Chaque été, le scénario se répète. Des milliers de chiens et de chats sont abandonnés par leurs propriétaires à l’approche des vacances. Certains sont recueillis par des refuges, mais ces derniers souffrent d’une surpopulation préoccupante.
Avec des campagnes de sensibilisation mais aussi avec le travail quotidien des bénévoles, la Fondation 30 Millions d’Amis lutte contre ce fléau. Pour sa présidente, Reha Hutin, une prise de conscience est nécessaire.
Le nombre d’abandons aurait été très important cet été. Comment l’expliquer ?
Les 250 refuges de la Fondation 30 Millions d’Amis n’ont pas relayé une hausse dramatique des abandons en cette rentrée. Mais il s’agit toutefois d’une réalité permanente. Les sites d’accueil sont constamment surpeuplés. Je note que notre campagne vidéo contre l’abandon, diffusée avant l’été, a été vue plus de 33 millions de fois. Elle n’a peut-être pas dissuadé les gens de se séparer de leur animal, mais elle en a poussé beaucoup à franchir le pas de l’adoption.
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Au-delà de cette campagne, comment sensibiliser contre cette pratique ?
Il y a aujourd’hui une nette baisse des abandons sur la voie publique. Cela est lié au fait qu’il est obligatoire de faire pucer son animal. Un propriétaire qui se séparerait de son animal peut donc être identifié et poursuivi. La plupart des gens se rendent au refuge parce qu’il a trop grossi, trop grandi… Je préfère cette démarche qui est moins lâche. Elle donne au moins une chance à l’animal de trouver un autre foyer. Par ailleurs, nous avons créé un diplôme universitaire en droit animalier à Limoges : il faut renforcer la pédagogie pour que les lois de protection animale soient mieux appliquées.
Pourquoi la France détient-elle le record d’Europe en la matière ?
Nous sommes le pays de Descartes et de son «animal-machine». Au lieu de le reconnaître comme un être vivant, notre code civil l’a longtemps considéré comme un meuble. Mais cela vient de changer. Nous avons lutté pour cela depuis quarante ans avec notre émission pour faire évoluer les mentalités, ce qui prend du temps. Et nous continuons aujourd’hui sur les réseaux sociaux pour toucher le jeune public, qui réagit énormément à la question animale.
Que peut-on faire si l’on souhaite s’investir pour la cause ?
Il faut d’abord prendre conscience que l’animal est un être sensible. Chacun peut aussi mener de petites actions bénévoles. Des gens viennent le week-end aux refuges promener les chiens et jouer avec eux. D’autres se contentent de caresser les chats, qui en ont grand besoin. Certains envoient des couvertures pour l’hiver. Et il reste les dons, même minimes, qui permettent aux refuges de s’occuper au mieux de leurs pensionnaires.