En direct
A suivre

Pence entame en Egypte une première tournée sous tension au Proche-Orient

Le vice-président américain Mike Pence, le 19 janvier 2018 à la Maison Blanche, à Washington [Brendan SMIALOWSKI / AFP] Le vice-président américain Mike Pence, le 19 janvier 2018 à la Maison Blanche, à Washington [Brendan SMIALOWSKI / AFP]

Le vice-président américain Mike Pence est arrivé samedi au Caire, pour son premier déplacement au Proche-Orient, une tournée marquée par les vives tensions nées de la décision controversée de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.

L'avion du vice-président a atterri vers 15H30 locales (13H30 GMT) à l'aéroport du Caire. Accompagné notamment de son épouse Karen, Mike Pence doit rencontrer le président Abdel Fattah al-Sissi. Un dîner est également prévu. Puis, le vice-président américain se rendra en Jordanie, avant de rejoindre dimanche soir Israël, dernière étape de sa tournée.

Initialement prévu fin décembre, ce déplacement de M. Pence au Proche-Orient avait été repoussé après la décision unilatérale du président Trump sur Jérusalem, un choix qui a rompu avec des décennies de diplomatie américaine et avec le consensus de la communauté internationale.

Cette fois, malgré la persistance des crispations doublée d'un contexte politique explosif aux Etats-Unis, la visite a été maintenue.

«Les rencontres du vice-président avec les dirigeants d'Egypte, de Jordanie et d'Israël font partie intégrante de la sécurité nationale de l'Amérique», avait argué vendredi la porte-parole de Mike Pence.

Sa visite au Caire survient par ailleurs au lendemain de l'annonce par le président Sissi, un allié des Etats-Unis qui dirige l'Egypte d'une main de fer, de son intention de briguer un nouveau mandat en mars 2018.

Mais le contexte principal reste toutefois l'annonce américaine sur Jérusalem, qui a provoqué un tollé général dans la région et la colère des Palestiniens.

En réaction, ces derniers clament que les Etats-Unis ne peuvent plus prétendre à un rôle de médiateur dans le processus de paix que Donald Trump rêvait de relancer.

Jérusalem [John SAEKI / AFP/Archives]
Jérusalem[John SAEKI / AFP/Archives]

Le statut de Jérusalem est l'une des pierres d'achoppement du processus de paix avec Israël, au point mort depuis 2014. Les Palestiniens entendent faire de Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

Donald Trump a aussi annoncé son intention de transférer à Jérusalem l'ambassade des Etats-Unis en Israël, qui se trouve à ce jour à Tel-Aviv comme c'est généralement le cas des missions diplomatiques étrangères.

Les relations entre Washington et les Palestiniens ont encore été aggravées par la décision des Etats-Unis, cette semaine, de «geler» plus de la moitié de leurs versements prévus à l'agence de l'ONU pour les réfugiés de Palestine (UNRWA). Elle concerne une grande partie des plus de cinq millions de Palestiniens enregistrés comme réfugiés dans les Territoires, en Jordanie, au Liban ou en Syrie.

Les Palestiniens ont fait savoir qu'ils boycotteraient la visite de Mike Pence, qui ne rencontrera donc pas le président Mahmoud Abbas, contrairement à ce qui était initialement prévu en décembre.

Les président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et américain Donald Trump, le 20 septembre 2017 au siège de l'ONU à New York [Brendan Smialowski / AFP/Archives]

Les président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et américain Donald Trump, le 20 septembre 2017 au siège de l'ONU à New York[Brendan Smialowski / AFP/Archives]

«Sentiments»

La décision du président Trump sur Jérusalem avait provoqué des manifestations dans de nombreux pays arabes et musulmans, dont l'Egypte, où le grand imam d'Al-Azhar a annoncé en décembre son refus de recevoir M. Pence. «Al-Azhar ne peut pas s'asseoir avec ceux qui falsifient l'histoire et volent les droits des gens», avait-il affirmé.

Le pape des coptes (chrétiens) d'Egypte, Tawadros II, a lui aussi exprimé son refus de rencontrer le vice-président américain, arguant que M. Trump a «fait fi des sentiments de millions d'Arabes».

Mais les régimes arabes alliés de Washington sont tiraillés entre leur opinion publique hostile et leur puissant partenaire américain. C'est le cas notamment de l'Egypte et de la Jordanie, qui ont établi des liens géopolitiques ou de dépendance financière vis-à-vis de Washington.

Dans un pays qui a connu la destitution de deux présidents depuis 2011 et se trouve en proie à une crise économique aiguë, tout facteur d'instabilité potentiel est regardé de près par Abdel Fattah Al-Sissi, qui a pris le pouvoir après le renversement du président islamiste Mohamed Morsi à l'été 2013.

L'aide militaire américaine, qui atteint 1,3 milliard de dollars par an, est jugée cruciale par le régime sécuritaire de M. Sissi, d'où la réaction prudente du Caire à l'annonce d'un futur transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem : l'Egypte avait alors estimé que ce choix risquait de «compliquer» la situation.

L'ambassade des Etats-Unis à Tel Aviv, le 6 décembre 2017 [JACK GUEZ / AFP/Archives]
L'ambassade des Etats-Unis à Tel Aviv, le 6 décembre 2017[JACK GUEZ / AFP/Archives]

Après l'Egypte, et la Jordanie, M. Pence doit se rendre en Israël les 22 et 23 janvier pour des entretiens qui s'annoncent chaleureux avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Reuven Rivlin.

Au-delà d'un discours au Parlement, il doit également se rendre au Mur des Lamentations dans la Vieille ville de Jérusalem et au mémorial de l'Holocauste Yad Vashem.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités