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L'affaire de l'ex-espion empoisonné tourne à la confrontation Est-Ouest

La Première ministre britannique Theresa May discute avec un responsable policier sur les lieux de l'attaque à Salisbury, le 15 mars 2018 [Daniel LEAL-OLIVAS / AFP] La Première ministre britannique Theresa May discute avec un responsable policier sur les lieux de l'attaque à Salisbury.[Daniel LEAL-OLIVAS / AFP]

L'affaire de l'ex-espion empoisonné en Angleterre prend des allures de confrontation Est-Ouest, les alliés occidentaux désignant en choeur Moscou et Washington adoptant en plus des sanctions pour ingérence dans l'élection présidentielle américaine de 2016.

En visite pour la première fois à Salisbury depuis l'empoisonnement dans cette petite ville du sud de l'Angleterre le 4 mars de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, hospitalisés dans un état grave, la Première ministre britannique Theresa May a vanté jeudi «l'unité» des alliés de Londres face à la Russie.

L'empoisonnement «s'est produit au Royaume-Uni, mais cela aurait pu se produire n'importe où et nous sommes unis contre cela», a-t-elle déclaré.

Londres, Berlin, Paris et Washington ont publié un communiqué commun affirmant que la responsabilité de Moscou était la seule explication «plausible» de cette affaire.

Ils ont demandé au Kremlin de fournir des informations sur un programme appelé Novitchok, qui selon un chimiste russe aujourd'hui réfugié aux États-Unis, Vil Mirzaïanov, a produit des agents à l'efficacité redoutable mis au point dans les années 1980 par des scientifiques soviétiques.

La Russie, elle, dément catégoriquement qu'un tel programme ait jamais existé. «Je veux déclarer, avec toute la certitude possible, qu'il n'y a eu aucun programme de développement d'armes chimiques du nom de 'Novitchok' ni du temps de l'URSS, ni en Russie», a assuré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, cité par l'agence de presse Interfax.

M. Riabkov a fustigé les personnes qui «répandent des informations selon lesquelles un tel programme aurait existé», une référence apparente au chimiste Mirzaïanov.

Le climat de confrontation Est-Ouest s'est encore renforcé quand Washington a annoncé des sanctions contre la Russie en réponse à l'ingérence présumée de Moscou dans l'élection présidentielle américaine de 2016 et à plusieurs cyber-attaques.

Au total, 19 individus et cinq entités (dont le FSB, service de renseignement intérieur, et le GRU, service de renseignement militaire) sont visés par le gel de leurs avoirs et par une interdiction pour des sociétés américaines de faire des transactions avec eux.

A chaque fois, Moscou, qui rejette toutes les accusations, a vivement réagi, et se prépare à annoncer des représailles. Le président russe Vladimir Poutine a réuni jeudi le Conseil de sécurité nationale. Des mesures de représailles «ne se feront naturellement pas attendre» en réponse aux sanctions britanniques, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a assuré que Moscou expulserait «obligatoirement» des diplomates britanniques.

Un peu plus tard, la Russie a annoncé préparer également «des mesures de représailles» envers Washington à la suite des nouvelles sanctions américaines.

Theresa May a annoncé mercredi l'expulsion de 23 diplomates russes et le gel des contacts bilatéraux avec la Russie, qu'elle a déclarée «coupable» de l'empoisonnement de Sergueï Skirpal et de sa fille. Il s'agit de la vague d'expulsion de diplomates russes par le Royaume-Uni la plus importante depuis la Guerre froide.

Jeudi, le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson a estimé que les Russes devraient «se taire et s'en aller». Il a par ailleurs annoncé un investissement de 48 millions de livres (54 millions d'euros) dans la lutte contre les armes chimiques et la vaccination de milliers de soldats contre l'anthrax. Le ministère russe de la Défense a dénoncé «une attaque brutale» contre la Russie.

Des analystes estiment qu'au regard de la gravité des accusations portées contre la Russie, les sanctions britanniques restent à ce stade plutôt modérées. Mais d'autres mesures pourraient suivre. 

Le président français Emmanuel Macron a indiqué qu'il annoncerait des mesures «dans les prochains jours».

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