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Le Nobel de la paix remis aux antinucléaires sur fond de crise nord-coréenne

Seuls trois pays -- le Saint-Siège, le Guyana et la Thaïlande -- ont pour l'heure ratifié le traité, qui a besoin de 50 ratifications pour entrer en vigueur.[Odd ANDERSEN / AFP]

Les militants de la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN) ont, peu avant de recevoir leur prix Nobel de la paix, tiré la sonnette d'alarme dimanche face à une «situation extrêmement dangereuse» en Corée du Nord.

«Nous observons maintenant une situation extrêmement dangereuse qui rend beaucoup de gens mal à l'aise», a déclaré la directrice d'ICAN, Beatrice Fihn, lors d'un entretien accordé à l'AFP quelques heures avant la cérémonie Nobel à Oslo.

«Mais si vous êtes inquiets à l'idée que Donald Trump ou Kim Jong-Un ont des armes nucléaires, vous êtes probablement inquiets (de l'existence elle-même) des armes nucléaires», a-t-elle dit en évoquant les dirigeants américain et nord-coréen. «Ce sont juste des humains qui ont le pouvoir de mettre fin au monde, personne ne devrait pouvoir faire ça».

Les tensions extrêmes sur la péninsule coréenne alimentent les craintes d'une guerre: Pyongyang a ces derniers mois multiplié les tirs de missiles et les essais nucléaires, tout en échangeant des menaces belliqueuses avec Donald Trump, lequel a ordonné des manœuvres militaires dans la région.

La Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN) [Laurence SAUBADU / AFP]
La Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN)

Coalition regroupant près de 500 ONG dans une centaine de pays, ICAN a œuvré en faveur d'un traité d'interdiction de l'arme atomique, adopté en juillet par 122 États. Historique, ce texte est affaibli par l'absence des neuf puissances nucléaires parmi les signataires.

Seuls trois pays -- le Saint-Siège, le Guyana et la Thaïlande -- ont pour l'heure ratifié le traité, qui a besoin de 50 ratifications pour entrer en vigueur.

«L'enfer sur Terre»

Beatrice Fihn, leader de l'ICAN, le 9 décembre 2017 à Oslo [Braastad, Audun / NTB Scanpix/AFP]
Beatrice Fihn, leader de l'ICAN, le 9 décembre 2017 à Oslo

Dans un signe de défiance apparent, les puissances nucléaires occidentales (États-Unis, France, Grande-Bretagne) ont, contrairement à l'usage, décidé de ne pas envoyer leur ambassadeur mais des diplomates de second rang à la cérémonie Nobel.

Celle-ci réunira en revanche à partir de 13H00 (12H00 GMT) dans l'Hôtel de ville d'Oslo plusieurs survivants des bombardements nucléaires américains sur Hiroshima et Nagasaki qui avaient fait environ 220.000 morts il y a 72 ans.

L'une d'entre eux, Setsuko Thurlow, recevra le Nobel au nom d'ICAN conjointement avec Mme Fihn.

Elle a relaté les conséquences horrifiques de la première bombe A sur Hiroshima le 6 août 1945 alors qu'elle n'avait que 13 ans: les morts partout, les faibles appels à l'aide des mourants, les survivants formant «une procession de fantômes" avec des membres en lambeaux, les yeux énucléés ou encore les intestins sortant des estomacs béants.

«C'était l'enfer sur Terre», a confié lors d'un entretien avec l'AFP cette femme de 85 ans, aujourd'hui établie au Canada.

Bien que la quantité d'ogives nucléaires sur la planète ait fondu depuis la fin de la Guerre froide, leur nombre reste estimé à 15.000 et de plus en plus de pays en détiennent.

«Chacun d'entre nous devrait étudier ce que sont les armes nucléaires, comment elles détruisent nos vies», a souligné Mme Thurlow. «Nous méritons une vie bien meilleure que ça».

Les autres prix Nobel (littérature, physique, chimie, médecine et économie) seront remis à 16H30 à Stockholm. Ils consistent en un diplôme, une médaille d'or et un chèque de 9 millions de couronnes suédoises (environ 905.000 euros).

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