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Le prix Nobel de littérature décerné au Britannique Kazuo Ishiguro

Kazuo Ishiguro est l'auteur de «Auprès de moi toujours» ou encore «Les vestiges du jour». [Matt Carr / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Succédant au poète et musicien Bob Dylan, Kazuo Ishiguro a reçu jeudi 5 octobre le prix Nobel de littérature. L'écrivain britannique d'origine japonaise est un mélange entre «Jane Austen et Kafka».

A 62 ans, il «a révélé, dans des romans d'une puissante force émotionnelle, l'abîme sous notre illusoire sentiment de confort dans le monde», a commenté la secrétaire perpétuelle de l'Académie suédoise, Sara Danius, au moment de l'annonce rituelle sous les ors de la salle de la Bourse à Stockholm. «Si on mêle Jane Austen et Kafka, on obtient Kazuo Ishiguro», a-t-elle ajouté.

L'écrivain s'est dit «formidablement flatté» de s'être vu décerner ce prix. «C'est un honneur magnifique, principalement parce que cela signifie que je marche dans les traces des plus grands écrivains de tous les temps, c'est une reconnaissance fantastique», a-t-il déclaré à la BBC.

Son roman le plus connu, intitulé «Les vestiges du jour» (1989) et porté au cinéma en 1993 par James Ivory avec Anthony Hopkins et Emma Thompson, a été salué par le prestigieux Man Book Prize qui récompense une œuvre de langue anglaise.

Un auteur avec une double culture

Né en 1954 au Japon, à Nagasaki, ville martyre rasée par la bombe H en 1945, Kazuo Ishiguro est arrivé en Grande-Bretagne en 1960 où son père, océanographe, était amené à travailler. Son œuvre témoigne de cette double culture.

Zen nippon doublé de flegme britannique, lunettes à monture noire et pull assorti, cet auteur discret qui se rêvait en chanteur pop à textes comme Bob Dylan ou Leonard Cohen passe pour être un des meilleurs stylistes de sa génération, lui dont la langue maternelle n'était pas l'anglais.

En 1995, il expliquait être souvent ramené à l'une ou l'autre de ses identités. Ses premiers romans situés au Japon étaient en outre davantage perçus comme des reconstitutions historiques que comme des fictions universelles.

Avec «Les vestiges du jour», il espérait en finir. «Je pensais que si j'écrivais un livre situé en Grande-Bretagne, comme je l'ai fait dans "Les vestiges du jour", cela s'estomperait largement, mais parce que les "Vestiges du jour" fixent la Grande-Bretagne dans un moment particulier de l'Histoire, je me suis heurté aux mêmes écueils», déplorait-il dans un entretien avec l'International Herald Tribune.

Les anglophones sur le podium

 Kazuo Ishiguro confirme l'écrasante domination des anglophones au palmarès du prix Nobel de littérature, avec 29 lauréats contre 14 francophones. Les académiciens suédois étaient très attendus par une partie de la critique qui n'avait pas digéré le sacre de l'Américain Bob Dylan, premier musicien primé et lauréat a priori peu accordé aux canons du prix créé par l'inventeur suédois Alfred Nobel.

Tandis que le Nobel échappe édition après édition à des écrivains ou poètes aussi établis que Philip Roth, Margaret Atwood, Claudio Magris, Adonis, Milan Kundera et Haruki Murakami, les immortels suédois avaient stupéfié en faisant entrer le pape de la contre-culture américaine au Parnasse universel des belles lettres. D'autant que celui-ci, avare d'apparitions publiques, avait mis plusieurs semaines avant de réagir et s'était fait représenter pour les cérémonies de remise du prix le 20 décembre à Stockholm.

Décerné pour la première fois en 1901 (à l'écrivain français Sully Prudhomme), le Nobel de littérature a récompensé, pour l'immense majorité de ses 114 récipiendaires, des romanciers, de sexe masculin (14 femmes seulement), âgés en moyenne de 65 ans. L'Académie établit chaque année, en février, une liste de toutes les candidatures qui lui ont été soumises par des personnalités habilitées à le faire (anciens lauréats, universitaire, etc), avant de la réduire en mai à cinq noms, sur lesquels ses membres planchent pendant l'été avant de choisir l'élu.

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