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L'ombre de "Nez cassé" plane sur le procès des pirates du Ponant

Croquis d'audience en date du 22 mai 2012, montrant les six accusés somaliens de la prise d'otages du Ponant lors de leur procès à Paris.[AFP/Archives]

Un homme surnommé "Sanjab" (Nez cassé), a été décrit par plusieurs des six accusés somaliens de la prise d'otages du Ponant comme l'un des meneurs de cet acte de piraterie mais, n'ayant pas été interpellé, il n'est pas jugé à leurs côtés aux assises de Paris.

Plusieurs autres noms (Houkoun, Khalif, Khadiye) sont également revenus au fil des interrogatoires, durant trois jours jusqu'à mardi.

Ces hommes, dont aucun n'est sur le banc des accusés, ont été présentés comme des acteurs principaux, voire des chefs de la prise en otages des 30 membres d'équipage du luxueux voilier au large de la Somalie, du 4 au 11 avril 2008.

Les otages avaient été libérés sains et saufs en échange d'une rançon de 2,15 millions de dollars. Quelques heures plus tard, les forces spéciales françaises avaient interpellé à terre les six pirates présumés, dans un 4X4 qui s'éloignait d'un village côtier. Des armes et une partie de la rançon (181.000 dollars) ont été retrouvés dans le véhicule.

Le seul à reconnaître être un pirate, Ismaël Ali Samatar, 31 ans, a expliqué qu'il était parti "pour aller pêcher" avec une douzaine d'hommes. Après avoir arraisonné un bateau de pêche yéménite, ils ont jeté leur dévolu sur le Ponant.

"Sanjab a choisi neuf hommes" pour aller à l'abordage, "tandis que cinq, dont moi-même, devions attendre sur le bateau yéménite qu'une barque revienne nous chercher", a-t-il raconté.

Selon ses déclarations, c'est également Sanjab qui lui a pris son fusil pour le donner à ceux qui gardaient les otages. Il a dit avoir été chargé à bord du Ponant de tâches subalternes, sa part de la rançon ayant été de 37.000 dollars.

"milice de la mer"

Deux autres accusés, Daher Guled Saïd, 34 ans, et Mohamed Saïd Hote, 50 ans, ont reconnu être montés sur le Ponant, mais pour y vendre des cigarettes, du khat et des chèvres. Le premier a également admis avoir remplacé un garde "pendant quelques heures" et avoir touché au total 11.700 dollars.

Saïd Hote a dit s'être mis d'accord sur les approvisionnements "dans un café à terre" avec Sanjab, et avoir été ensuite payé par ce dernier, quelques centaines de dollars. Il serait monté dans le 4X4 parce qu'il devait aller chez le médecin.

Les trois autres accusés affirment n'être jamais montés sur le Ponant. Abdulqader Guled Said, 34 ans, pêcheur de langoustes, a assuré avoir rejoint dans le 4X4 son demi-frère Daher et son ami d'enfance Ismaël Ali Samatar, parce qu'il voulait aller voir sa famille et avait aussi l'espoir de "grapiller un peu d'argent".

Ali Samatar lui a temporairement "confié" 9.200 dollars, préférant répartir son argent "au cas où des bandits armés nous attaqueraient" sur la route, a-t-il dit.

Abdurahman Ali Samatar, 28 ans, frère d'Ismaël, a expliqué avoir proposé ses services comme "garde" à la "milice de la mer dirigée par Houkoun", mais avoir été recalé par "un certain Khalif", au motif qu'il était "trop craintif" et ne "savait pas manier une arme". Il a dit être monté dans le 4X4 dans l'espoir que son frère lui donne "un peu" d'argent.

Abdullahi Youssouf Hersi, 25 ans, chauffeur de taxi, a dit que son véhicule étant en panne, il avait accepté pour 100 dollars de prendre le volant du 4X4.

Toutes ces déclarations ont suscité l'incrédulité des avocats des parties civiles.

Les accusés "racontent des fables tellement outrancières que leur crédibilité est nulle", a estimé en marge de l'audience Me Michel Quimbert, avocats des membres d'équipage.

Le verdict est attendu la semaine prochaine.

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