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Danse : les 5 ballets parisiens de la rentrée à ne pas manquer

Parmi les événements de la rentrée, "Dancing grandmothers" de la Coréenne Eun-Me Ahn sera présenté au Théâtre de la Ville à la fin septembre.[Youngmo Choe]

Grands-mères sur scène, sensibilité littéraire, recherche de nouveaux lieux, nudité… La saison automnale mixe reprises de haute volée et créations audacieuses.

 

A partir de la mi-septembre, les spectacles vivants reprendront leur activité à Paris. De quoi ravir les fans de ballets. Pour autant, faire son choix au milieu d'une abondante programmation se révèle parfois compliqué. Pour y voir plus clair, voici une sélection des cinq ballets les plus attendus qui feront l'actualité de la scène chorégraphique.

 

Retour sur la carrière de Trisha Brown

Une “locomotive de l’abstraction” : ainsi peut se comprendre l’art de Trisha Brown, d’après sa propre définition. Elancée, anguleuse, graphique et gracieuse : depuis plus de cinquante ans, la chorégraphe américaine, née en 1936, dessine une oeuvre magistrale. S’inscrivant dans des décors souvent colorés, ses danseurs à la silhouette dépliable et à l’agilité stupéfiante s’envolent et retombent, sans feinte spectaculaire. Economie de gestes et émotion : chez Brown, un mouvement simple peut surprendre par sa redoutable efficacité.

Le Théâtre de Chaillot invite à redécouvrir quatre pièces (1976 pour la plus ancienne ; 2011 pour la plus récente) de sa composition. L’occasion de se délecter de son écriture si singulière qui a considérablement marqué l’histoire de la danse.

“Quatre pièces” de Trisha Brown, au Théâtre de Chaillot, du 4 au 13 novembre

 

La fraîcheur exotique de Eun-Me Ahn

Il y a toujours une certaine frénésie à voir éclore un nouvel artiste. Eun-Me Ahn, chorégraphe née en 1963, a longtemps travaillé dans son pays natal, la Corée du Sud, avant de s’établir à Berlin. Ses créations, jusque là très confidentielles en France, bénéficient depuis quelques mois d’une visibilité élargie. L’année France-Corée 2015-2016 qui s’ouvre va lui permettre de gagner encore en notoriété.

Avec “Dancing teen teen”, “Dancing grandmothers” et “Dancing middle-aged men” (montrés dans la même foulée), Eun-Me Ahn fait danser respectivement des adolescents, des seniors et des hommes adultes, et interroge à travers eux ce qui fait la cohérence d’une génération, ce qui relie des individus disparates à un groupe homogène. Coloré et enlevé, l’univers de la chorégraphe emprunte des motifs coréens traditionnels sans s’empêcher une inventivité très contemporaine.

Eun-Me Ahn au Théâtre de la Ville. “Dancing teen teen”, du 23 au 25 septembre“Dancing grandmothers”, du 27 au 29 septembre“Dancing middle-aged men”, les 2 et 3 octobre à la Maison des arts et de la culture de Créteil

 

Boris Charmatz investit l’Opéra de Paris

C’est une intronisation culottée. Pour la première fois, le Palais Garnier, temple du ballet intemporel, fait entrer à son répertoire une pièce de Boris Charmatz, figure de la scène conceptuelle qui compte, dans le milieu chorégraphique, autant d’admirateurs béats que de détracteurs qui le jugent surcoté. Déconstructeur, provocateur, visionnaire, Charmatz, roi du happening, a cherché depuis ses débuts dans les années 90 à troubler le spectateur, à concomitamment l’amuser et le déranger.

“20 danseurs pour le XXe siècle”, programme autour de l’histoire de la danse, déjà présenté à New York et Berlin, investira l’Opéra de Paris, où le chorégraphe français fut élève dans son enfance. Son travail promet une nouvelle fois de déconcerter. L’étiquette veut que les interprètes tournoient sur le plateau ? Charmatz les fera danser ailleurs, au plus près du public, dans les espaces publics du bâtiment. L’Opéra a la réputation de présenter des ballets peu accessibles ? Pour Charmatz, le tarif est unique : 15 euros le billet. Une bonne nouvelle pour ce qui s’impose comme l’un des moments les plus exaltants de la rentrée.

“20 danseurs pour le XXe siècle” de Boris Charmatz, au Palais Garnier, du 25 septembre au 11 octobre

 

Angelin Preljocaj, maître en son royaume

Entre Angelin Preljocaj et le Théâtre de Chaillot, c’est une histoire de fidélité. Depuis longtemps, le chorégraphe français d’origine albanaise, plébiscité tant par la critique que le public, y présente ses créations. La dernière ne fait pas exception. “Retour à Berratham”, rodé cet été dans la Cour d’honneur du Palais des papes en Avignon, fait se rejoindre danse et littérature.

Sur un texte spécialement rédigé par le romancier Laurent Mauvignier, qui suit les pérégrinations d’un homme revenu de la guerre, Preljocaj appose une gestuelle crue et intense. Noir et habité, son ballet trace une continuité dans son oeuvre après “L’Anoure” (sur un texte de Pascal Quignard, 1995), “Le Funambule” (un solo d’après Jean Genet, 2009) et “Ce que j’appelle oubli” (adaptation d’une nouvelle de Mauvignier, 2012), dans la volonté de faire coïncider mots et mouvements, d’entremêler les langages.

“Retour à Berratham” d’Angelin Preljocaj, au Théâtre de Chaillot, du 29 septembre au 23 octobre

 

Les corps troublants de Mette Ingvartsen

Ils sont douze sur scène. Nus. Des corps qui se frôlent et s’éloignent. S’aimantent et se retrouvent. “Dans la société contemporaine, il y a une sorte de “potentiel sexuel” présent absolument partout. Tout est hyper-sexualisé”, constate le chorégraphe Mette Ingvartsen, pour évoquer sa pièce. La danse doit-elle pour autant succomber à la nudité généralisée ? La nudité sur le plateau représente-t-elle la même nudité que celle véhiculée ailleurs, par la publicité, la pornographie, l’imagerie ?

A travers ses interprètes déshabillés (un motif omniprésent dans la création contemporaine), la chorégraphe danoise cherche à lancer une réflexion plutôt qu’asséner une thèse. Sa danse, tactile et visuelle, interrogatrice et troublante, ambitionne d’être une expérience, aussi sensuelle que cérébrale.

“7 pleasures” de Mette Ingvartsen, au Centre Pompidou, du 18 au 21 novembre

 

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