP]

Face à la crainte d’une seconde vague, de nombreuses villes françaises ont décidé de rendre obligatoire le port du masque dans la rue, à l’image de Lille, Biarritz, Nice, et plus récemment Paris. Mais est-ce vraiment nécessaire ?

Si la communauté scientifique s’accorde à dire que l’obligation du port du masque en milieux clos est justifiée, celle d’en mettre un à l’extérieur en revanche, fait débat. Selon Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l’université de Genève, «le port du masque est utile, mais pas en toutes circonstances. Lorsque la densité de la population est moyenne ou faible, ce n’est pas nécessaire d’en porter, car il n’y a pas de risque accru».

«contreproductif»

«Si une personne marche sur le trottoir et que sur sa route, elle croise quelques passants, le risque de contamination reste très faible. Même si virus il y a, il sera totalement divisé dans l’atmosphère», explique-t-il. Quand la distance physique peut être respectée, que ce soit dans la rue, les plages ou encore les grands parcs, «je ne vois pas la pertinence scientifique de porter un masque de protection», insiste Antoine Flahault, avant d'ajouter que la réelle urgence, c'est de l'imposer «dans les open space, qui sont pour la grande majorité peu ventilés, et où il y a du monde».

Martin Blachier, médecin épidémiologiste à Paris, va même jusqu’à dire que le porter dans des lieux publics ouverts peut devenir «contreproductif». «En ne rendant pas le port du masque obligatoire à l’extérieur, on encourage les gens à organiser des fêtes de famille ou des repas entre amis dehors, où le risque de contamination est moins élevé. A l’inverse, en l’imposant, les gens vont se rassembler dans des endroits où on ne voit pas s’ils portent le masque ou pas, probablement dans des lieux privés, où le risque de cluster est plus important», détaille-t-il.

Les deux épidémiologistes précisent également que, pour l’heure, aucun cluster extérieur n’a été rapporté. C’est pourquoi «l’obligation de porter un masque dans les lieux extérieurs est davantage un principe de précaution», estime Martin Blachier, précisant qu’«on ne peut pas blâmer les préfets qui prennent cette décision. Ils ne sont pas en capacité de vérifier eux-mêmes par des données scientifiques s’il faut l’imposer ou pas, donc par mesure de précaution, ils le font».

«la règle partout, sans exception»

Un avis que ne partage pas Catherine Hill, épidémiologiste à l'institut Gustave Roussy à Villejuif. La spécialiste affirme de son côté que le port du masque à l’extérieur devrait se généraliser dans toutes les villes de l’Hexagone.

«Même si on se trouve à un endroit où il n’y a personne, au coin de la rue, il peut y avoir un attroupement», explique-t-elle. Sans compter que chaque ville à ses spécificités en termes de port du masque (dans la rue, les marchés, certains lieux…), «et tout cela devient trop compliqué, selon l’épidémiologiste. Il faut que le port du masque soit la règle partout, sans exception, sinon on est perdu.»

D’autre part, le fait de rendre obligatoire le port du masque à l’extérieur incite davantage de personnes à le garder dans les lieux clos, où il est obligatoire, mais pas toujours respecté. «Qui peut le plus, peut le moins. Si les Français sortent systématiquement masqués, poursuit-elle, la question de le mettre ou pas dans les milieux clos ne se posera même pas, puisqu’ils l’auront déjà».

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