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Pèlerins et touristes franchissent à nouveau le seuil du Saint-Sépulcre

Des fidèles prient dans l'église de Saint-Sépulcre, à Jérusalem, rouverte le 28 février 2018 après trois jours de fermeture [THOMAS COEX / AFP] Des fidèles prient dans l'église de Saint-Sépulcre, à Jérusalem, rouverte le 28 février 2018 après trois jours de fermeture [THOMAS COEX / AFP]

Pèlerins et touristes soulagés et fervents se sont pressés en rangs serrés mercredi dans le Saint-Sépulcre rouvert avant l'aube après trois jours de bras de fer avec Israël pour des questions d'argent et de principe.

Il faisait encore nuit quand les traditionnels détenteurs des clés du lieu le plus saint du christianisme ont poussé les vastes battants de bois à 4h (2h GMT) mettant fin à presque trois jours d'épreuve de force avec les autorités israéliennes.

L'église construite à Jérusalem sur les sites présumés de la crucifixion et du tombeau du Christ n'était jamais restée fermée aussi longtemps en guise de protestation depuis plus d'un quart de siècle.

Malgré l'heure, il n'a fallu que quelques minutes pour que des dizaines de catholiques français émergent des ruelles de la Vieille ville.

C'était le dernier jour de leur séjour et leur ultime chance d'accéder au lieu sacré. «Depuis dimanche, nous avons prié devant les portes» closes du sanctuaire, dit à l'AFP François-Roch Ferlet, 29 ans, l'un des membres de l'association KTsens.

A mesure que le jour se levait, d'autres groupes ont afflué sur l'étroit parvis devant le porche, s'engouffrant dans l'édifice sépulcral, embrassant dès l'entrée la Pierre de l'onction vénérée par les orthodoxes, et allant former plus loin de longues queues auprès du tombeau du Christ.

«J'en ai pleuré»

Le Saint-Sépulcre, destination spirituelle et touristique majeure, reçoit en temps normal des milliers de visiteurs chaque jour. Mais l'affluence était à l'évidence renforcée par la confrontation politique des derniers jours et la frustration qu'elle a causée.

Les chefs des Églises grecque orthodoxe, arménienne et catholique, qui partagent la garde du site, l'ont fait fermer dimanche midi pour contester le projet de la municipalité israélienne de Jérusalem d'imposer une partie de leurs biens immobiliers, et une proposition de loi attentant selon eux à leurs droits de propriété et à leur mission.

Face au retentissement de cette fermeture et confronté à l'apparente détermination des Eglises, le gouvernement israélien a annoncé mardi après-midi suspendre les actions qui avaient provoqué leur colère.

Des fidèles prient dans l'église de Saint-Sépulcre, à Jérusalem, rouverte le 28 février 2018 après trois jours de fermeture [THOMAS COEX / AFP]
Des fidèles prient dans l'église de Saint-Sépulcre, à Jérusalem, rouverte le 28 février 2018 après trois jours de fermeture [THOMAS COEX / AFP]

La fermeture avait laissé déconfits des milliers de visiteurs du monde entier pour lesquels le Saint-Sépulcre s'annonçait comme le temps fort de leur séjour. Bon nombre ont dû quitter Jérusalem frustrés. Ceux qui ont pu revenir mercredi ne cachaient pas leur joie.

«Quand je suis venu hier et que j'ai trouvé les portes fermées, j'en ai pleuré», dit Sameh Zakaria, un copte d'origine égyptienne venu des Pays-Bas avec sa femme Amira.

Il était déjà venu deux fois par le passé, mais il n'aurait «jamais imaginé voir (le Saint-Sépulcre) fermé. Je suis heureux maintenant, je vais pouvoir prier pour ma famille et mon pays».

«Rien n'est terminé»

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le maire de Jérusalem Nir Barkat ont accepté de former un groupe de travail qui négociera avec les Eglises la question des taxes.

Il a aussi ordonné de suspendre tout le travail législatif sur la vente des biens des Eglises à Jérusalem, et a chargé un de ses ministres de se pencher sur la question.

Tout en saluant la nouvelle, les Eglises se sont gardées de crier victoire.

«Nous n'aimons pas employer le mot de victoire parce que rien n'est terminé. Le Premier ministre a dit qu'il voulait encore négocier», a déclaré à l'AFP Farid Jubran, conseiller juridique de la custodie, gardienne des lieux saints au nom de l'Eglise catholique.

Les Eglises disent ne pas avoir aimé ce qu'elles considèrent comme les tentatives de fait accompli de la part des autorités israéliennes, en particulier de la part du maire.

Plus globalement, elles s'alarment d'agissements visant selon elles à amoindrir la présence chrétienne à Jérusalem.

Dans une ville comme Jérusalem, le soupçon d'hégémonisme israélien et juif au détriment des minorités n'est jamais loin, sur fond de conflit persistant entre Israéliens et Palestiniens.

Les Israéliens proclament tout Jérusalem leur capitale indivisible, y compris donc Jérusalem-Est, qu'ils ont annexée alors que les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est pour capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

Des fidèles tiennent une croix devant le Saint-Sépulcre, lieu le plus saint du christianisme à Jérusalem, après sa fermeture, le 27 février 2018  [Thomas COEX / AFP]
Des fidèles tiennent une croix devant le Saint-Sépulcre, lieu le plus saint du christianisme à Jérusalem, après sa fermeture, le 27 février 2018 [Thomas COEX / AFP]

Le Saint-Sépulcre se trouve précisément dans la Vieille ville à Jérusalem-Est annexée. L'annexion est considérée comme illégale par la communauté internationale.

Les Eglises s'opposent à toute initiative unilatérale qui modifierait le statu quo régissant les relations entre les communautés religieuses de Jérusalem. Mais les quelque 50.000 chrétiens de Cisjordanie et de Jérusalem partagent largement avec les musulmans palestiniens une vision nationale de Jérusalem.

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