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20 policiers retenus en otage par des villageois depuis une semaine

Barricades à My Duc Un axe partiellement bloqué pour restreindre la circulation à My Duc, près de Hanoï (Vietnam). [STR / AFP]

Des Vietnamiens retiennent une vingtaine de policiers en otage dans leur village de My Duc, près de Hanoï (Vietnam), depuis samedi dernier.

Ils protestent contre la confiscation de leurs terres par les autorités, qui tentent de réquisitionner plusieurs zones du village au profit de Viettel, une société de télécommunication détenue par l’armée.

S’approprier les terres des habitants permet à l’Etat d’y mener des opérations immobilières lucratives. La pratique est assez fréquente dans le pays, puisqu’au Vietnam, la terre est la propriété de l’Etat. Le gouvernement n’hésite donc pas à expulser les habitants, en échange d’une contrepartie souvent dérisoire. En revanche, il est inédit que les habitants trouvent le courage de se rebeller.

Prêts à mettre le feu aux otages

Dans la crainte d’une intervention policière, les habitants ont barricadé le village avec les moyens du bord : piles de bois, sacs de sable ou encore tas de briques bloquent ainsi les axes de déplacement du village et l’accès à certaines habitations ou points stratégiques.

Autre mesure de précaution, le bâtiment dans lequel sont retenus les otages a été précautionneusement préparé, et scrupuleusement arrosé d’une huile qui n’attend que l’éventuelle arrivée des forces de l’ordre pour flamber sous l’étincelle d’une allumette. « Nous sommes prêts si la police nous attaque », a témoigné une habitante.

Pour autant, les habitants affirment que leur action est pacifique. Ils ont notamment précisé que les otages étaient bien traités, recevant nourriture et vêtements propres. Ils ont également libéré quinze prisonniers parmi les trente-huit policiers et fonctionnaires locaux qui avaient été pris en otage (trois autres se sont échappés).

Peu de médias locaux ont osé exposer l’affaire, mais les réseaux sociaux se sont chargés de relayer l’histoire. Cette prise d’otage leur permet également de mettre au grand jour ces expropriations fréquentes, alors que le mécontentement monte depuis plusieurs années au Vietnam au sujet de l’accès à la terre. En 2012, un homme avait utilisé des armes artisanales pour tenter d’empêcher son expulsion. Blessant sept policiers, il avait été condamné à cinq ans d’emprisonnement, cristallisant les tensions. 

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