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Gilles Lellouche : "Zampa est un drôle de mélange"

Gilles Lellouche incarne Gaëtan Zampa dans le film de Cédric Jimenez "La French". Gilles Lellouche incarne Gaëtan Zampa dans le film de Cédric Jimenez "La French".[©Jerome MACE]

Un duo chic pour un film choc. "La French", deuxième film de Cédric Jimenez, porte à l’écran avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche le face-à-face entre le juge Michel et le parrain de la French Connection Gaëtan Zampa dans le Marseille de la fin des années 1970. Une fresque ample et réaliste dont Gilles Lellouche a apprécié la qualité d’écriture.

 

Qu’avez-vous pensé du scénario de "La French"?

J’ai mis pas mal de temps à le lire parce que j’étais réticent à l’idée de faire encore un polar. Mais quand j’ai découvert l’ampleur de l’écriture et les rôles extraordinaires qu’on nous offrait à Jean et à moi, je n’ai pas hésité une seule seconde.

 

Connaissiez-vous l’histoire du Juge Michel et de la French Connection ?

Je connaissais l’histoire du Juge Michel parce qu’elle a été marquante et que j’avais dû voir deux ou trois reportages dessus mais je ne connaissais pas du tout la French Connection, ni Gaëtan Zampa. Il a fallu que je me renseigne, que je fasse des recherches.

 

Jouer une personne qui a existé met-il une pression supplémentaire?

A partir du moment où on joue avec le réel, il faut avoir une distance, un recul et du respect. Derrière ces personnages, il y a une réalité, des familles. La femme de Zampa est toujours là ainsi que ses enfants. Sans parler du Juge Michel, dont le destin reste une plaie ouverte... On a tout fait pour faire un film digne. 

 

Le rôle de Zampa nécessitait puissance et autorité.

On parle de Zampa quand il est au sommet de sa gloire. Il est craint, respecté. On l’écoute quand il parle. J’ai remarqué qu’on craignait plus souvent la force tranquille. Je me suis donc retenu d’être dans une démonstration de force. Je me suis reposé sur les autres comédiens. Ce sont eux qui renvoient l’image charismatique de Zampa. Ensuite, j’ai eu la chance de rencontrer sa femme et ses enfants qui m’ont raconté quel homme il était dans l’intimité et avec ses amis. C’était quelqu’un d’assez chaleureux, charmant, jovial même. Je devais donc jouer une espèce de schizophrénie. D’un côté une grande autorité et une grande violence et d’un autre, quelqu’un qui réunit, qui donne des conseils et dont la chaleur irradie les gens. C’est un drôle de mélange.

 

Zampa avait l’accent marseillais. Vous avez choisi de ne pas de le faire à l’écran…

C’était ma condition pour faire ce film. Autant on ne m’en voudra pas de ne pas l’avoir pris, mais on aurait pu m’en vouloir de l’avoir pris. Je trouve qu’il n’y a rien de pire que les acteurs parisiens qui prennent l’accent marseillais. Je n’en ai jamais vu un réussir l’exercice. Donc je me suis dit que toute prétention gardée, j’allais éviter de mettre le film en péril.

 

Le réalisateur a vu les choses en grand pour rendre le film réaliste – décors à 360°, lumière naturelle, caméra épaule… - Des conditions idéales pour se mettre dans l’ambiance ?

La plupart des réalisateurs vous donne des indications très précises. Cédric a fait une chose formidable, il ne nous a jamais pollués avec un pied de caméra, de lampadaires ou une marque au sol. On arrivait le matin, on se mettait d’accord sur notre vision de la scène. Pour la scène de l’arrestation de Zampa par exemple, c’était écrit en plan-séquence et la script voulait raccourcir la séquence. De mon côté je pensais qu’il fallait la faire comme c’était écrit parce que c’est un moment de grands questionnements pour Zampa. Cédric m’a dit que j’avais raison. Et on a fait une prise longue. Et il n’y a pas un réalisateur aujourd’hui qui aurait dit ça. Il nous a laissé une latitude et une liberté dans le cadre, dont tous les acteurs ont bénéficié. C’est d’ores et déjà un grand réalisateur. Il a énormément de talent. J’ai été bluffé par ce film parce qu’étant réalisateur moi-même je ne sais pas si j’aurai eu les épaules de faire ça en deuxième film. C’est vraiment un mec brillant.

 

Avec Jean Dujardin, vous êtes amis à la ville. Comment s’est passé la scène du face-à-face entre le Juge Michel et Gaëtan Zampa ?

Jean et moi étions vraiment habités par nos personnages sur le tournage. On était très impliqués, très concernés. Immergés. Et le jour de cette scène-là, alors que d’habitude dès qu’on se retrouvait, on déconnait ou on répétait avec le réalisateur… Là on était chacun de notre côté sur le plateau, on ne se regardait pas. Et quand on le faisait, on se regardait mal. On n’a pas été potes de la journée…  mais pas du tout du tout... On ne s’adressait pas la parole. Le soir, ça a été bizarre aussi… On n’a pas été dîné ensemble. C’était assez étrange comme expérience. On a cessé d’être des potes pendant un petit temps.

 

Vous avez réalisé "Narco" en 2004, une histoire du film à sketchs "Les Infidèles en 2011", vous serez de retour à la réalisation bientôt…

Je vais réaliser "Le Grand bain" qui sortira fin 2015 si tout va bien. Ce sera un film choral. Une comédie sociale poétique. Concernant le casting, pour être très honnête, je n’en sais rien moi-même. Il y aura forcément certains de mes amis mais pas seulement parce qu’il ne faut pas vivre qu’en vase clos. J’avais envie de revenir à la réalisation depuis très longtemps d’autant plus qu’on ne peut pas dire que je croule sous les scénarios formidable donc au bout d’un moment je me suis dit que j’allais les écrire moi-même !

 

Vous serez prochainement à l’affiche de "L’Enquête" de Vincent Garenq, un film qui revient sur l’Affaire Clearstream et où vous jouez le journaliste Denis Robert

Il y a des années fastes et d’autres qui le sont moins. Et cette année est formidable parce que j’ai eu des rôles en or portés par des grands metteurs en scène. Vincent Garenq avait fait « Présumé coupable, qui est un sacré film, très aiguisé. C’est un homme qui est concerné par son époque, par son pays, la société dans laquelle on vit. "L’Enquête" est un grand film, évidemment une tentative de vulgariser l’Affaire Clearstream et surtout la quête d’un homme, seul contre tous, qui pour essayer de faire bouger les choses, et de faire éclater la vérité, va perdre énormément.

"La French", de C. Jimenez, avec J. Dujardin et G. Lellouche. En salles.

 

La bande-annonce du film "La French" :

 

 

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