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Tout savoir sur Covax, le dispositif international visant à garantir un accès équitable aux vaccins

La Côte d’Ivoire a été l’un des premiers pays à recevoir la semaine dernière une livraison de vaccins financés par Covax. La Côte d’Ivoire a été l’un des premiers pays à recevoir la semaine dernière une livraison de vaccins financés par Covax. [SIA KAMBOU / AFP]

Lancée en avril 2020, l'initiative Covax montre enfin ses premiers effets sur le terrain. Le Ghana et la Côte d'Ivoire sont devenus lundi les premiers pays à vacciner contre le coronavirus grâce à ce dispositif international, destiné à garantir un accès équitable aux vaccins à tous les Etats de la planète.

Des vaccins gratuits pour les pays pauvres

Créé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Alliance du vaccin (Gavi) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (Cepi), et soutenu par 190 pays, Covax est composé de deux mécanismes distincts. D'une part, un système d'achat de vaccins au niveau mondial, pour permettre la vaccination cette année d'environ 20 % de la population de chacun des pays participants. D'autre part, un dispositif de financement à destination des pays pauvres, destiné à fournir gratuitement en doses 92 économies à faible et moyen revenu.

La plupart des pays riches, en particulier en Europe, ont finalement préféré négocier des accords bilatéraux avec les laboratoires, se détournant du mécanisme d'achat de Covax. Aujourd'hui, cette initiative internationale fonctionne donc plutôt comme un dispositif d'aide à destination des pays moins développés, dont les campagnes de vaccination sont beaucoup moins avancées.

De premières livraisons la semaine dernière

Le Ghana a eu l'honneur d'être le premier pays à recevoir la semaine dernière, le 24 février, une cargaison de vaccins gratuits financés par Covax, en provenance d'Inde. Il s'agissait de 600.000 doses du vaccin développé par AstraZeneca/Oxford, produites par le fabricant indien Serum Institute of India. Deux jours plus tard, la Côte d'Ivoire a reçu de son côté 500.000 doses du même vaccin. Les deux Etats d'Afrique de l'Ouest ont lancé leur campagne de vaccination lundi, devenant les premiers à vacciner grâce au dispositif Covax.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec 200 millions d'habitants, a de son côté reçu ce mardi près de 4 millions de doses de vaccins AstraZeneca financés par Covax. Ce mardi également, l'Angola a réceptionné une livraison de 600.000 doses.

Hors pays les plus démunis, seuls deux Etats ont pour l'instant reçu des vaccins dans le cadre du mécanisme Covax : la Colombie et la Corée du Sud. Au total, 145 pays recevront 337 millions de doses d'ici à la fin du premier semestre 2021, selon les chiffres dévoilés début février par Covax. D'ici à la fin de l'année, l'objectif est de distribuer 2 milliards de doses, dont 1,3 milliard aux 92 économies à faible ou moyen revenu.

Des dons financiers qui affluent

Depuis le lancement de Covax, le programme a reçu de nombreux dons de pays ou d'organisations internationales. Ils se sont multipliés ces dernières semaines, face aux appels à faire des vaccins un «bien commun mondial».

Le président américain Joe Biden a promis 4 milliards de dollars pour le dispositif (3,3 milliards d'euros), tandis que l'Union européenne a annoncé doubler sa contribution, pour la porter à 1 milliard d'euros. L'Allemagne a de son côté indiqué apporter 900 millions d'euros supplémentaires. L'Europe se targue ainsi d'être le «premier bailleur du dispositif Covax avec une contribution de 2,3 milliards d’euros», en comptant les dons de l'UE, des Etats membres et de la Banque européenne d’investissement.

De son côté, le Royaume-Uni s'est engagé à redistribuer ses doses excédentaires aux pays pauvres, une source gouvernementale affirmant que plus de la moitié irait au programme Covax. Le Premier ministre Boris Johnson a invité les autres puissances à faire de même.

Covax «sapé» par les pays riches ?

Malgré l'engagement financier des pays les plus industrialisés dans le système Covax, l'OMS les a accusés le mois dernier de «saper» le dispositif, en continuant à tenter de s'accaparer les vaccins. «Certains pays riches sont actuellement en train d'approcher les fabricants pour s'assurer l'accès à des doses de vaccins supplémentaires, ce qui a un effet sur les contrats avec Covax», a souligné le directeur général de l'agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, déplorant que «le nombre de doses allouées à Covax (soit) réduit à cause de cela».

«Avoir l'argent ne veut rien dire, si vous ne pouvez pas l'utiliser pour acheter des vaccins», a-t-il fustigé, interrogé sur les importantes contributions des Etats-Unis, de l'UE et de l'Allemagne.

Une autre polémique touche le dispositif Covax, et elle concerne le Canada. Le pays d'Amérique du Nord est le seul membre du G7 à avoir commandé des doses de vaccins dans le cadre de ce programme international. Une décision critiquée dans le pays, certaines voix accusant le gouvernement de «voler» des vaccins à des pays pauvres qui en auraient davantage besoin. Le Canada a en effet déjà pré-commandé assez de doses pour vacciner plus de cinq fois ses 38 millions d'habitants.

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