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Le premier restaurant nord-coréen en Europe

En robe cloche de soie jaune brodée, miss So accueille avec un sourire timide les clients du Pyongyang, le premier restaurant nord-coréen en Europe, selon ses propriétaires, qui vient d'ouvrir à Amsterdam.[AFP]

En robe cloche de soie jaune brodée, miss So accueille avec un sourire timide les clients du Pyongyang, le premier restaurant nord-coréen en Europe, selon ses propriétaires, qui vient d'ouvrir à Amsterdam.

"On peut penser ce que l'on veut de la Corée du Nord, mais nous voulons permettre aux gens de découvrir le peuple et le pays, ça n'a rien à voir avec la politique", assure à l'AFP Remco van Daal, l'un des deux propriétaires de l'établissement.

De l'extérieur, le "Pyongyang restaurant", qui emprunte son nom à la capitale de la dictature stalinienne, ne paie pas de mine, au rez-de-chaussée d'un petit immeuble de briques dans une banlieue d'Amsterdam.

Il porte le même nom que les établissements d'une chaîne nord-coréenne de restaurants, établie en Asie et soupçonnée d'appartenir au régime de Pyongyang pour lui servir notamment au blanchiment d'argent.

"Il s'agit d'une initiative personnelle, nous n'avons aucun lien financier avec le régime", affirme pourtant M. van Daal. L'ouverture du restaurant a été financée par des fonds de la société de son associé, Remco Hellingman, propriétaire de l'hôtel voisin, assure-t-il.

Les Etats-Unis et l'Union européenne s'efforcent d'obtenir de la Corée du Nord, qui a déjà procédé à deux essais atomiques, l'abandon de son programme nucléaire. L'intention de Pyongyang de lancer mi-avril une fusée chargée d'un satellite a encore accru les soupçons à l'égard du régime.

La décoration du Pyongyang relève de l'apologie du pays de Kim Jong-Un, troisième de la dynastie communiste à diriger le pays.

Sur les murs blancs de la salle d'une quarantaine de couverts, des tableaux représentent des chasseurs intrépides, des soldats patriotes et des jeunes filles ingénues.

Neuf plats pour 79 euros

Miss So et ses deux collègues servent aux huit clients présents ce soir-là un menu de neuf plats, dont des huîtres rôties, pour 79 euros, censé les plonger dans l'atmosphère de la Corée du Nord.

Dans ce pays appauvri, où une famine dans les années 90 a tué des centaines de milliers de personnes, un quart des habitants ont encore besoin d'aide alimentaire, selon l'ONU.

Saisissant des micros, les jeunes femmes entonnent en choeur un hymne à Kumgangsan, la "montagne de diamant", symbole national de leur pays, dont les paroles en coréen défilent sur un écran de télévision.

"Tout ce que nous voulons, c'est ouvrir une fenêtre sur un pays et un peuple très peu connus", assure M. van Daal, arborant un pin's à l'effigie du défunt dirigeant communiste Kim Jong-Il sur son veston.

"Nous avons eu l'occasion d'effectuer un voyage en Corée du Nord et depuis, nous avons essayé d'en apprendre toujours plus sur ce pays que personne ne connaît", explique ce Néerlandais, ancien salarié d'une imprimerie.

En 2009, il a crée la Fondation DPRK (Fondation République populaire démocratique de Corée du Nord) dont le but affiché est de rapprocher Néerlandais et Nord-Coréens.

Le Pyongyang, instrument de propagande de la Corée du Nord ? Remco van Daal balaie la question d'un revers de la main. "Nous sommes totalement indépendants", affirme-t-il.

L'ambassadeur de Corée du Nord en Suisse, également en charge des Pays-Bas, a pourtant assisté à l'inauguration du restaurant en février. "Il n'est venu que par pur intérêt pour notre travail", assure M. van Daal.

Les neuf employés du restaurant, tous nord-coréens, sont arrivés aux Pays-Bas mi-décembre, avec dans leurs bagages 72 kilos de tableaux, livres et ustensiles de cuisine. Sélectionnés par leur gouvernement, ils ont suivi une formation de six mois au "Pyongyang restaurant" de Pékin.

Les quatre serveuses, trois cuisiniers et une traductrice, qui logent dans l'hôtel de l'associé de Remco van Daal, sont dirigés par Han Myong Hui. Vêtue d'un pantalon et d'un pull noirs, cette femme d'une quarantaine d'années à l'allure discrète donne des ordres aux serveuses, supervise le travail en cuisine, tient la caisse, et surveille les faits et gestes de chacun.

Miss So a reposé son micro. Elle sert une "soupe de poulet noir" et des "kimchis", des petits morceaux de chou chinois, de radis ou d'oignons fermentés, avant d'installer sur les tables les traditionnels barbecues coréens.

"La nourriture nord-coréenne n'est pas si différente de celle de la Corée du Sud", assure Remco van Daal. "Les sushis sont en fait nord-coréens, le saviez-vous ?".

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