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L’édito de Yoann Usai : «La campagne présidentielle n'intéresse pas les Français»

Dans son édito de ce mardi 15 février, Yoann Usai, journaliste politique de CNEWS, revient sur le désintérêt des Français pour la prochaine élection présidentielle.

Cette campagne électorale n’accroche pas. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord la faiblesse du casting. Peu de candidats ont l’expérience gouvernementale. Il y a peu d’hommes ou de femmes d’Etat, qui incarnent véritablement une pensée, une philosophie politique.  

Ensuite et c’est sans doute le plus problématique, beaucoup de candidats se sont trompés d’élection ou plutôt détournent l’élection. 

À gauche on n’est pas candidat pour gagner l’élection présidentielle, on se déchire, on se dispute le leadership à l’issue de l’élection… Qui arrivera en tête de son camp ? Autrement dit, qui aura la plus grosse miette ? Le premier tour servira en quelque sorte de congrès. Est-ce le rôle d’une présidentielle ? Ça contribue à abaisser le niveau.

C’est la même chose pour Éric Zemmour d’ailleurs, il n’est pas candidat pour gagner il sait bien que c’est impossible. Il se rêve en leader de l’union des droites après 2022. Voilà pourquoi il ne cherche pas à rassembler, voilà pourquoi il s’adresse uniquement à la frange la plus radicale de la droite en réduisant le débat principalement à l’immigration et à l’identité alors qu’une majorité de Français estiment que ce ne sont pas les thèmes les plus importants. Une partie des Français se sentent exclus de ces débats. 

Tour cela donne le sentiment aux Français que le choix est restreint et que l’élection est déjà jouée, une très large majorité prédit déjà la réélection d’Emmanuel Macron.

Il y a donc une élection qui a perdu une partie de son sens et il y a aussi un manque de sérieux inédit.  Le manque de sérieux des socialistes dans cette élection est presque une offense pour les électeurs et donc pour les Français. Anne Hidalgo et Christine Taubira donnent l’impression d’avoir complètement improvisé leur candidature. D’ailleurs, ça n’est pas qu’une impression il n’y a qu’à voir Christine Taubira parler du logement pour comprendre que oui sa candidature est improvisée. Les socialistes ont passé les cinq dernières années à se déchirer, plutôt qu’à travailler et ça se voit.

A droite c’est différent, Valérie Pécresse a travaillé, elle s’est préparée mais Valérie Pécresse est en panique. Elle ne tient plus le cap. Ce ne sont plus ses idées qu’elle défend dans cette campagne, ce n’est pas sa vision de la France qu’elle défend, c’est la vision de l’aile droite de son parti. Ça explique le fait qu’on l’a senti si mal à l’aise dimanche lors de son meeting, ça explique sans doute le manque de sincérité également ressenti.  Elle avait quitté LR en raison de sa dérive droitière, la voilà aujourd’hui qui parle du grand remplacement et des Français de papier pour essayer d’éviter la fuite des électeurs vers Eric Zemmour et Marine Le Pen. Elle est en fait prisonnière d’une candidature qui n’est pas la sienne, les Français le ressentent évidemment et les électeurs sont déboussolés. 

Macron prive les Français d’un vrai débat. En refusant de descendre dans l’arène. Il ne veut pas parler de son bilan, il ne présente toujours pas son projet. Il veut une campagne éclair mais comment débattre de tous les problèmes qui concernent la France en cinquante ou même peut être quarante jours seulement. Ce n’est ni sérieux ni responsable dans la situation actuelle.  

Tourtes ces raisons font que les Français ne s’intéressent pas vraiment à cette élection. A cinquante-quatre jours du premier tour c’est inquiétant parce que si les questions importantes ne sont pas tranchées lors ton cette élection, le risque c’est que la contestation se fasse dans la rue. 

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