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Arménie : la commémoration du génocide offre un répit dans la crise politique

Le président arménien Armen Sarkissian (premier rang, au centre), le Premier ministre par intérim Karen Karapetian (premier rang, 2ème à partir de la droite) et le chef de l'Eglise arménienne, le catholicos Karékine II, mardi 24 avril 2018 lors des cérémonies commémorant le génocide des Arméniens [KAREN MINASYAN / AFP] Le président arménien Armen Sarkissian (premier rang, au centre), le Premier ministre par intérim Karen Karapetian (premier rang, 2ème à partir de la droite) et le chef de l'Eglise arménienne, le catholicos Karékine II, mardi 24 avril 2018 lors des cérémonies commémorant le génocide des Arméniens. [KAREN MINASYAN / AFP]

Les autorités arméniennes ont célébré l'unité du pays mardi lors des commémorations du génocide arménien, observant un moment de répit dans un climat politique incertain au lendemain de la démission du Premier ministre Serge Sarkissian après onze jours de manifestations.

Le président Armen Sarkissian (sans lien de parenté avec Serge Sarkissian), le Premier ministre par intérim Karen Karapetian et les autorités religieuses du pays se sont rendus au mémorial dédié aux victimes des massacres perpétrés entre 1915 et 1917 sous l'Empire ottoman, situé sur une colline surplombant Erevan.

Nikol Pachinian, le député d'opposition qui a mené pendant onze jours la contestation victorieuse contre Serge Sarkissian, se rendra pour sa part avec ses partisans au mémorial à 15H00 locales (11H00 GMT).

Après une nuit de célébration ayant suivi l'annonce inattendue de la démission de l'ex-président et Premier ministre Serge Sarkissian, les rues d'Erevan étaient calmes, la plupart des habitants s'apprêtant à commémorer cette journée très importante dans l'histoire arménienne.

Rappelant la tragédie ayant frappé les Arméniens au début du 20e siècle, Karen Karapetian a déclaré dans un communiqué que «nous (les Arméniens, ndlr) traversons aujourd'hui une autre étape très difficile de notre histoire».

«Nous montrons au monde aujourd'hui que, malgré les difficultés et nos problèmes internes non résolus, nous restons ensemble et unis», a-t-il ajouté.

Lundi soir, Nikol Pachinian a affirmé devant ses partisans qu'il allait rencontrer Karen Karapetian pour entamer des négociations, une rencontre prévue mercredi car le 24 avril est férié chaque année en Arménie pour la commémoration du génocide.

«Notre révolution de velours a gagné mais ce n'est que le premier pas. Notre révolution ne peut pas s'arrêter à mi-chemin et j'espère que vous allez continuer jusqu'à la victoire finale», a déclaré l'opposant à ses supporters réunis sur la place de la République, dans le centre de la capitale arménienne Erevan.

Vote à l'assemblée

Des Arméniens portant un drapeau national géant participent aux commémorations du génocide arménien, mardi 24 avril 2018 à Erevan [KAREN MINASYAN / AFP]
Des Arméniens portant un drapeau national géant participent aux commémorations du génocide arménien, mardi 24 avril 2018 à Erevan [KAREN MINASYAN / AFP]

La bataille politique n'est pas terminée, le Parlement étant largement dominé par une coalition menée par le Parti républicain d'Arménie de Serge Sarkissian, qui dispose de 65 sièges sur 105. Un vote à l'Assemblée est prévu dans un délai de sept jours pour désigner un successeur au Premier ministre.

Ancien Premier ministre et vice-Premier ministre de Serge Sarkissian jusqu'à sa démission, Karen Karapetian est d'ailleurs un proche de l'ex-homme fort du pays et un membre du Parti républicain d'Arménie, au pouvoir sans interruption depuis près de 20 ans.

«Nous pouvons nous unir dans les moments critiques, négocier et chercher des solutions», avait déclaré Karen Karapetian, tout juste intronisé Premier ministre par intérim, lundi.

L'annonce surprise de la démission de Serge Sarkissian est intervenue lundi, quelques heures après la libération de Nikol Pachinian, interpellé la veille lors d'une manifestation. Il avait aussitôt rejoint les protestataires dans les rues d'Erevan, lançant : «Tout le monde a déjà compris que nous avons gagné !»

«Je quitte le poste de dirigeant du pays», a laconiquement déclaré Serge Sarkissian dans un communiqué annonçant son départ. «Nikol Pachinian avait raison. Et moi, je me suis trompé», a ajouté M. Sarkissian, élu Premier ministre la semaine dernière par les députés après avoir été président pendant dix ans.

N'ayant pas le droit de se représenter à un troisième mandat, il avait fait modifier la constitution pour renforcer les pouvoirs du Premier ministre avant de se faire nommer à ce poste, son successeur comme président n'ayant plus que des pouvoirs honorifiques.

Les manifestants reprochaient également à M. Sarkissian, un ancien militaire de 63 ans, de n'avoir pas su faire reculer la pauvreté et la corruption, alors que les oligarques ont toujours la haute main sur l'économie du pays.

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