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Finalement, la prise d'ibuprofène n'aggrave pas l'infection au Covid-19

Les chercheurs de cette nouvelle étude concèdent toutefois l'existence de certaines limites à leurs travaux[Martin BUREAU / AFP]

Au début de l'épidémie de coronavirus, certains spécialistes soupçonnaient les anti-inflammatoires (dont l'ibuprofène) d'aggraver l'infection au Covid-19. Une récente étude a finalement démontré que ce n'était pas le cas.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont une famille de médicaments largement utilisés par le grand public en cas de fièvre avec douleurs. Elle comprend notamment l'ibuprofène (substance active de médicaments très répandus, comme le Nurofen ou l'Advil) ou le kétoprofène.

une «preuve nette»

Les auteurs de l'étude britannique - publiée dans la revue médicale The Lancet Rheumatology ce samedi -  ont examiné les données de 72.000 malades du Covid admis dans 255 centre de soins d'Angleterre, d'Ecosse et du Pays de Galles entre janvier et août 2020. Parmi eux, 4.211 avaient pris des AINS (essentiellement de l'ibuprofène) avant leur hospitalisation. Selon l'étude, la proportion de décès était similaire chez les patients qui avaient pris des AINS et ceux qui n'en avaient pas pris (30,4% et 31,3%).

«L'utilisation d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) n'est pas associée à une augmentation de la mortalité ou de la gravité du Covid-19», conclut ainsi cette vaste étude. «Nous avons maintenant une preuve nette que les AINS peuvent être utilisés en toute sécurité chez les patients qui ont le Covid-19», a commenté l'auteur principal de l'étude, le professeur Ewen Harrison (université d'Edimbourg), cité dans un communiqué.

«Les AINS sont couramment utilisés à travers le monde dans de nombreuses situations, qui vont des douleurs bénignes au traitement de maladies chroniques», comme par exemple la polyarthrite rhumatoïde. «De nombreuses personnes comptent sur eux pour être capables de mener leurs activités quotidiennes», rappelle le chercheur.

des limites

Des craintes sur les AINS avaient émergé au début de la pandémie de Covid. Elles étaient nourries par le fait que cette famille de médicaments est par ailleurs suspectée d'aggraver des infections, notamment bactériennes. «La prise d'anti-inflammatoires (ibuprofène, cortisone...) pourrait être un facteur d'aggravation de l'infection» au Covid, avait twitté en mars 2020 le ministre français de la Santé, Olivier Véran, en conseillant de privilégier le paracétamol en cas de fièvre.

Dans la foulée, l'OMS avait recommandé aux personnes présentant des symptômes similaires à ceux du Covid de ne pas prendre de l'ibuprofène en automédication, sans prescription médicale. De son côté, l'Agence européenne des médicaments (EMA) avait souligné qu'«il n'y a actuellement aucune preuve scientifique établissant un lien entre l'ibuprofène et l'aggravation du Covid-19».

Les chercheurs de cette nouvelle étude concèdent toutefois l'existence de certaines limites à leurs travaux. Parmi elles, le fait qu'on ne sait pas pendant combien de temps les patients avaient pris des AINS, ni s'ils les prenaient sur le long terme pour des maladies chroniques ou occasionnellement pour des douleurs passagères.

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