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Féminicide de Mérignac : ces questions auxquelles la mission d'instruction devra répondre

Le meurtre de Chahinez par son conjoint a bouleversé Mérignac. [Mehdi Fedouach / AFP ]

Comment Chahinez, 31 ans, a-t-elle pu être brûlée vive par son mari alors qu'il avait interdiction de l'approcher ? La mission d'inspection du gouvernement devrait apporter ce 11 mai quelques éléments de réponse.

Lancée par les ministères de la Justice et de l'Intérieur, elle est supposée faire la lumière sur la mort de Chahinez ce 4 mai à Mérignac (Gironde). Beaucoup d'associations considèrent ce féminicide - le 39ème depuis le début de l'année - comme révélateur des dysfonctionnements de la justice.

Mounir B., le mari et assassin de Chahinez, avait en effet déjà été condamné pour violences conjugales. Il lui était interdit d'entrer en contact avec la jeune mère de famille. Pour autant, il a guetté toute la journée la sortie de son domicile, lui a tiré dans les jambes et l'a aspergée de liquide inflammable avant de la brûler vive. Mounir B. a été interpellé et placé en garde à vue. Ce maçon de 44 ans a déclaré qu'il était persuadé que Chahinez avait un amant et qu'il ne voulait pas la tuer. Juste la brûler un peu pour «la punir». La mort de Chahinez aurait-elle pu être évitée ? Voici toutes les questions que la mission d'inspection devra trancher. 

Mounir B. a-t-il été suffisamment surveillé à sa sortie de prison ? 

Mounir B. avait déjà été condamné à six reprises (violences avec usage d'armes, conduite en état d'ivresse...) lorsqu'il s'est rendu au tribunal en juin 2020. Il était alors accusé de violences conjugales sur son épouse, Chahinez. 

Le quadragénaire a été condamné à 18 mois de prison dont 9 avec sursis et mandat de dépôt à l'audience pour «violences volontaires par conjoint» en récidive. Libéré en décembre 2020, il était depuis suivi par le service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) de Gironde. Il s'est rendu aux convocations du conseiller d'insertion et de probation, mais il a continué de voir Chahinez. Il avait pourtant interdiction d'entrer en contact avec elle. 

Une situation d'autant plus dangereuse que Chahinez ne disposait pas de téléphone grave danger, qui permet aux femmes menacées par leur conjoint de contacter très rapidement un service d'assistance. Quant à Mounir B., il ne portait pas de bracelet antirapprochement, un dispositif «pas effectif» à l'époque, justifie le parquet. 

comment mounir b. pouvait-il être détenteur d'une arme à feu ?

Avant de brûler sa femme, Mounir B. lui a tiré plusieurs fois dans les jambes. Il a été arrêté en possession «d'un fusil de calibre 12, d'un pistolet à gaz et d'une ceinture de cartouches», selon le parquet. Des armes qu'il a indiqué avoir trouvées auprès de «clandestins croisés en ville». 

Pourtant, l'homme n'était pas censé être en possession d'un tel matériel. Il avait déjà été condamné pour violences avec usage d'armes. Le ministère de l'Intérieur avait par ailleurs annoncé en février avoir demandé aux préfets de «systématiquement saisir les armes des conjoints violents dès la plainte». Depuis août 2020, les officiers de police peuvent également saisir les armes des personnes soupçonnées d'être violentes, sans attendre l'instruction du parquet. Chahinez ayant déposé plainte contre son mari le 16 mars 2021, les armes de Mounir B. auraient dû - normalement - être saisies. A moins que Chahinez n'ait pas signalé, ou n'était pas au courant, que son époux était en possession d'armes à feu. 

La plainte déposée par Chahinez le 16 mars a-t-elle été prise au sérieux ? 

Chahinez a porté plainte le 16 mars contre son époux au commissariat de Mérignac. Il l'avait agressée dans la matinée, alors qu'il avait interdiction d'entrer en contact avec elle depuis sa condamnation pour violences conjugales en 2020. L'homme purgeait une peine de prison avec sursis : la plainte de Chahinez aurait donc pu le renvoyer derrière les barreaux. Mais il n'a pas été arrêté.

Recherché par la police, il était «introuvable», selon le parquet. La mission d'inspection doit à présent lever le doute : Mounir B. s'était-il bel et bien volatilisé, ou la plainte de Chahinez a-t-elle été prise à la légère ?

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