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Yémen : combats entre rebelles et forces loyalistes aux portes de l'aéroport de Hodeida

Les forces progouvernementales yéménites se réunissent  le 15 juin 2018 au sud de l'aéroport de Hodeida, une ville de l'ouest du pays tenue par les rebelles [- / AFP] Les forces progouvernementales yéménites se réunissent le 15 juin 2018 au sud de l'aéroport de Hodeida, une ville de l'ouest du pays tenue par les rebelles [- / AFP]

Les forces progouvernementales au Yémen ont engagé des combats vendredi pour prendre l'aéroport de Hodeida, au troisième jour d'une offensive meurtrière visant à chasser les rebelles de cette ville portuaire, stratégique pour l'acheminement de l'aide humanitaire dans le pays en guerre.

Pour empêcher les forces gouvernementales d'acheminer des renforts vers Hodeida par la route côtière au sud de la ville, les rebelles ont lancé une attaque sur cet axe depuis l'intérieur des terres, tuant 12 soldats, selon des sources militaires et médicales.

La route a été coupée à ce niveau, selon une de ces sources.

Jeudi soir, le chef des rebelles, Abdel Malek al-Houthi, avait appelé ses combattants à faire face à l'offensive contre Hodeida, lancée mercredi par les forces loyalistes au président Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyées par la coalition militaire sous commandement saoudien.

Des combats avaient lieu dans l'après-midi à 2 km au sud de l'aéroport, qui est fermé et situé à la limite sud de la ville, a indiqué un correspondant de l'AFP dans la localité d'Al-Douraïhimi, au sud de Hodeida, ville de l'ouest du pays tenue par les rebelles depuis 2014.

Plus tôt, une source militaire avait indiqué que les forces progouvernementales se préparaient à prendre d'assaut l'aéroport avec l'appui aérien de la coalition.

Depuis le début de l'offensive mercredi, 118 rebelles et 21 membres des forces progouvernementales ont été tués dans les combats, selon des sources médicales.

Cette opération militaire fait craindre une interruption de l'aide humanitaire, essentielle pour un pays frappé par «la pire crise humanitaire du monde» selon l'ONU.

«La bataille de Hodeida pourrait avoir un impact dévastateur sur les civils, à la fois dans la ville et ailleurs au Yémen», a mis en garde Sarah Leah Whitson, directrice du Moyen-Orient à l'ONG Human Rights Watch.

«Bourbier»

Hodeida, grand port sur la mer Rouge, est le point d'entrée d'une grande partie des importations et de l'aide humanitaire en territoire yéménite, et constitue par conséquent un enjeu stratégique.

Face aux craintes internationales d'une suspension de l'aide, le chef de la diplomatie yéménite Khaled al-Yemani s'est voulu rassurant en disant que l'objectif des forces loyalistes n'était pas le port dans l'immédiat.

«Nous n'avons pas l'intention de détruire l'infrastructure» portuaire, a-t-il ajouté.

Le directeur du port Daoud Fadhel a indiqué jeudi à l'AFP que le port restait ouvert malgré l'assaut.

L'Arabie saoudite sunnite, grand rival de l'Iran chiite dans la région, accuse les rebelles yéménites de recevoir une aide militaire iranienne via le port de Hodeida. L'Iran reconnaît soutenir les Houthis mais dément leur fournir des armes.

Les rebelles, qui opposent une forte résistance, ont été appelés par leur chef à faire face aux «forces de la tyrannie».

«Il faut dépêcher des renforts pour la bataille», a lancé Abdel Malek al-Houthi qui s'exprimait pour la première fois depuis le début de l'offensive. Il faut «transformer la côte ouest en bourbier pour les envahisseurs».

Une ONG, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), a affirmé que les habitants de Hodeida restaient confinés chez eux. Quelque 600.000 personnes habitent dans la ville et ses environs.

Des résidents avaient indiqué à l'AFP que les Houthis avaient renforcé leurs défenses dans la cité, creusant des tranchées et déployant des snipers sur les toits.

Hadi à Aden

La coalition dirigée par Ryad intervient au Yémen depuis mars 2015 pour aider le pouvoir de M. Hadi à stopper la progression des rebelles qui occupent de vastes régions dont la capitale Sanaa.

M. Hadi, qui vit en exil à Ryad, est arrivé jeudi à Aden (sud), la capitale provisoire de son autorité internationalement reconnue, pour «superviser» les opérations militaires à Hodeida, selon l'agence de presse officielle Saba.

Dans cette guerre qui a fait près de 10.000 morts en plus de trois ans, la bataille de Hodeida est la plus importante depuis une offensive de 2015 qui avait permis aux forces progouvernementales de reprendre aux rebelles plusieurs régions du sud dont Aden.

Lors d'une réunion jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a répété son «appel à laisser ouverts les ports de Hodeida et Salif», au nord de la ville de Hodeida, pour assurer la continuité de l'approvisionnement de millions de personnes dans ce pays pauvre, dont une partie est au bord de la famine.

Offensive sur Hodeida [ / AFP]
Offensive sur Hodeida [ / AFP]

Les 15 membres de l'instance sont «unis dans leur profonde inquiétude sur les risques concernant la situation humanitaire» à Hodeida, a déclaré à l'issue de la réunion l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia.

Mercredi, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, autre membre de la coalition, ont tenté d'apaiser les craintes. Des «ponts aérien, maritime et terrestre» ont été prévus pour assurer l'acheminement de cette aide, ont-ils affirmé.

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