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Syrie : la livraison d'aide humanitaire prévue jeudi dans la Ghouta reportée

Des secouristes des Casques blancs aident un homme après un bombardement sur la ville de Hammouriyé, dans la Ghouta orientale, le 6 mars 2018 [ABDULMONAM EASSA / AFP] Des secouristes des Casques blancs aident un homme après un bombardement sur la ville de Hammouriyé, dans la Ghouta orientale, le 6 mars 2018. [ABDULMONAM EASSA / AFP]

L'acheminement de l'aide humanitaire prévu jeudi dans l'enclave rebelle de la Ghouta orientale a été «reporté», a annoncé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), alors que le secteur est la cible d'intenses bombardements et d'une offensive du régime syrien.

«Le convoi d'aujourd'hui a été reporté», a indiqué à l'AFP Ingy Sedky, une porte-parole du CICR, un des ONG partenaires de l'ONU qui participe au convoi. La situation qui «évolue sur le terrain (...) ne nous permet pas de mener l'opération» à bien, a-t-elle ajouté.

Ce nouveau convoi humanitaire de l'ONU devait tenter jeudi de porter secours aux populations de la Ghouta orientale, toujours prises sous un déluge de feu par les forces de Damas, qui ont reconquis plus de la moitié de l'enclave rebelle aux portes de Damas.

Lundi, un premier convoi avait dû abréger sa mission en raison des bombardements sur la grande ville de Douma.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé mercredi l'application du cessez-le-feu exigé et ignoré depuis dix jours, demandant de manière «unanime» que le nouveau convoi humanitaire prévu jeudi «parvienne bien à la Ghouta» et que de l'aide puisse être acheminée «tous les jours», selon un diplomate.

Avancée du régime syrien dans la Ghouta [Sophie RAMIS / AFP]
Avancée du régime syrien dans la Ghouta [Sophie RAMIS / AFP]

Les quelque 400.000 habitants assiégés depuis 2013 subissent de graves pénuries de nourriture et de médicaments. Les aides médicales et la nourriture doivent permettre de satisfaire les besoins de 70.000 personnes au total, a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Pour le convoi de jeudi, «nous ne savons pas encore combien de camions il y aura, mais ce sera le reste des aides pour 70.000 personnes», a déclaré à l'AFP une porte-parole d'Ocha à Damas, Linda Tom.

«Cela comprendra les aides médicales dont le chargement n'avait pas été autorisé» dans le convoi de lundi, a-t-elle signalé.

L'étau se resserre

Sur le terrain, les forces du régime ont reconquis plus de la moitié de l'enclave rebelle, cible de bombardements meurtriers qui ont tué des dizaines de civils mercredi.

Frappes aériennes et tirs d'artillerie ont continué de s'abattre sur la Ghouta, en dépit de la trêve quotidienne de cinq heures (7h à 12h GMT) décrétée par Moscou il y a plus d'une semaine.

Au moins «62 civils, dont six enfants, ont été tués mercredi», notamment dans des frappes russes, selon un nouveau bilan de l'OSDH, précisant que ces raids dans la seule localité de Hammouriyé ont fait 18 morts.

L'étau se resserre ainsi sur le dernier bastion des insurgés aux portes de Damas. Après une offensive terrestre et deux semaines de bombardements ayant tué plus de 860 civils, les forces de Damas ont pris pied au coeur de l'enclave, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Les forces du régime contrôlent plus de 50% de l'enclave», notamment après avoir reconquis mercredi les localités de Beit Sawa et d'Al-Achaari, dans le centre du bastion des insurgés, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Percée du régime syrien dans la Ghouta [Gillian HANDYSIDE / AFP]
Percée du régime syrien dans la Ghouta [Gillian HANDYSIDE / AFP]

Les troupes poursuivent leur progression vers Douma et les localités dans l'ouest de l'enclave rebelle, après avoir reconquis des secteurs dans l'est et le sud-est, d'après l'OSDH, qui a accusé à plusieurs reprises la Russie d'avoir mené des frappes meurtrières, que Moscou a démenties.

A Hammouriyé, un correspondant de l'AFP a vu deux hommes au sol près d'une moto, le corps pris par les flammes d'un incendie provoqué par un raid, des secouristes tentant d'éteindre le feu. Ailleurs, un troisième homme gisait à même le sol, près d'une marre de sang.

«Apocalypse»

Le régime semble se rapprocher de son objectif, qui est de scinder l'enclave en deux, en isolant le secteur nord, où se trouve Douma, du secteur sud, selon l'OSDH.

L'offensive se poursuit alors que le Conseil de sécurité de l'ONU avait adopté fin février une résolution réclamant un cessez-le-feu de 30 jours dans toute la Syrie, qui devait permettre la livraison d'aide humanitaire et l'évacuation de blessés.

Un enfant syrien est soigné dans une clinique de fortune à Kafr Batna après des bombardements du régime sur les zones rebelles dans la Ghouta orientale, le 6 mars 2018  [Mohammed EYAD / AFP]
Un enfant syrien est soigné dans une clinique de fortune à Kafr Batna après des bombardements du régime sur les zones rebelles dans la Ghouta orientale, le 6 mars 2018 [Mohammed EYAD / AFP]

Ces dispositions sont restées quasiment sans effet et le Conseil de sécurité a tenu mercredi une réunion d'urgence à huit clos, lors de laquelle a été évoqué un possible rôle onusien pour sortir de la Ghouta des éléments «terroristes», selon des diplomates.

Les principaux groupes rebelles de l'enclave, Faylaq al-Rahmane et Jaich al-Islam, avaient proposé il y a une semaine de faire partir les jihadistes de l'ex-branche d'Al-Qaïda, qui maintiennent une présence limitée dans la Ghouta.

Selon un diplomate, un large soutien au Conseil de sécurité a été constaté mercredi à l'idée de Staffan de Mistura d'avoir des négociations à cet égard entre les groupes armés et d'autres parties, notamment la Russie, avec un rôle de facilitateur pour l'ONU.

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie s'est progressivement complexifié avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères.

Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad al Hussein, a accusé le régime de planifier «l'apocalypse» en Syrie, estimant que le conflit qui a fait plus de 340.000 morts était entré dans une nouvelle «phase d'horreur».

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