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Amelle Chahbi "J'ai beaucoup appris"

Amelle Chahbi dans Amour sur place ou à emporter Amelle Chahbi dans Amour sur place ou à emporter [Thomas Bremond]

Visage angélique, caractère de feu, Amelle Chahbi, comédienne révélée par le Jamel Comedy Club,  passe à la réalisation. Avec Amour sur place ou à emporter, elle transpose à l’écran la pièce qu’elle a écrite et jouée pendant quatre ans avec son compère Noom Diawara.

 

Après la pièce, le film. Comment est née l’envie d’adapter pour le cinéma Amour sur place ou à emporter?

Nous ne pensions absolument pas adapter cette pièce. On nous l’a proposé. Une offre comme celle-ci ne se refuse pas, alors on s’est dit  « pourquoi pas un nouveau défi ».  

 

Quelles contraintes avez-vous rencontrées lors de l’adaptation ?  

Au théâtre, on cabotine, on exagère. Là, il fallait trouver le juste milieu, scénariser cette pièce. Certains passages ne pouvaient pas exister au cinéma qui plus est parce que c’était une pièce à sketchs. Il fallait lui donner un liant, une intrigue et retravailler l’écriture.

Dans une comédie romantique tout est calibré. Nous avions écrit la pièce à deux, Noom Diawara et moi-même sous le regard de Fabrice Eboué, le scénario nous l’avons écrit à quatre : le duo d’auteurs Matt Alexander, Noom et moi-même. Pour l’interprétation, nous avons gardé quelques rouages du stand up pour conserver le rythme des rires, grossir un peu les traits, mais dans le jeu, il a fallu doser les effets.

 

Comment avez-vous abordé cette première réalisation ?

 Je n’avais jamais réalisé et je n’avais pas la prétention de le faire. J’ai rencontré plusieurs réalisateurs, mais  je connaissais tellement mon sujet, qu’à chaque rendez-vous, j’ajoutais mon grain de sel. Un jour mon producteur m’a dit : « j’ai trouvé quelqu’un, c’est toi ».

Cela dit, je pense que réaliser, c’est connaître son sujet, savoir où l’on va et être maître de son bateau. Pour tout ce qui est technique je me suis entourée d’un réalisateur Tristan Aurouet qui a, entre autres, travaillé avec Gilles Lellouche sur Narco. Il a accepté de m’épauler.  Je sors de cette expérience grandie.

 

Avez-vous pensé à confier votre rôle à une autre comédienne pour vous consacrer à la réalisation ?

Dans la mesure où le choix de réaliser s’est fait à la dernière minute, non. La chance que j’ai eu, c’est que je connaissais mon texte par cœur puisque je l’ai écrit et joué pendant quatre ans.

Il n’y avait pas ce côté préparation. Je ne suis pas pour la double casquette, mais j’étais bien entourée et puis, surtout, je connaissais la pièce sur le bout des doigts.

 

Un premier film implique souvent un petit budget comment s’est passé le tournage ?

Effectivement, on reste un petit film avec un petit budget. Le tournage a duré sept  semaines, nous avons optimisé les lieux, les scènes.

On est un peu les chinois du cinéma. Pas de pause, un sandwich le midi, des journées à rallonge. Mais nous étions tellement conscients de notre chance que si on nous avait dit « tu dois le faire en deux semaines », nous l’aurions fait.

 

Comment vous êtes-vous répartis les tâches avec Noom Diarawa ?

Il a écrit, il joue il est directeur artistique. Il m’a laissé faire le sale boulot (rire) et à la fin je lui apportais trois propositions et il choisissait. Le fait que lui soit libéré des contraintes techniques, qu’il ait un œil frais, cela nous a aidés.

 

Passer d’une pièce en duo à un film de troupe. Comment s’est déroulé le casting ?

Pablo Pauly, Aude pépin … Ce sont tous des coups de cœur. Je ne les connaissais pas avant le film et à l’avenir j’aimerais vraiment  faire émerger des nouvelles têtes.

 

On retrouve également quelques recrues du Jamel Comedy Club dont vous avez-fait partie …

Avec Fabrice Eboué, Claudia Tagbo, nous nous sommes aussi amusés à retrouver des amis, à jouer pour le plaisir. Leurs scènes sont des petits « caméos » mais, avec eux, c’est tellement facile. Une scène et c’est fait.

C’est une petite famille artistique. Chacun a essayé de faire son chemin et plutôt pas mal. Je suis très fière d’eux. On se surveille.

 

Comment expliquez-vous que plusieurs d’entre vous (Thomas N’ Gijol, Fabrice Eboué) soient passés à la réalisation ?

Quand tu es auteur de ta propre pièce, tu peux être auteur de ton propre film si on veut bien te donner cette chance-là.

 

Pourquoi aborder cette comédie sentimentale sous l’angle du couple mixte ?

A l’origine, nous voulions vraiment faire une comédie romantique, parler de l’amour entre une femme et un homme. Et puis nous nous sommes dit : "pourquoi pas prendre l’angle du couple mixte".

On dit souvent que les blancs sont racistes des noirs, des arabes, mais il y aussi ce racisme entre deux communautés et on en parle peu. L’humour désacralise tout ça avec légèreté, bienveillance et sans être donneur de leçon. Si en plus ça peut faire passer des messages tant mieux. J’espère que dans 20 ans, on ne parlera plus de couleur de peau.

 

Que vous a apporté cette première réalisation ?

J’ai beaucoup appris. Cet été, je recommence. Je vais  tourner un film sur les michetonneuses. Ces femmes me fascinent. Je voulais savoir d’où elles venaient, pourquoi elles faisaient ça. J’ai introduit une petite bande et elles m’ont raconté deux trois choses étonnantes C’était un peu  comme introduire une association de malfaiteurs. Elles rentrent dans la psychologie des hommes.

Elles sont très intelligentes, malicieuses. C’est très intéressant à mettre en scène. Il y a, à la fois, un côté Casino et en même temps, c’est très touchant  J’ai écrit le scénario. Ce sera une comédie dramatique. J’ai beaucoup appris pour Amour sur place ou à emporter. Je connais exactement mes erreurs et j’ai envie de réitérer l’expérience.  Je ne sais pas si le film va marcher, mais je crois qu’il faut être sincère et passionnée par son sujet pour être droite dans ses bottes.

 

Amour sur place ou à emporter, Amelle Chahbi, en salle.

 

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