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Fermeture de lits, manque d’effectifs… La situation des hôpitaux franciliens jugée «catastrophique»

Photo prise le 22 juillet 2021, à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil (94). Le 22 juillet 2021, à l'hôpital Henri-Mondor (AP-HP) de Créteil (94). [© ALAIN JOCARD / AFP]

«La situation à l'hôpital en ce moment est catastrophique» et ce, plus particulièrement «dans la région parisienne», s'est récemment exprimé Rémi Salomon, le président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris), qui lance un «cri d'alarme».

Une situation dramatique qui ne «date pas d'hier» selon Rémi Salomon, qui a estimé vendredi 12 novembre sur la matinale de FranceInfo qu'elle «est la conséquence d'une politique qui a été menée [depuis plusieurs années] où les moyens donnés à l'hôpital se font uniquement sur des critères budgétaires». C'est-à-dire, selon lui, «qu'on fixe le budget de l'hôpital sans tenir compte des vrais besoins».

«Aujourd'hui, ce qui ne va pas c'est qu'on manque de personnels [....] d'où le manque de lits disponibles», a-t-il expliqué, ajoutant que le «manque de médecins» mais surtout «d'infirmiers dans la région» était particulièrement important. A tel point que les conséquences pour les patients pouvaient être très lourdes : avec «des opérations pourtant jugées urgentes [qui] peuvent être reportées à 2/3 jours» ou encore «des personnes qui attendent parfois 24 heures aux urgences avant d'être reçues».

Une tribune pour alerter l'opinion publique

Un avis partagé par nombre de ses collègues, alors qu'une grande partie des représentants des hôpitaux de l'AP-HP mais aussi de toute l'Île-de-France ont signé une tribune dans Le Monde cette semaine pour faire part de leur inquiétude au sujet de l'avenir des hôpitaux dans la région et dans tout le pays. «Et les faits sont là», écrivent-ils, soulignant que «tous les établissements de santé, publics et privés, sont concernés».

Ensemble, ils déplorent la «longueur excessive des délais de rendez-vous», les «attentes prolongées sur des brancards aux urgences», les «interventions chirurgicales reportées» ou encore le «transferts de patients, y compris d’enfants, d’un hôpital à l’autre parfois loin de chez eux». Autant de pratiques courantes en ce moment dans les établissements franciliens qu'ils jugent «inacceptables».

Et si les équipes hospitalières sont «capables de s'organiser» dans les temps difficiles, comme cela a été «fait pendant le Covid de façon tout à fait extraordinaire» selon le président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP, ce dernier témoigne que «la crise de l’hôpital a commencé bien avant celle du Covid-19, qui n’en a été que le révélateur et n’a fait que l’amplifier».

«La situation reste d'ailleurs préoccupante», peut-on lire dans la tribune co-signée par plus d'une centaine de membres de la Conférence des présidents de commission médicale d’établissement (CME) en Île-de-France, qui font savoir que «c’est désormais en temps "ordinaire"», hors Covid donc, qu'ils n'ont «plus assez de lits par manque de personnel». 

30 % de lits fermés aux urgences neuro-vasculaires

A titre d'exemple concret, Rémi Salomon cite la réalité dans les urgences neuro-vasculaires à Paris et en région parisienne aujourd'hui. Alors qu'il existe selon lui «des traitements extrêmement efficaces» pour sauver les personnes atteintes d'un accident cardio-vasculaire, à condition que ces derniers soient réalisés «dans l'urgence», certains de ces traitements prennent plus de temps que prévu à cause du manque de lits.

«Aujourd'hui à Paris, 30 % des lits dans les urgences neuro-vasculaires sont fermés faute de personnel», regrette celui qui explique qu'à cause de cela, les urgentistes tels que les pompiers ou le Samu perdent du temps avant de trouver une place disponible. «Cela veut dire que quand vous avez un accident cardio-vasculaire, vous avez une perte de chance réelle» de vous en sortir, confie le président de la CME de l'AP-HP.

Et pour relancer le bon fonctionnement des hôpitaux franciliens, «un véritable choc d’attractivité est nécessaire», communiquent les médecins, qui évoquent 3 «mesures urgentes». Parmi elles, «la revalorisation des rémunérations», en ce qui concerne «le travail la nuit, le week-end et les jours fériés pour assurer la permanence des soins», «la garantie de travailler dans de bonnes conditions» avec «la perspective d’effectifs suffisants» et enfin, le «renforcement de la formation pratique des soignants».

Pour cela, les hôpitaux ont besoin d'argent, avoue Rémi Salomon, qui répond que «oui, il y a eu beaucoup d'argent injecté», notamment pendant la crise sanitaire, mais que le «retard» pris est «tellement» important qu'il nécessite de «mettre plus d'argent encore». Une situation dramatique au quotidien dans la région mais qui est selon lui «également très inquiétante dans d'autres régions» françaises.

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