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Les transsexuels suédois ne seront plus stérilisés

Love Elfvelin (G), transsexuel, et Nova Colliander, transsexuelle, sont pris en photo dans les locaux de la Fédération nationale pour les droits des homosexuels, bisexuels et transsexuels à Stockholm, le 6 février 2013 Love Elfvelin (G), transsexuel, et Nova Colliander, transsexuelle, sont pris en photo dans les locaux de la Fédération nationale pour les droits des homosexuels, bisexuels et transsexuels à Stockholm, le 6 février 2013 [Jonathan Nackstrand / AFP]

Les transsexuels suédois, après avoir obtenu l'abolition de la stérilisation lors des changements de sexe, veulent maintenant obtenir des réparations financières et avoir des enfants.

"La belle Suède, ses jolies maisons en bois rouge et blanc mais... la stérilisation forcée des transsexuels jusqu'en 2013!", ironise Nova Colliander, transsexuelle de 31 ans.

La justice suédoise a aboli le 10 janvier une loi de 1972 qui obligeait tout transsexuel à subir une opération de stérilisation irréversible pour pouvoir changer son état civil.

La législation doit changer le 1er juillet, conformément à un projet de loi que vient de déposer le gouvernement, soutenu par l'Agence nationale de la Santé publique et des Affaires sociales."Nous pensons que la stérilisation forcée va à l'encontre des droits de l'Homme, comme l'a affirmé la Cour européenne des droits de l'homme", explique une juriste de l'Agence, Linda Almqvist.

"En outre, on ne peut pas penser automatiquement que les transsexuels seraient de moins bons parents", souligne-t-elle.

Jusqu'en janvier, "nous n'avions pas le droit de devenir parent, nous n'avions pas le droit de congeler l'un ses ovules ou l'autre ses spermes", déplore Love Elfvelin, un transsexuel de 22 ans.

Nova Colliander, jeune transsexuelle, est prise en photo dans les locaux de la Fédération nationale pour les droits des homosexuels, bisexuels et transsexuels à Stockholm, le 6 février 2013 [Jonathan Nackstrand / AFP]
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Nova Colliander, jeune transsexuelle, est prise en photo dans les locaux de la Fédération nationale pour les droits des homosexuels, bisexuels et transsexuels à Stockholm, le 6 février 2013
 

"On veut avoir des enfants exactement comme les autres", explique Nova, dont les longs cheveux blond cendré sont les seuls signes apparents de féminité.

Selon la psychologue et chercheuse spécialisée dans les familles "arc-en-ciel" (homosexuelles, bissexuelles et transsexuelles), Karin Zetterqvist Nelson, "la relation entre l'enfant et un parent, chaleureux, ouvert, plein d'amour, est décisive pour l'enfant. Que le parent soit transsexuel ou homosexuel n'est pas décisif".

Née garçon, Nova a achevé sa "transition", la procédure de réattribution sexuelle, en 2010.

"La stérilisation était un prix inutile à payer mais si tu te montrais ambivalent, cela pouvait mettre fin à la procédure qui, elle, était une question de survie", dit-elle.

Mariée depuis le 1er décembre avec une personne dont elle ne veut pas dévoiler le sexe, Nova, qu'on "prend pour un mec" comme elle le confie elle-même, ne prévoit pas d'avoir d'enfants.

Love, lui, est en passe de modifier son état-civil pour qu'il corresponde à son apparence résolument masculine. Il est l'un des premiers en Suède à ne pas passer par la case stérilisation.

Confortablement installé dans un fauteuil les jambes écartées, il ressemble à n'importe quel jeune homme. Seule sa petite taille, dans un pays où peu d'hommes mesurent moins de 1,80 m, peut suggérer qu'il est né femme.

"Enceint" à trois reprises

Il se lance dans une nouvelle bataille, à l'issue incertaine: devenir parent. "Je pense que je vais pouvoir avoir des enfants biologiques", affirme-t-il, conscient que ce sera compliqué, notamment pour des raisons physiologiques.

Love Elfvelin, transsexuel, pose dans les locaux de la Fédération nationale pour les droits des homosexuels, bisexuels et transsexuels à Stockholm, le 6 février 2013 [Jonathan Nackstrand / AFP]
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Love Elfvelin, transsexuel, pose dans les locaux de la Fédération nationale pour les droits des homosexuels, bisexuels et transsexuels à Stockholm, le 6 février 2013
 

Contrairement à son idole, le transsexuel américain Thomas Beatie, enceint à trois reprises, il ne souhaite pas porter ses enfants.

La première étape sera donc le prélèvement de ses ovules. "Mais j'ai d'abord besoin d'arrêter de prendre de la testostérone. Personne ne sait combien de temps il faut que j'arrête et si mes ovules sont fertiles bien que je prenne de la testostérone depuis trois ans. On ne sait pas si ça va marcher".

Il souhaiterait à terme que la personne qui partage sa vie "porte leur enfant" comme une mère porteuse. L'enfant serait issu de ses ovocytes à lui et d'un don de sperme. Il s'agirait d'un accueil d'embryon, interdit en Suède aujourd'hui.

"On mise sur le fait qu'on va militer et changer la loi sur le don d'embryons!", conclut Love, déterminé.

En attendant, la Fédération nationale pour les droits des homosexuels, bisexuels et transsexuels (RFSL) milite désormais pour que les transsexuels stérilisés obtiennent réparation.

Le gouvernement refuse. "Entre les lignes, il dit qu'il n'a rien fait de mal", s'insurge Nova. "De cette manière il légitime la violence à laquelle nous sommes confrontés".

De 1972 à 2011, 865 personnes ont demandé légalement à changer de sexe, selon les statistiques officielles. Environ 500 l'ont fait.

"Comme le législateur ne prend pas l'initiative, nous nous concentrons sur une procédure judiciaire", explique Kerstin Burman, qui représente les quelque 135 transsexuels déterminés à porter plainte contre l'Etat suédois.

Entre 1935 et 1996, en vertu d'une loi eugéniste, 230.000 personnes ont été stérilisées pour des raisons d'"hygiène sociale et raciale", souvent dans le but d'éviter les maladies psychiatriques. Elles ont été indemnisées à hauteur de 175.000 couronnes (plus de 20.000 euros) par une loi de 1999.

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