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Bizutage dans l'armée : ligoté sous les tirs d'avions de chasse, un pilote porte plainte

Après son bizutage, le jeune pilote dit avoir demandé, en vain, à changer d'affectation.[CLEMENT MAHOUDEAU / AFP]

Deux ans après les faits, ce jeune militaire est toujours «hanté» par cette expérience, selon son avocat. En mai 2019, il dit avoir été victime d'un violent bizutage lors duquel il a été ligoté et exposé aux tirs réels d'avions de chasse.

Il s'agissait alors de son premier poste dans l'armée de l'air, après sa formation. Affecté à Orange (Vaucluse), il accuse certains de ses collègues de l'avoir emmené sur la base aérienne de Solenzara, en Corse, «pour le bizuter exprès».

Selon son avocat, Me Frédéric Berna, le jeune homme a été aveuglé à l'aide d'un sac sur sa tête, ligoté puis jeté à l'arrière d'un pick-up, lancé à vive allure sur les routes accidentées de Corse. Arrivés sur la base aérienne, ses collègues l'ont attaché à un poteau, à proximité des avions de chasse qui effectuaient des tirs réels. Vingt minutes d'angoisse, dans «un bruit effrayant et impressionnant», accompagné de tirs simulés dans sa direction.

Le jeune homme, aujourd'hui âgé de 27 ans, a déposé plainte auprès du tribunal de Marseille, pour «violences volontaires avec arme, en réunion, par des militaires, avec préméditation, mise en danger de la vie d'autrui et harcèlement moral».

«Dans l'armée, on ne dénonce rien»

Evoquant des complicités «évidentes» sur les bases de Solenzara et d'Orange, Me Berna dénonce «des pratiques régulières de bizutages humiliants voire violents» au sein de l'armée de l'air. Il souligne en outre que, dans ce cas-là, les mis en cause ont «utilisé du matériel militaire, des avions», ce qui «coûte une fortune».

Il indique que son client «un peu sidéré» après les faits, a tenté de poursuivre sa carrière «mais en fait, il était très très mal». Selon La Provence, qui a révélé l'affaire, le jeune militaire aurait également demandé une nouvelle affectation, sans pouvoir l'obtenir. Il a donc décidé de porter plainte, même s'il s'est «rapidement rendu compte que dans l'armée, on ne dénonce rien», déclare Me Berna.

De son côté, le colonel Stéphane Spet, porte-parole de l'armée de l'air, assure que les responsables ont déjà été soumis à «des sanctions fermes», dont il ne précise pas la nature. Selon lui, une «enquête de commandement» a été diligentée par le chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace afin de «faire toute la lumière sur les faits portés à sa connaissance» et l'institution «se tient à disposition de la justice».

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