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Stéphane Bern : «Lady Di a transformé la monarchie britannique»

Stéphane Bern a rencontré la princesse Diana à plusieurs reprises.[PATRICK RIVIERE / AFP]

Le 31 août 1997, Lady Di perdait la vie dans un terrible accident de voiture. Vingt ans après, le spécialiste des têtes couronnées Stéphane Bern revient sur l'héritage de la princesse.

De ses fils William et Harry, à la reine Elizabeth II, en passant par Kate Middleton, la mort de Diana a en effet eu une influence majeure sur le visage actuel de la famille royale britannique.

Que faisiez-vous quand vous avez appris la mort de Lady Di ?

J’étais chez mon producteur Jean-Louis Remilleux, il m’a réveillé en pleine nuit pour m’annoncer la nouvelle, et mon téléphone n’a pas tardé à crépiter dans tous les sens. J’ai alors enchaîné interview sur interview et pris un hélicoptère pour rentrer à Paris et faire le journal de 20h.

Qu'avez-vous ressenti sur le moment ?

Au début, comme tout le monde, j'étais incrédule. Cette femme était une icône. Mais elle est morte de façon «banale». Et on ne se résout pas à la mort naturelle des figures emblématiques. Elles ne peuvent pas mourir comme nous, mais de façon exceptionnelle. Chaque fois qu’une princesse est frappée en pleine gloire et en pleine beauté, ça créé un traumatisme réel.

Vingt ans après sa mort, que reste-t-il de Diana ?

Il y a eu plusieurs périodes dans l’héritage de Diana. D’abord on a sanctifié Diana. De façon exagérée, on la parait de toutes les vertus, alors que c’était un être humain, avec ses faiblesses et ses forces. Ensuite, pendant dix ans, on l’a traitée très mal. Notamment à cause des témoignages de ses amants. Maintenant, on redistribue les cartes. On a pris un peu de hauteur et on se rend compte que Diana était une figure extraordinaire qui a apporté énormément à la monarchie, malgré ses faiblesses. Elle a fini par s’aimer dans le regard des autres. Malgré ses problèmes d’anorexie et de boulimie, et alors que son mariage n’a rien arrangé, bien au contraire, elle a fini par s’aider en aidant les autres. Vingt ans après il n’y a plus la «dianamania», mais il reste le souvenir d’une femme lumineuse dont l’héritage est porté par ses enfants, notamment à travers la fondation Duc et Duchesse de Cambridge, qui œuvre pour les orphelins en Afrique, les mines antipersonnel, etc.

Qu’a-t-elle apporté justement à la monarchie britannique ?

A sa mort, les gens ont pensé que la monarchie était morte, mais moi j’ai pressenti que, comme toujours, les Windsor allaient intégrer cet événement et rebondir. Comme l’a dit la Reine, «nous devons tirer les leçons de la mort de Diana». Et c’est ce qu’elle a fait. L’héritage de Diana c’est un regard de la monarchie qui est plus compassionnel, plus social, plus humaniste. La monarchie est descendue de son piédestal et s’est davantage préoccupé des gens, car Diana a aboli le fossé creusé entre la couronne et le peuple. On l’a vu lors des attentats qui ont touché l’Angleterre ou après l’incendie de la tour Grenfell à Londres : c’est la Reine qui s’est rendue au chevet des victimes.

Le seul bémol que j’apporterais, c’est qu’elle a transformé la monarchie en un star système. Avant, la famille royale était respectée à défaut d’être aimée. Aujourd’hui elle est adulée, mais au prix de la consommation permanente d’images people. On a besoin de tout savoir. Il y a un côté un peu victimes de leur propre popularité.

Kate n’a pas remplacé Diana dans le cœur des Britanniques

Ses fils, William et Harry, parlent de plus en plus d’elle. Ont-ils passé un cap ?

Oui, tout à fait. Ils ont fait tout le travail de deuil nécessaire et accepté que sa mort était quelque chose qu’ils avaient enfoui et dont ils répugnaient à parler. C’est quelque chose qui les a marqués. Ils étaient très réticents vis-à-vis de la presse, mais ils parlent désormais plus volontiers. Le plus bel héritage de Diana, c’est d’avoir donné à ses fils la chance d’être des hommes comme les autres, et de pouvoir parler normalement, autant que possible.

On compare souvent Kate à Diana. Est-elle une de ses «héritières» ?

Même si elle n’a pas remplacé Diana dans le cœur des Britanniques, elle est devenue cette image iconique de la princesse de conte de fée, dont on suit les modes, les coiffures, les bijoux… Mais Kate se comporte très différemment de Diana, car elle n’a pas été élevée dans le sérail royal. Elle essaye d’être parfaite en tout point, elle l’est d’ailleurs, mais elle s’est coulée dans le moule. Diana, elle, de par son rang, pouvait se permettre quelques impertinences, d’être plus rock’n’roll.

Harry n’est-il pas celui qui a véritablement remplacé Diana dans le cœur des Anglais ?

C’est sans doute celui qui ressemble le plus à sa mère. Autant par son caractère, que par son action. De plus, n’ayant pas le poids de la couronne sur les épaules, il est beaucoup plus libre dans sa vie. Mais chaque membre se dispute le rôle de chouchou des Anglais. Même la Reine a une cote de popularité qui était insoupçonnable il y a vingt ans.

Je l’ai vue quelques jours avant sa mort

Vous avez écrit un documentaire sur Lady Di pour France 2 (diffusé le 27 août). Pouvez-vous nous en dire plus sur son contenu ?

L’idée c’était de raconter l’héritage, et de quelle manière elle a transformée la monarchie britannique. Ce n’était pas de revenir comme d’autres sur ses derniers jours, sur sa mort, ou sur l’enquête. Ce qui, selon moi, était intéressant, c’était de voir comment est vécu l’héritage de Diana et comment ses fils ont repris le flambeau.

Vous l’avez rencontrée plusieurs fois. Quels souvenirs en avez-vous ?

Je l’ai vue plusieurs fois, et à chaque fois j’étais subjugué. Elle était magnifique, évidemment, mais plus que ça, elle était lumineuse, avait une lumière intérieure. Ma première rencontre avec elle a eu lieu à l’Elysée, en 1988. Je devais être le plus jeune de l’assistance, donc elle m’a interpellé pour connaître les endroits où sortir à Paris pour faire la fête. J’étais, me semble-t-il, le moins à même de pouvoir lui donner des adresses, mais surtout ma réaction a été de lui demander à quoi cela lui servirait puisqu’on ne la laisserait pas sortir. Elle m’a répondu qu’elle aimait savoir ce qui se passe dans chaque ville qu’elle visite.

Je l’ai vue la dernière fois quelques jours avant sa mort, à Saint-Tropez, où elle sortait toute guillerette d’une boîte de nuit, à 3h du matin. C’est dire combien j’ai été meurtri quand j’ai appris sa disparition, quelques jours après.

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