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Européennes : l'abstention, fléau des élections

Carte de l'Union européenne et chiffres de l'abstention pays par pays lors du scrutin de 2009 [-, S. Ramis/V. Lefai / AFP] Carte de l'Union européenne et chiffres de l'abstention pays par pays lors du scrutin de 2009 [-, S. Ramis/V. Lefai / AFP]

Depuis les premières élections du Parlement européen au suffrage universel direct, en 1979, le taux de participation ne cesse de baisser, et un nouveau record d'abstention est attendu cette année.

En 2009, lors des précédentes européennes, le taux d'abstention avait été en moyenne de 57% dans l'UE, avec des pointes à plus de 70% dans six pays, le record étant détenu par la Slovaquie où un peu plus de 80% des électeurs avaient boudé les urnes.

Les deux seuls pays où l'abstention était sous la barre des 10% étaient la Belgique et le Luxembourg, où le vote est obligatoire.

Trente ans plus tôt, en 1979, alors que l'UE comptait neuf Etats, l'abstention plafonnait à 37%.

Une participation en berne constitue un problème pour la représentativité et la légitimité des élus, reconnaissent les eurodéputés de tous bords. Les niveaux record d'abstention sont l'une des preuves de la "grande précarité de la légitimité démocratique de l'Union", affirme l'universitaire Antoine Vauchez, directeur de recherche au CNRS.

Longtemps cantonné à un rôle consultatif, le Parlement européen est pourtant doté désormais du pouvoir de co-décision avec les Etats. Quasiment toutes les lois européennes doivent recevoir son aval.

Mais le Parlement européen continue d'être perçu comme "trop lointain" par les citoyens européens. Une récente étude d'Eurobaromètre, l'office européen qui mesure l'état de l'opinion publique dans l'UE, a montré que 67% des Européens estiment que leur voix "ne compte pas dans l'UE".

"Naturellement, si l’on estime que sa voix ne compte pas, on est d’autant plus susceptible de s’abstenir", souligne Michael Malherbe, animateur d'un blog spécialisé sur la communication européenne.

Entre 2009 et 2013, l’image positive de l'Union a baissé de 18 points, tandis que l’image négative progressait de 14 points. Selon Eurobaromètre, "la proportion de personnes affirmant avoir une image positive de l’UE se maintient à un niveau tout juste supérieur à celle des répondants qui en ont une image négative".

Graphique montrant les candidats des principaux partis européens à la présidence de la Commission européenne en 2014. [-, T.Eberding/V.Lefai/S.Ramis / AFP]
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Graphique montrant les candidats des principaux partis européens à la présidence de la Commission européenne en 2014.

De même, en matière de confiance dans les institutions européennes, la baisse est vertigineuse: - 17 points entre 2009 et 2013 pour se situer à seulement 31%.

Contrairement à de nombreux Parlements nationaux, où le clivage est net entre majorité et opposition, les eurodéputés --à l'exception des eurosceptiques et des europhobes-- cultivent l'art du compromis, que ce soit dans le travail en commissions ou lors des votes en séance plénière.

Cette recherche constante du compromis sur des dossiers parfois très complexes rend le travail parlementaire assez opaque pour les opinions publiques.

Les partis politiques eux-mêmes, notamment en France, se servent parfois du Parlement européen pour "recycler" certains de leurs élus battus lors de scrutins nationaux, plutôt que de présenter des candidats au fait des affaires européennes.

Pour tenter de répondre au déficit démocratique dont souffre l'UE et, in fine, mobiliser les électeurs, les cinq principaux partis représentés au Parlement européen: conservateurs du Parti populaire européen (PPE), socialistes, libéraux (centristes), Verts et gauche radicale ont désigné un chef de file candidat à la présidence de la Commission européenne.

Le Parlement européen mise sur cette nouveauté pour tenter de conjurer l'apathie des électeurs et voudrait les convaincre, selon le slogan retenu pour la campagne que "cette fois-ci, c'est différent".

 

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