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Etats-Unis : la guerre des armes à feu

Aux États-Unis, 270 millions d armes sont actuellement en circulation. Aux États-Unis, 270 millions d armes sont actuellement en circulation. [JIM WATSON / AFP]

Tiraillés entre le risque pesant sur sa population et la liberté individuelle, les Etats-Unis semblent incapables de trancher, et le contexte politique n’aide pas. 

Des drames à répétition et les mêmes questions. La tuerie commise dimanche soir, par un ex-militaire dans une église au Texas, ravive des plaies qui n’ont même pas eu le temps de se refermer. Cette attaque, qui a fait 26 morts, intervient quelques semaines seulement après le massacre perpétré à Las Vegas, et relance inévitablement la question du contrôle des armes aux Etats-Unis. Mais alors que près de cent textes de loi au total ont proposé un aménagement législatif du port d’armes à feu entre 2011 et 2016, aucun n’a jamais été voté au Congrès.

Cinquante-neuf morts par balles à Las Vegas le 1er octobre, cinquante à Orlando en 2016, seize à San Bernardino en 2015, vingt-huit à Newtown en 2012… Ces cinq dernières années, les Etats-Unis n’ont pas été épargnés. Pour autant, la remise en cause de la légitimité du port d’armes reste extrêmement clivante dans ce pays de 300 millions d’habitants. D’après une étude de l’université de Chicago en 2015, un ménage sur trois est armé. Ces citoyens pro-armes, essentiellement républicains, légitiment leur droit en se référant constamment au deuxième amendement de la constitution, ratifié en 1791.

Et même parmi les démocrates, plutôt favorables à la limitation des armes, les voix sont discordantes. «Le très progressiste Bernie Sanders ne s’y est pas opposé. Pourquoi ? Il est sénateur du Vermont, un État de chasseurs et donc de propriétaires d’armes», souligne ainsi Jean-Éric Branaa, spécialiste des États-Unis. Pour lui, l’opposition n’est donc ni politique, ni civile - aucune association puissante ne réclame leur abrogation -, mais bien géographique. Il n’existe ainsi pas de contrôle généralisé des armes aux États-Unis, chaque État établissant ses règles. Alors que la Californie interdit les armes automatiques, le Texas, lui, autorise les armes de guerre aux civils.

C'est une question de santé mentaleDonald Trump

Légiférer sur les armes semble d’autant plus difficile, en l’état actuel, que le président du pays botte en touche. À propos du tueur du Texas, il a déclaré : «ce n’est pas une question d’armes, mais de santé mentale». Donald Trump est en effet très proche du puissant lobby de la NRA (association nationale des fusils) qui, depuis 1871, essaie d’empêcher l’État de voter des restrictions de ce droit fondamental.

La problématique du port d’armes n’est d’ailleurs pas seulement politique, elle est aussi et surtout financière. Le Monde rapportait ainsi en 2016 que la NRA a dépensé l’équivalent de 14 millions d’euros pour soutenir les républicains qui la défendent, et 32 pour s’opposer aux démocrates qui lui sont défavorables. Dès lors, comment combattre l’un des plus puissants lobbies au monde ?

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