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Japon : moine bouddhiste... mais aussi DJ

Dans un temple niché dans une vallée du Japon, Akinobu Tatsumi mène une double vie peu commune de moine bouddhiste, qui initie occasionnellement ses ouailles du troisième âge à l'art du disc-jockey.

À 38 ans, cet autodidacte du mixage, adepte du hip hop depuis l'adolescence, enregistre sa propre musique d'ambiance, au fin fond de l'île de Kyushu, dans le sud-ouest de l'archipel.

Après avoir longtemps dissimulé son hobby nocturne, Akinobu Tatsumi s'ouvre désormais auprès de ses visiteurs de sa passion du maniement des disques vinyle.

«Il est vrai qu'on attend d'habitude d'un moine un sermon classique», explique-t-il. «La première fois que j'ai sorti mes platines et que j'ai montré aux grand-mères et aux grands-pères comment scratcher, ils ont en effet eu l'air un peu éberlués. Dans la région, on m'appelle le moine funky», raconte-t-il, après avoir chanté un sutra.

Avec ses cheveux longs attachés, il n'a pas non plus le physique habituel des moines bouddhistes. Il s'amuse aussi à pratiquer le beatbox, se transformant en vrai instrument humain. «J'ai été influencé par le hip hop, j'écoute Run-DMC et Public Enemy», dit le moine, qui ajoute : «C'est comme ça que je me suis mis au beatboxing. Il m'est arrivé de m'entraîner au bord d'une falaise où il y avait un superbe écho».

Son amour de la musique a commencé très tôt, avant sa naissance, assure-t-il. «Ma mère plaçait une enceinte sur son ventre avec de la musique classique ou du disco des années 1970. Plus tard, lorsque j'ai découvert ces disques, j'ai eu l'impression de les avoir déjà entendus, c'était vraiment bizarre.»

Maintenant, pour ses propres compositions, il mixe électro, dubstep et chants bouddhistes.

Atteint d'une sclérose en plaques diagnostiquée il y a quatre ans et contraint de se déplacer avec une canne, il continue de poursuivre sa passion. «J'ai cru que j'allais mourir», dit le moine-musicien au sujet de son séjour à l'hôpital. «Je voulais laisser quelque chose après moi, j'ai même utilisé le 'bip, bip' des moniteurs de fréquence cardiaque pour composer de la musique de club».

Cet ancien skateboarder constate que sa maladie l'a rapproché de ses ouailles. «J'ai bien sûr été en contact avec la mort en tant que prêtre avec les obsèques et veillées», dit-il. «Mais soudain, je me suis senti proche des personnes âgées et des gens atteints de maladies ou victimes d'accidents que je vois venir au temple. À présent, je m'entends très bien avec les plus anciens !».

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