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François Rollin dans la peau du "Professeur"

François Rollin passe en revue les sujets les plus extravagants [© Maléan/RSVP]

Qu’il endosse son costume de chroniqueur sur France Inter, ou, comme il le fait sur la scène de l’Européen, celui du "Professeur", François Rollin manie les mots avec précision et humour. Pourtant, dans la peau de ce donneur de leçon, il se fait parfois – tragédie de Charlie Hebdo oblige – grave et sérieux. S’il répond toujours aux questions absurdes de ses fans, il aborde aussi les thèmes du racisme anti-Blanc, de la marchandisation, et du règne de la bien-pensance. Une façon d’ancrer son métier de comédien dans l’actualité sans pour autant jouer les moralistes.

 

Pourquoi endosser à nouveau le costume du professeur Rollin ?

J’avais envie de ne pas dire que des futilités sur scène, mais aussi d’aborder des thèmes plus graves. Il se trouve que le personnage du Professeur est parfait pour ça. Il est farfelu sans être idiot.

 

L’étiquette de comique vous agace ?

Pour moi, un humoriste ne doit pas se contenter de sujets "rigolos". Il ne s’agit pas juste de vouloir faire rire, il faut se poser la question : "qu’est-ce qu’on veut dire ?" Il faut aussi parler de l’époque dans laquelle on vit. Le but est d’avoir un discours sur les choses, et tant mieux si, en plus, on le fait avec humour. J’aime entendre des gens comme François Morel ou Gaspard Proust rebondir sur l’actualité.

 

Vous combattez la bien-pensance, le mal de notre époque ?

Ma morale n’équivaut pas à dire : "tu ne dois pas." Je déteste la peur de nommer les choses. Il faut redonner la possibilité de ne pas être d’accord, et donner sa chance au débat.

 

Que pensez-vous d’un humoriste comme Dieudonné ?

Tout le monde le dira, c’est quelqu’un qui a beaucoup de talent. Le problème, c’est qu’il est désormais en croisade, et qu’il utilise justement la scène pour ses théories.  C’est toujours dommage de devoir en arriver à utiliser la loi pour interdire ses spectacles, mais il croit réellement ce qu’il dit sur scène. Il pense vraiment que les juifs lui en veulent. A partir de là, ce n’est plus possible.  

 

La scène est-il un exercice qui vous attire ?

Pas naturellement. La scène est l’exercice le plus exigeant, mais il fait partie du jeu. Je ressens toujours une appréhension avant d’y monter. Mais c’est la prolongation naturelle de mon métier, et ça me permet d’entretenir ma relation avec le public.

 

Vous multipliez les mises en scène et les collaborations. Savez-vous pourquoi on vient vous chercher ?

Selon ce que j’en sais, c’est avant tout parce que je me soucie du fond. Quel est le discours derrière les dialogues, les sketchs ? Il faut aussi avoir des certitudes sur ses convictions, être persuadé par l’importance du langage. J’aime mettre l’outil de la langue au service des autres, je ne me réserve pas certains sujets ou bonnes répliques.

 

Le professeur Rollin se rebiffe, du jeudi au dimanche, jusqu’au 29 mars, L’Européen, Paris 17e.

 

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