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La BCE va maintenir son cap tout en prêchant l'optimisme pour l'économie

Mario Draghi, le président de la BCE, le 17 novembre 2017 à Francfort, lors d'un congrès de l'institution [Daniel ROLAND / AFP/Archives] Mario Draghi, le président de la BCE, le 17 novembre 2017 à Francfort, lors d'un congrès de l'institution. [Daniel ROLAND / AFP/Archives]

La Banque centrale européenne doit publier jeudi de nouvelles prévisions traduisant son optimisme sur la croissance en zone euro mais devrait, contrairement à la Fed américaine, se garder de tout signal en vue d'un nouveau resserrement monétaire.

Aux Etats-Unis, la Réserve Fédérale américaine (Fed) a décidé mercredi de relever ses taux et envisagé trois nouvelles hausses l'an prochain, alors que le taux d'inflation devrait atteindre 1,9% et que la prévision de croissance a été rehaussée.

Réuni à Francfort, le conseil des gouverneurs de la BCE devrait de son côté relever pour le cinquième trimestre d'affilée les projections macro-économiques de l'institut pour la zone euro, en tenant compte de données solides enregistrées ces derniers mois. En octobre, la banque centrale présidée par Mario Draghi avait souligné son regain de confiance dans la solidité de la reprise, laquelle est censée ramener in fine l'inflation dans les clous de son mandat.

Dans la lignée de la Commission européenne, qui a nettement augmenté le mois dernier ses prévisions de PIB pour la région, la BCE pourrait à son tour relever la sienne à 2,1% l'an prochain, contre 1,8% en septembre, puis à 1,8% en 2019 (contre 1,7%), et afficher pour la première fois une projection pour l'année 2020, en l'occurrence de 1,7%, estime Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet Wealth Management.

Côté inflation, l'indicateur clé pour calibrer la politique monétaire en zone euro, les marchés s'attendent aussi à un petit relèvement, ne serait-ce qu'en raison d'un prix du baril de pétrole brut Brent qui navigue actuellement au-dessus de 63 dollars, alors que la BCE avait retenu un prix inférieur de près de 10 euros dans ses dernières projections.

Statu quo

La présidente de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen, lors de la conférence de presse donnée à l'issue de la réunion du Comité de politique monétaire, le 13 décembre 2017 à Washington [Brendan Smialowski / AFP/Archives]
La présidente de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen, lors de la conférence de presse donnée à l'issue de la réunion du Comité de politique monétaire, le 13 décembre 2017 à Washington [Brendan Smialowski / AFP/Archives]

Pour l'heure, l'institution table sur une hausse des prix de 1,5% cette année, de 1,2% l'an prochain et de 1,5% en 2019, niveau encore éloigné de son objectif «proche de 2%» à moyen terme, qui n'augure donc pas d'un virage monétaire brutal. En revanche, selon Gilles Moec, économiste de Bank of America, «la prévision pour 2020 sera en ligne» avec l'objectif de la BCE : elle enverrait ainsi le signal qu'elle s'attend à arrêter fin 2018 ses rachats d'actifs sur le marché, baptisés «QE» (Quantitative easing).

En octobre, elle a décidé de prolonger ce vaste programme de soutien à l'économie jusqu'en septembre 2018, mais à un rythme mensuel réduit de 60 à 30 milliards d'euros à compter de janvier prochain. Aucune date butoir n'a été fixée pour la fin du QE, tandis qu'une minorité de membres du conseil des gouverneurs, dont Jens Weidmann, président de la Banque Fédérale d'Allemagne, a défendu une position contraire.

Annoncés à 12h45 GMT, les taux directeurs sont de leur côté attendus sans changement, avec le principal taux de refinancement des banques, pour se procurer de l'argent frais, maintenu à zéro. Les banques devraient par ailleurs continuer à payer pour déposer auprès de la BCE des liquidités dont elles n'ont pas d'utilité immédiate (taux de dépôt jusqu'à -0,40%).

Modération salariale

La BCE, tout en réduisant la dépendance de l'économie européenne au QE, veut éviter de remonter subitement ses taux d'intérêt, ce qui pourrait sinon alimenter la hausse de l'euro et s'avérer contre-productif pour les prix. Un premier relèvement des taux ne devrait donc intervenir que «bien après» la fin du QE, selon la formule appelée à être répétée jeudi - interprétée par les économistes comme faisant référence à la seconde partie de 2019.

Comme ses homologues dans le monde, la BCE est confrontée à une période de longue croissance et d'embellie de l'emploi sans que l'inflation ne suive, contrairement au phénomène classiquement observé par le passé. Les hausses de salaires demeurent insuffisantes pour gonfler les indices de prix, bien que le taux de chômage en zone euro soit redescendu sous les 9% lors de l'automne, ce qui ne s'était plus vu depuis l'année 2009.

Cependant, la BCE estime que les facteurs qui freinent actuellement la progression des salaires, parmi eux la modération salariale dont certains pays ont besoin pour regagner de la compétitivité sur leurs prix, devraient s’estomper progressivement.

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