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Rio dans le bon tempo à un an des JO

Une régate féminine, premier événement test en prévision des jeux Olympiques et Paralympiques 2016, dans la baie de Rio de Janeiro, au Brésil, le 3 août 2014. [Yasuyoshi Chiba / AFP]

Délais et budgets tenus. A un an des premiers jeux Olympiques en Amérique du sud, Rio de Janeiro aborde le sprint final d'une préparation quasi sans faute, loin des psychodrames qui avaient précédé le Mondial-2014 de football.

 

Seule polémique, le pari non-tenu des autorités de traiter à 80% les eaux polluées de la Baie de Rio, où se dérouleront les compétitions de voile et de planche à voile, dans un décor de carte-postale, aux pieds du Pain de sucre et de la statue du Christ Rédempteur. Les organisateurs ont beau promettre que les zones de régates et de nage libre répondront aux standards internationaux, germes, excréments humains et détritus en tous genre alimentent toujours une controverse sur les risques pour la santé des sportifs et le bon déroulement des régates. "Le plus grand défi est le nettoyage de la baie", a déclaré le président du Comité olympique international (CIO), Thomas Bach, à un an de l'entrée de la flamme olympique au stade Maracana, pour la cérémonie d'ouverture, le 5 août 2016.

Rio de Janeiro n'est plus qu'un vaste chantier, de l'aéroport international, en rénovation et en cours d'agrandissement, au berceau portuaire historique, en pleine revitalisation, jusqu'au quartier moderne de Barra da Tijuca, futur épicentre des JO, à 30 km à l'ouest du centre.  Sans parler des dizaines de kilomètres de lignes de bus rapides qui seront réservées aux JO, et du tramway en construction, qui feront des transports le principal héritage de ces Jeux.

           

24h/24

Des divisions mécanisées de camions, grues et bulldozers, appuyées par une infanterie de milliers d'ouvriers éventrent, creusent, déblayent et édifient 24h/24, dans un marathon infernal de vacarme et de poussière. Les déplacements quotidiens des 6,5 millions de cariocas virent souvent à l'enfer. Et ce n'est pas fini ! Car la ville va débuter une série intensive d'événements test des diverses compétitions. Pour la répétition générale du triathlon dimanche, tout le quartier de Copacabana a ainsi été bouclé.  

Lancée à toute vapeur, la machine olympique ignore la récession qui frappe le géant émergent d'Amérique latine, le tsunami politique provoqué par le scandale de corruption autour du géant public pétrolier Petrobras et les records d'impopularité de la présidente Dilma Rousseff, qui promet des Jeux "parfaits" et "historiques".

 

Ground zero

Près de Barra da Tijuca, les 31 tours du Village olympique, qui hébergeront 18.000 athlètes et accompagnants, sont presque achevées. Tout près, les enceintes du Parc olympique émergent, telles des navettes spatiales rutilantes. Au beau milieu de ce "ground zero", les derniers habitants de la modeste favela de la Vila Autodromo, déjà aux trois quarts rasée, s'accrochent encore à leurs maisons. 

Pour le vice-président du comité d'organisation Rio-2016, Leonardo Gryner, l'essentiel, c'est que stades et infrastructures "vont être livrés exactement aux dates prévues". Et que le budget initial sera en gros respecté.  Les JO-2016 devraient coûter un peu moins que les 10,4 milliards d'euros des JO de Londres, beaucoup moins que les 36 milliards des Jeux d'hiver de Sotchi en 2014. Le tout avec une participation importante du secteur privé (57%), par opposition avec le Mondial dont les stades, beaucoup plus coûteux que prévus, avaient été payés par l'Etat, en dépit des promesses, provoquant la colère de nombreux Brésiliens.

 

Pas d'hostilité envers les JO

"La population n'est pas contre les JO", abonde le professeur d'université Lamartine Pereira da Costa. "Ce qui incommode la population actuellement, c'est le gouvernement", estime ce spécialiste des JO, auteur d'un livre sur "le futur des méga-événements sportifs". "Nous voulons faire quelque chose de différent du Mondial," a assuré récemment au site d'information UOL le maire centriste de Rio, Eduardo Paes, à qui certains prêtent des ambitions présidentielles pour 2018.

"On dit que la Coupe a été un succès. Oui, mais toute cette fortune dépensée, parfois bizarrement, juste pour le football et faire la fête. Les JO doivent laisser un héritage, changer la perception de la ville. Nous allons montrer qu'il y a le Brésil du scandale Petrobras et du pillage organisé, et le Brésil qui réalise des travaux dans les délais sans dépassements de budgets", a-t-il affirmé.

Côté hébergement, Rio a pratiquement doublé sa maigre capacité hôtelière, passée depuis 2009 de 18.000 à 36.000 chambres.  Mais les hôtels, réservés par le CIO et les agences officielles, affichent déjà complet. Pour libérer 20.000 chambre de plus, le CIO a donc noué un partenariat avec le site de locations saisonnières entre particuliers Airbnb.

 

85.000 policiers

Sensuelle et accueillante, la tropicale Rio de la samba et des plages est aussi connue pour la misère de ses ghettos, ses agressions, sa criminalité violente endémique, malgré l'amélioration des dernières années. Mais la municipalité rappelle qu'elle est habituée à assurer sans incidents majeurs la sécurité des événements de masse comme le carnaval. Plus de 85.000 policiers et militaires cadenasseront Rio pendant les JO, plus du double qu'à Londres en 2012.  Sur le front terroriste, il n'y a "pas de menace particulière, mais nous sommes en alerte", assure Saulo Mauron, de l'agence de renseignement brésilienne ABIN.

Quant au ministre des Sports, George Hilton, il ne s'inquiète lui "que des médailles": "Avant le Mondial, on craignait des failles dans la sécurité, que le pays ne soit pas prêt. Et finalement nous avons tout réussi", a-t-il dit à l'AFP. "Sauf que sur le terrain, nous avons perdu, avec ce résultat lamentable", la raclée historique (7 à 1) infligée par l'Allemagne à la Seleçao en demi-finale: "Aux Jeux, nous voulons finir dans les dix premières nations".

 

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