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Syrie : le régime continue sa reconquête de la région de Damas

Photo prise le 24 avril 2018 lors d'un voyage de presse organisé par le gouvernement montrant de la fumée s'élevant de bâtiments dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, près de Damas, lors de bombardements visant le groupe Etat islamique (EI) [Maher AL MOUNES / AFP] Photo prise le 24 avril 2018 lors d'un voyage de presse organisé par le gouvernement montrant de la fumée s'élevant de bâtiments dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, près de Damas, lors de bombardements visant le groupe Etat islamique (EI) [Maher AL MOUNES / AFP]

Le régime syrien poursuit sa reconquête de la région de Damas, coeur du pouvoir de Bachar al-Assad, avec l'annonce de la prise de contrôle définitive mercredi du Qalamoun oriental, parallèlement à sa campagne contre le dernier réduit jihadiste dans la capitale.

Confronté depuis 2011 à un conflit meurtrier, le président Assad s'est fait un point d'honneur à conserver le contrôle de Damas, centre névralgique de son pouvoir. Ces dernières semaines, offensives et accords d'évacuation lui ont permis de consolider son emprise sur les environs de la capitale.

Onze jours après la reconquête totale de la Ghouta orientale, dernier bastion rebelle aux portes de Damas, les forces du régime ont officiellement repris le Qalamoun oriental, au nord-est de la capitale. 

La région est «vide de tout terrorisme», a annoncé mercredi la télévision d'Etat, reprenant la terminologie du régime pour désigner les rebelles.

Les forces de sécurité intérieure sont entrées dans les localités de Rouhaiba et de Jairoud où le drapeau syrien a été hissé sur la place principale de la ville.

Des dizaines de bus ont transporté depuis samedi quelques milliers de combattants rebelles et leurs familles de Rouhaiba, Jairoud ainsi que de la localité de Nassiriya vers des territoires tenus par les insurgés dans le nord syrien.

«Remplacement de population»

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, plusieurs de ces convois ont rejoint la région d'Afrine (nord-ouest) contrôlé par des rebelles pro-Ankara.

Ils sont installés dans un camp de déplacés près de la localité de Jandairis, à quelques encablures de la frontière turque, ont assuré des responsables rebelles à l'AFP.

Mais pour le géographe français spécialiste de la Syrie Fabrice Balanche, ces opérations de transfert de rebelles dans la région s'inscrivent toutefois dans une logique de «remplacement de population», à l'initiative d'Ankara. 

En janvier, la Turquie avait mené une offensive pour chasser de l'enclave d'Afrine la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), faisant des dizaines de milliers de déplacés, principalement kurdes.

Les YPG et les responsables kurdes ont accusé à plusieurs reprises Ankara de vouloir modifier la démographie de la région, ce que dément le gouvernement turc.

Face aux insurgés, le régime syrien, appuyé par son allié russe, adopte très souvent la même stratégie: des semaines de siège et de bombardements pour pousser les combattants à accepter un transfert vers des zones rebelles du nord du pays.

Dans le sud de la capitale, les jihadistes de l'EI ont, eux, refusé toute évacuation, selon l'OSDH.

Leur refus a déclenché un déluge de bombes sur leur ultime bastion damascène, composé du camp de Yarmouk et des quartiers adjacents de Hajar al-Aswad, Qadam et Tadamoun.

Photo prise le 24 avril 2018 lors d'un voyage de presse organisé par le gouvernement montrant les forces gouvernementales syriennes avancer à la périphérie du quartier de Qadam, dans le sud de Damas, alors qu'elles poursuivent leur offensive pour chasser le groupe Etat islamique (EI) du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk [Maher AL MOUNES / AFP]
Photo prise le 24 avril 2018 lors d'un voyage de presse organisé par le gouvernement montrant les forces gouvernementales syriennes avancer à la périphérie du quartier de Qadam, dans le sud de Damas, alors qu'elles poursuivent leur offensive pour chasser le groupe Etat islamique (EI) du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk

Depuis le 19 avril, les forces du régime pilonnent jour et nuit avec aviation et artillerie, tandis que les jihadistes ripostent avec des tirs d'obus et de roquettes sur les quartiers progouvernementaux. Des combats au sol opposent également les deux camps.

Selon l'OSDH, ce réduit jihadiste serait défendu par environ un millier de combattants et sa chute permettrait au régime de contrôler l'ensemble de la capitale et de ses environs, pour la première fois depuis 2012.

Depuis jeudi, les bombardements et combats ont tué 61 combattants prorégime et 49 jihadistes, ainsi que 19 civils, selon un nouveau bilan de l'OSDH.

Le symbole Yarmouk

La situation de Yarmouk incarne le drame de la guerre en Syrie, qui a fait plus de 350.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés depuis 2011.

Avant le début du conflit, ce camp de réfugiés devenu progressivement un quartier populaire abritait quelque 160.000 réfugiés palestiniens, ainsi que des Syriens, selon l'Agence de l'ONU pour les réfugiés (UNRWA). 

Après des années d'un siège asphyxiant et de combats, «seules quelques centaines» y vivent toujours aujourd'hui, a estimé le commissaire-général de l'agence onusienne, Pierre Krahenbuhl, depuis Bruxelles où se tient la Conférence des donateurs pour l'avenir de la Syrie.

«Ces derniers mois, il ne restait que 6.000 ou 7.000 (habitants) à Yarmouk et il semble que la plupart ont fui dans des quartiers voisins, en particulier Yalda», a-t-il expliqué.

Yarmouk «symbolise l'ampleur de la souffrance de millions de Syriens mais aussi de centaines de milliers de réfugiés palestiniens», a-t-il estimé.

Les Syriens ont vécu «des traumatismes qu'on ne peut décrire» et «les réfugiés palestiniens en Syrie (vivent) pour la deuxième fois de leur histoire le traumatisme du déplacement».

La Russie a annoncé par ailleurs avoir détruit mardi deux drones des rebelles syriens près de la base aérienne russe de Hmeimim, dans l'ouest du pays.

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