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Le pape exprime sa «honte» pour les actes pédophiles du clergé

Le pape François le 16 janvier à Santiago du Chili, au premier jour de son voyage.[Vincenzo PINTO / AFP]

Le pape François, au chevet d'une Eglise discréditée par des scandales de pédophilie au Chili, a exprimé «sa honte» pour ces abus, dans son premier discours mardi devant les autorités politiques et civiles du pays.

Avant sa rencontre avec des indiens Mapuche mercredi, il a aussi plaidé en faveur du droit des peuples autochtones «souvent oubliés» et qu'il faut «écouter».

«Je ne peux m'empêcher de manifester la douleur et la honte que je ressens face au mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l'Eglise», a déclaré le pape François, sous les applaudissements.

«Je voudrais m'unir à mes frères dans l'épiscopat, car s'il est juste de demander pardon et de soutenir avec force les victimes, il nous faut en même temps nous engager pour que cela ne se reproduise pas», a-t-il ajouté.

Le discours du pape argentin à des prêtres, religieux, consacrés et séminaristes, rassemblées dans la cathédrale de Santiago du Chili, sera également scruté à la loupe. François recevra ensuite une cinquantaine d'évêques chiliens. Le pape, qui prône la «tolérance zéro» face aux prêtres pédophiles, marche sur des oeufs au Chili.

L'octogénaire père Fernando Karadima, un ancien formateur charismatique de prêtres, a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d'avoir commis des actes pédophiles dans les années 80 et 90. Il a été contraint à se retirer pour une vie de pénitence.

Mais en janvier 2015, le pape François avait pris la décision très controversée de nommer Mgr Juan Barros à la tête d'un diocèse du sud du pays, au moment où il était soupçonné d'avoir protégé dans le passé le vieux prêtre condamné.

En avril 2011, l'Eglise catholique du Chili avait demandé formellement pardon pour tous les cas d'abus sexuels sur des enfants commis par des membres du clergé et pour son manque de réactivité face aux plaintes par le passé.

Selon la base de données de l'ONG américaine Bishop Accountability, des dénonciations pour abus sexuels ont concerné près de 80 religieux au Chili ces dernières années.

Sous la dictature de Pinochet, l'Eglise était admirée pour son rôle de protection des droits de l'homme. Aujourd'hui, ce pays catholique se sécularise à vive allure et le pourcentage de personnes se déclarant athées est passé de 12% à 22% entre 2006 et 2014.

Au palais présidentiel de La Moneda -un lieu où mourut le président socialiste Salvador Allende en 1973 au moment du coup d'Etat d'Augusto Pinochet- le pape a salué le milliardaire conservateur Sebastian Piñera, victorieux de la présidentielle de décembre et qui prendra ses fonctions en mars.

Il a aussi eu un entretien privé avec l'actuelle présidente, la socialiste Michelle Bachelet, dont certaines réformes sociétales ne sont pas goût de l'Eglise (adoption du mariage homosexuel, dépénalisation de l'avortement).

Droits des indigènes

Le pape a tenu à s'exprimer devant les populations indigènes sur le thème phare de son voyage au Chili, puis au Pérou: la protection de leurs droits.

Il faut «écouter» les peuples autochtones, «souvent oubliés et dont les droits ont besoin d'être prise en compte et la culture protégée, pour que ne se perde pas une partie de l'identité et de la richesse de cette nation», a plaidé François.

«La sagesse des peuples autochtones peut constituer une grande contribution» à la protection environnementale de la planète, a plaidé au passage le pape, abordant ainsi un autre de ses thèmes fétiches.

A Temuco, à plus de 600 km au sud de Santiago du Chili, le pape s'adressera mercredi aux indiens Mapuche (7% de la population chilienne), qui occupaient un vaste territoire à l'arrivée des conquistadors espagnols au Chili en 1541. Cette région, l'Auracania, est aujourd'hui le foyer d'actions violentes d'une minorité radicalisée, qui se bat pour «récupérer» des terres ancestrales. François est le deuxième pape de l'Histoire à se rendre au Chili, après Jean Paul II en avril 1987.

A l'époque, la venue du pape polonais avait déclenché une véritable bataille rangée entre policiers et opposants à Pinochet, dans le parc O'Higgins. Quelque 600 personnes avaient été blessées. Jean Paul II, avant d'être évacué d'urgence, avait crié : «l'amour est le plus fort».

C'est donc malgré tout dans une ambiance plus sereine que le pape François célébrera une messe mardi dans un immense parc public, où sont attendus quelque 400.000 personnes.

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