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Quatrième semaine d'offensive sur la Ghouta, nombreux corps sous les décombres

De la fumée s'élève après un bombardement du régime au-dessus de la ville sous contrôle rebelle d'Arbine, dans la Ghouta orientale, près de Damas, le 11 mars 2018 [Amer ALMOHIBANY / AFP] De la fumée s'élève après un bombardement du régime au-dessus de la ville sous contrôle rebelle d'Arbine, dans la Ghouta orientale, près de Damas, le 11 mars 2018 [Amer ALMOHIBANY / AFP]

L'offensive dévastatrice des forces du régime syrien dans la Ghouta orientale est entrée dimanche dans sa quatrième semaine : plus que jamais assiégée, l'enclave rebelle est désormais morcelée et des dizaines de corps gisent sous les décombres de bâtiments aplatis par les bombardements.

Les forces du régime, soutenues par la Russie, sont parvenues samedi à isoler Douma, principale ville du dernier bastion rebelle aux portes de Damas, et à diviser l'enclave en trois, après trois semaines de violents bombardements qui ont tué 1.111 civils dont 229 enfants et blessé plus de 4.370 autres, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Profitant de l'impuissance de la communauté internationale et du soutien indéfectible de son allié russe, le régime est déterminé à reconquérir ce bastion des insurgés d'où des obus sont tirés régulièrement sur la capitale. Dimanche, quatre civils ont été tués à Damas par des tirs d'obus sur le quartier de Jaramana, a indiqué la télévision d'Etat.

Selon l'OSDH, ONG basée en Grande-Bretagne qui dispose d'un vaste réseau d'informateurs à travers la Syrie, la partie rebelle de la Ghouta est désormais scindée en trois : Douma et sa périphérie au nord, Harasta à l'ouest et le reste des localités au sud. Quelque 400.000 habitants subissent dans l'enclave un siège asphyxiant depuis 2013.

Des combats ont lieu dans le même temps autour de chacun de ces trois secteurs, alors que de nouveaux bombardements ont fait 12 morts à Harasta, Zamalka, Arbine, Aïn Terma, toutes situées dans l'ouest de l'enclave, et à Jisrine (sud), selon l'Observatoire.

Dimanche, les forces du régime ont récupéré le secteur stratégique de Madira (centre) en dépit d'une forte résistance des rebelles, a indiqué l'OSDH. L'agence de presse officielle Sana a fait état d'une progression de l'armée dans le secteur afin de couper les voies de communication des insurgés.

Photo prise depuis les positions des forces du régime syrien montrant de la fumée qui s'élève au-dessus de la ville de Jisrine, dans l'enclave rebelle assiégée de la Ghouta orientale, le 11 mars 2018 [STRINGER / AFP]
Photo prise depuis les positions des forces du régime syrien montrant de la fumée qui s'élève au-dessus de la ville de Jisrine, dans l'enclave rebelle assiégée de la Ghouta orientale, le 11 mars 2018[STRINGER / AFP]

Jusque-là, les forces du régime ont progressé depuis l'est. En reprenant Madira, elles ont fait jonction avec les troupes positionnées à l'ouest, en particulier à la «Direction des blindés», la seule base militaire de l'armée dans la Ghouta, selon l'OSDH et la TV d'Etat syrienne.

«Petits moyens»

A Douma, le correspondant de l'AFP a fait état d’un grand nombre de corps s’accumulant dans la morgue en raison de l’impossibilité de les enterrer, le cimetière étant touché par les bombardements des forces prorégime présentes aux abords de la ville.

Par ailleurs, de nombreux corps sont encore ensevelis sous les décombres dans plusieurs secteurs, «les équipes de secours ne parvenant pas à les retirer», d'après l'Observatoire.

L'OSDH cite des personnes faisant état de la mort à Misraba de trente-cinq de leurs proches, dont les corps sont toujours sous les gravats deux jours après des bombardements.

L'Observatoire parle également de «trente-trois corps, selon des proches des victimes, ensevelis depuis cinq jours sous les décombres à Hammouriyé et Saqba».

A Hammouriyé, dans le centre de l'enclave, le correspondant de l’AFP a vu un jeune homme cherchant ses parents et trois frères dans les ruines.

«Tous les corps qu’on a pu retirer (...), on l’a fait avec de tout petits moyens», raconte Hassane (30 ans), membre de la Défense civile.

Des hommes constatent les dégâts après un bombardement du régime sur Douma, la principale ville de l'enclave rebelle dans la Ghouta orientae, le 10 mars 2018 [HAMZA AL-AJWEH / AFP]
Des hommes constatent les dégâts après un bombardement du régime sur Douma, la principale ville de l'enclave rebelle dans la Ghouta orientae, le 10 mars 2018[HAMZA AL-AJWEH / AFP]

Selon lui, plus de vingt familles se trouvent sous les décombres. «Nous n’avons pas non plus les moyens de secourir les survivants», déplore-t-il.

Les bombardements ont baissé d'intensité à Douma et Hammouriyé tandis que les combats se poursuivent à proximité.

A Hammouriyé, les habitants ont pu se rendre chez eux pour ramasser des affaires ou inspecter leurs maisons, alors que des odeurs nauséabondes se dégageaient des bâtiments effondrés, selon le correspondant de l'AFP.

Négociations en cours

L'accalmie relative à Hammouriyé pourrait être liée à des négociations sur de possibles évacuations.

Un comité constitué de responsables locaux a rencontré samedi des représentants du régime, a indiqué à l'AFP un membre de ce comité s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

«Le comité a discuté d'une proposition de réconciliation qui garantirait la sortie pour ceux qui le souhaitent, civils ou rebelles, de Hammouriyé vers d'autres région de Syrie sous le contrôle des insurgés», a précisé cette source.

Des membres des forces progouvernementales syriennes dans un tank, le 10 mars 2018 à Aftris, dans la Ghouta orientale [STRINGER / AFP]
Des membres des forces progouvernementales syriennes dans un tank, le 10 mars 2018 à Aftris, dans la Ghouta orientale[STRINGER / AFP]

L'OSDH a pour sa part indiqué que des négociations avaient lieu sur de possibles évacuations de plusieurs localités de l'enclave rebelle.

Le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane, a en outre rapporté l'évacuation par les forces du régime de 75 à 100 habitants de la ville de Misraba, située au sud de Douma et dont elles se sont emparées samedi, ajoutant que la ville dévastée avait été désertée par ses habitants.

Selon l'agence Sana, l'armée a évacué des dizaines de civils de Misraba.

Sur un autre front en Syrie, des combats ont lieu à proximité de la ville d'Afrine (nord-ouest), bastion d'une milice kurde que le Turquie veut chasser de sa frontière.

Les soldats turcs et leurs supplétifs syriens, qui mènent une offensive sur la région depuis le 20 janvier, se trouvent depuis samedi aux abords de la ville, où des responsables locaux parlent d'une situation humanitaire «dramatique».

Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de puissances étrangères et de groupes jihadistes. Il a fait plus de 340.000 morts.

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