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Turquie : Recep Tayyip Erdogan menace d'expulser 10 ambassadeurs dont celui de la France

Recep Tayyip Erdogan n a pas apprécie le soutien français à un de ses opposants emprisonné. [Osvaldo Silva / AFP]

Le président turc Recep Tayyip Erdogan menace d'expulser les ambassadeurs de dix pays dont la France, l'Allemagne et les États-Unis après un appel lancé cette semaine en faveur de la libération de l'opposant Osman Kavala.

«J'ai dit à notre ministre des Affaires étrangères que nous ne pouvons plus nous permettre de les accueillir dans notre pays», a déclaré le chef d’État turc, selon des propos rapportés jeudi par plusieurs médias locaux.

Dans un communiqué publié lundi soir, le Canada, la France, la Finlande, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède et les États-Unis ont réclamé un «règlement juste et rapide de l'affaire» Osman Kavala, éditeur et mécène turc devenu une bête noire du régime, emprisonné depuis quatre ans sans jugement.

«Est-ce à vous de donner une leçon à la Turquie ? Qui êtes-vous ?», a réagi le président turc, soulignant que la justice turque est «indépendante», selon ces médias locaux.

«une ombre sur le respect de la démocratie»

Dès le lendemain de leur communiqué commun, mardi matin, les ambassadeurs de ces dix pays avaient été convoqués par le ministre des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, qui jugeait «inacceptable» leur appel en faveur d'Osman Kavala.

Les diplomates estimaient notamment que «le retard persistant [pris par] son procès (...) jette une ombre sur le respect de la démocratie, de l'Etat de droit et de la transparence du système judiciaire turc».

Figure majeure de la société civile, Osman Kavala est accusé depuis 2013 par le régime du président Erdogan de chercher à déstabiliser la Turquie.

Kavala fut à l'origine arrêté pour sa participation au mouvement de Gezi en 2013 - du nom d'un parc proche de la place Taksim à Istanbul. Recep Tayyip Erdogan était alors Premier ministre. Il a ensuite été accusé de tentative de coup d'État et d'espionnage.

Osman Kavala, qui a toujours nié les charges pesant contre lui, risque la prison à vie. Il comparaîtra de nouveau le 26 novembre.

Dans un entretien à l'AFP, Osman Kavala a estimé la semaine dernière que sa détention permet au régime de Recep Tayyip Erdogan de justifier ses «thèses complotistes».

«Puisque je suis accusé d'avoir pris part à un complot organisé par des puissances étrangères, me libérer affaiblirait cette fiction et ce n'est certainement pas ce que le gouvernement souhaite», relevait-il

Le Conseil de l'Europe a menacé Ankara de sanctions, qui pourront être adoptées lors de sa prochaine session (30 novembre au 2 décembre) si l'opposant n'est pas libéré d'ici là.

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