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Ouganda : le président Museveni en passe d'être réelu

Le chef de l'Etat sortant d'Ouganda, Yoweri Museveni, lors d'une réunion électorale le 16 février 2016 à Kampala [Isaac Kasamani / AFP/Archives] Le chef de l'Etat sortant d'Ouganda, Yoweri Museveni, lors d'une réunion électorale le 16 février 2016 à Kampala [Isaac Kasamani / AFP/Archives]

Le chef de l'Etat sortant, Yoweri Museveni, était en passe d'être réélu, les résultats partiels le plaçant samedi largement en tête, avec plus de 61% des voix sur 83% des bureaux de vote dépouillés, devant son principal rival Kizza Besigye, placé sous surveillance policière.

La réélection de M. Museveni, 71 ans dont 30 passés au pouvoir, à un cinquième mandat de cinq ans, devrait être officialisée dans l'après-midi. Les résultats finaux sont attendus d'ici 16h00 locales (13h00 GMT). Avec 61,55% des voix, le président sortant devançait très nettement M. Besigye, qui recueillait 34,47% des suffrages exprimés, selon les résultats partiels publiés samedi en fin de matinée par la Commission électorale. L'opposition, qui accuse la Commission d'être partisane et de couvrir les fraudes commises par le régime, ne devrait pas reconnaître la victoire de M. Museveni.

La vraisemblable réélection de Yoweri Museveni était attendue. Les sondages lui prédisaient une victoire dès le premier tour, avec 51% des voix. Il s'était à chaque fois imposé au premier tour lors des quatre élections pluralistes précédentes, avec 75% des voix en 1996, 69% en 2001, 59% en 2006 et 68% en 2011.

Arrivé au pouvoir en 1986 - après avoir pris Kampala à la tête de son Armée de résistance nationale (NRA) et renversé l'autocrate Milton Obote, M. Museveni est encore très populaire dans les campagnes et bénéficie de la puissance financière et de l'expérience électorale de son parti, le Mouvement de résistance nationale (NRM).

Des policiers ougandais arrêtent un manifestant favorable à l'opposant Kizza Besigye, à Kampala le 19 février 2016 [CARL DE SOUZA / AFP]
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Des policiers ougandais arrêtent un manifestant favorable à l'opposant Kizza Besigye, à Kampala le 19 février 2016

Opposant historique et principal rival de M. Museveni, Kizza Besigye, 59 ans, jugeait que cette élection ne pouvait "pas être libre et équitable". Mais il estimait malgré tout être en mesure de l'emporter, quand bien même il avait été battu au premier tour lors des trois derniers scrutins. L'Ouganda, pays enclavé d'Afrique de l'Est dont la population est estimée à 37 millions d'habitants, n'a jamais connu d'alternance politique pacifique depuis son indépendance en 1962.

Le premier tour de l'élection présidentielle et des législatives a été particulièrement chaotique à Kampala, réputée acquise à l'opposition: de nombreux bureaux ont ouvert jeudi avec plusieurs heures de retards, provoquant des heurts entre électeurs en colère et forces de l'ordre. Ces retards ont été qualifiés d'"absolument inexcusables" par le chef de la mission d'observation du Commonwealth, l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo.

Si M. Museveni devrait donc être réélu, 19 de ses ministres, dont ceux de la Défense, Crispus Kiyonga, chargé de la médiation dans la crise au Burundi, et de la Justice, Fred Ruhindi, auraient perdu leur siège de député, selon les médias ougandais.

Le leader de l'opposition en Ouganda Kizza Besigye s'apprête à voter à Rukungiri, le 18 février 2016 [STRINGER / AFP]
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Le leader de l'opposition en Ouganda Kizza Besigye s'apprête à voter à Rukungiri, le 18 février 2016

Arrêté vendredi en début d'après-midi dans les locaux de son parti, le Forum pour le changement démocratique (FDC), Kizza Besigye a suivi de chez lui l'annonce samedi matin de ces résultats partiels. Il avait été reconduit à sa maison de Kampala en fin de soirée, sans avoir été inculpé. "Besigye est chez lui", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police, Patrick Onyango. Une forte présence policière entourait sa maison et il n'était pas libre de ses mouvements. "Nous le détiendrons jusqu'à ce que les résultats soient annoncés", a déclaré le chef de la police de la capitale, Andrew Felix Kaweesi, au quotidien d'Etat New Vision.

Le FDC a également affirmé sur son compte twitter que la police entourait ses locaux samedi matin. La police avait arrêté M. Besigye car elle l'accusait de vouloir publier ses propres résultats électoraux, ce qui est interdit. Cette arrestation avait provoqué quelques affrontements sporadiques vendredi après-midi entre forces de l'ordre lourdement armées, qui avaient utilisé grenades lacrymogènes et tirs, et partisans de l'opposition dans plusieurs quartiers de Kampala.

Le président sortant ougandais Yoweri Museveni dépose son bulletin de vote dans l'urne, dans un collège à Nswhere, quelque 230 kilomètres de Kampala, le 19 février 2016  [STRINGER / AFP]
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Le président sortant ougandais Yoweri Museveni dépose son bulletin de vote dans l'urne, dans un collège à Nswhere, quelque 230 kilomètres de Kampala, le 19 février 2016

Le calme était revenu vendredi en milieu d'après-midi et aucun débordement n'était rapporté samedi matin. "La situation sécuritaire est bonne", a assuré Patrick Onyango.

M. Besigye a déjà été arrêté trois fois cette semaine par la police, qui l'a à chaque fois laissé partir quelques heures plus tard. Il avait été interpellé lundi en tentant de faire campagne dans le centre de Kampala, puis jeudi alors qu'il se trouvait devant une maison où des membres du parti au pouvoir étaient selon lui en train de bourrer des urnes.

Les Etats-Unis ont estimé que le "harcèlement" dont a été l'objet M. Besigye et ses partisans "posait question sur la volonté de l'Ouganda de mener un processus d'élections transparent et crédible, sans intimidations".

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