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La technologie au secours des éléphants d'Afrique

Un éléphant s'approche d'un hélicoptère dans la réserve de Samburu, au Kenya, le 15 septembre 2015 [PETER MARTEL / AFP] Un éléphant s'approche d'un hélicoptère dans la réserve de Samburu, au Kenya, le 15 septembre 2015 [PETER MARTEL / AFP]

Face aux gangs de braconniers qui se modernisent pour chasser les éléphants d'Afrique, les protecteurs des pachydermes se tournent eux aussi vers les technologies avancées pour empêcher leur extinction.

 

Dans les étendues sauvages de la réserve de Samburu, dans le nord du Kenya, Google, le géant américain de l'internet, s'est attelé à la création de cartes en trois dimensions à base de données satellitaires qui permettent de suivre les déplacements de dizaines d'éléphants équipés d'un collier. L'idée est de garantir leur sécurité à court terme et de contribuer à long terme à la protection de leur habitat. "Cela constitue une inestimable banque d'informations", commente Iain Douglas-Hamilton, patron du groupe écologiste Save the Elephants (Sauvez les éléphants) tout en présentant une carte où l'on voit presque en temps réel de petites icônes d'éléphants se déplacer sur un grand écran de télévision.

Alors que le prix de l'ivoire atteint plusieurs milliers de dollars par kilo en Asie, les organisations militant pour la protection des éléphants craignent que l'espèce puisse disparaître d'Afrique en l'espace d'une génération. Mais dix ans de coopération entre écologistes et Google ont fait que, au moins dans ce coin du Kenya, le braconnage recule. "C'est une anomalie sur le continent africain, mais nous avons traversé l'oeil du cyclone et le braconnage est en recul ici", dit M. Douglas-Hamilton. "Nous pouvons utiliser la technologie de Google Earth pour comprendre les schémas de migration et nous en servir pour assurer une meilleure protection" des éléphants, ajoute Farzana Khubchandani, directrice marketing de Google Kenya.

Le militant de la cause animale Iain Douglas-Hamilton pose près d'un véhicule détruit par un éléphant dans la réserve de Samburu, au Kenya, le 15 septembre 2015 [PETER MARTEL / AFP]
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Le militant de la cause animale Iain Douglas-Hamilton pose près d'un véhicule détruit par un éléphant dans la réserve de Samburu, au Kenya, le 15 septembre 2015
 

Chaque éléphant équipé d'un collier apparait sur une carte sur laquelle est surimposée la manière dont sont utilisés les sols, une indication précieuse au moment où l'extension des terres arables réduit les espaces sauvages pour les animaux. A ce jour, 85 éléphants sont ainsi suivis, la moitié dans le nord du Kenya, le reste en République démocratique du Congo, en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Le Kenya tente d'empêcher les braconniers de s'en prendre à ses derniers éléphants - ils ne seraient plus que quelque 30.000 - et à son dernier millier de rhinocéros.

La réserve de Samburu, à 300 km au nord de Nairobi, accueille quelque 900 éléphants. Mais le conflit entre l'homme et l'animal s'y aggrave car le bétail déborde sur le parc en raison de la sécheresse. A court terme, le suivi des éléphants grâce aux colliers améliore la sécurité des animaux, mais l'affaire a un coût certain: 8.000 dollars pièce pour l'achat de l'appareil, son ajustement et son entretien. "Les colliers peuvent nous dire qu'un animal ne bouge plus. Cela nous permet de réagir très rapidement et d'envoyer des patrouilles", dit David Daballen, responsable des opérations sur le terrain de Save the Elephants. "A long terme, cela permet une meilleure planification pour créer des couloirs pour les animaux" dans des zones menacées par le développement, explique M. Douglas-Hamilton.

 

Des éléphants sur Google Street View

En complément des cartes, les chercheurs établissent un arbre généalogique des familles d'éléphants. "Voici Flaubert, il a 26 ans", déclare M. Douglas-Hamilton, conduisant lentement dans la famille baptisée "les artistes", chacune portant un nom différent. "Voilà Rodin et Matisse, mais Gauguin est mort malheureusement", ajoute le zoologue britannique de 73 ans qui a passé sa vie parmi les pachydermes et dénonce "un génocide des éléphants". Il est capable de nommer chacun des 23 éléphants qui mangent le long de l'Ewaso Ng'iro, une rivière serpentant au milieu des 165 km2 de la réserve.

Un homme montre le collier émetteur qui permet de pouvoir suivre les déplacements des éléphants dans la réserve de Samburu, au Kenya, le 15 septembre 2015 [PETER MARTEL / AFP]
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Un homme montre le collier émetteur qui permet de pouvoir suivre les déplacements des éléphants dans la réserve de Samburu, au Kenya, le 15 septembre 2015
 

Google a annoncé cette semaine le lancement d'un service de Google Street View qui permet d'un clic d'observer la population d'éléphants de Samburu. Des caméras spéciales installées sur le toit de voitures ont pris des images à 360 degrés pour alimenter la base d'images qui permettent des visites virtuelles. Une façon de sensibiliser les internautes au sort des éléphants et de promouvoir le tourisme. Les bonnes vielles méthodes d'étude restent toutefois valables. Dans le centre de recherches de Samburu on peut observer des dizaines de mâchoires d'éléphants tués par des braconniers ou victimes de la sécheresse. Leurs dents fournissent des informations précieuses sur l'âge de leur mort.

D'autres parties du squelette permettent de retracer leur vie. "On a une balle ici, une autre là", explique M. Daballen en soulevant l'os blanchi d'une épaule. Ebony, l'éléphant à qui elle appartenait, n'est en fait pas mort de ces tirs à l'épaule, mais d'une balle reçue dans la tête en mai 2011.

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