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François Pinault donne carte blanche à Urs Fischer

Sculptures éphémères en cire, modèles vivants, Pop Art: François Pinault a pour la première fois laissé carte blanche à un unique artiste, le Suisse Urs Fischer, qui a pu investir le somptueux palais vénitien du milliardaire français posé au bord du Grand Canal.[AFP]

Sculptures éphémères en cire, modèles vivants, Pop Art: François Pinault a pour la première fois laissé carte blanche à un unique artiste, le Suisse Urs Fischer, qui a pu investir le somptueux palais vénitien du milliardaire français posé au bord du Grand Canal.

A partir de dimanche, les visiteurs pourront découvrir à travers une trentaine d'oeuvres le travail de ce Suisse né en 1973 à Zurich mais qui vit et travaille aujourd'hui à New York.

Il a baptisé son exposition "Madame Fisscher", du nom de l'oeuvre installée dans l'atrium du Palazzo Grassi: une reconstitution à l'identique de son ancien atelier londonien, qui devient ainsi une véritable sculpture et permet au visiteur de "faire l'expérience physique du processus de création".

L'intitulé de l'exposition reste mystérieux, il s'agit peut-être d'un jeu de mots entre le nom de l'artiste et le célèbre musée de cire de Madame Tussaud à Londres.

Heureusement que Caroline Bourgeois, commissaire de l'exposition, est là pour nous éclairer: "L'univers d'Urs Fischer est fait de logique et d'absurde, d'illusion et de réel, de violence et d'humour, d'éternité et d'éphémère".

"O temps! Suspends ton vol", semble dire l'artiste, qui n'hésite pas à faire fondre pendant la durée de l'exposition deux statues en cire grandeur nature parsemées de plusieurs mèches: l'une est un autoportrait de cet homme joufflu et multitatoué très sportswear, l'autre représente un businessman au regard inquiet.

Plusieurs sculptures sont animées par des dispositifs motorisés: une ampoule se balance au bout d'un fil, un paquet de cigarettes vide tourne en rond, un gros ballon blanchâtre pivote imperceptiblement et rappelle les inquiétants ballons gardiens du village du "Prisonnier", la mythique série britannique.

"Un léger soupir est le son de ma vie": c'est le nom poétique de cette sculpture mouvante. Urs Fischer "est incontestablement le grand sculpteur du temps suspendu", estime Caroline Bourgeois.

C'est aussi l'auteur des "Trous", une série de sculptures elles aussi suspendues dans les airs: pour citer Gainsbourg dans "Love on the Beat", "des trois trous que les dieux t'ont donnés", Urs Fischer a choisi "le moins lisse", mais avec en prime la bouche (glotte comprise), l'oreille et le nez.

Un pénis à l'urètre grand ouvert est aussi de la fête: on est choqué (un peu) et amusé (beaucoup). "L'exposition est destinée à tout le monde, je ne me suis pas posé la question" de savoir si cela pouvait choquer, confie l'artiste un peu ours quand il se retrouve coincé par une meute de journalistes.

"Pour moi, c'est une joie (de travailler), c'est quelque chose que j'aime faire. Je fais ce que je fais, je ne dois pas fonctionner comme une machine", lâche-t-il.

Le dialogue avec la décoration somptueuse et classique du palais fait mouche: à mi-escalier d'honneur, un plâtre rose représentant une main sur une mâchoire est suspendu devant un bas-relief en marbre représentant la victoire de la Concorde sur la Discorde. Son titre: "Vieille douleur".

Plus loin, une modèle nue reproduit en chair et en os les poses de sculptures en bronze patiné: agenouillée et les cheveux épars sur une table blanche, ou alors étendue sur une méridienne rouge sang ou un Chesterfield bleu ciel. Un vase de roses fanées trône en arrière-plan: Urs Fischer a lu Ronsard.

Pour les amateurs de Pop Art, une boîte géante de Tic-Tac et un billet de 2O dollars format paquet de lessive qui fait la paire avec une pince à linge elle aussi survitaminée. Plus classique, un portrait géant représente une femme en smoking à la coiffure années 30: un faux-air de Maggie Smith?

Avec "Madame Fisscher", Urs Fischer ouvre le ban d'une série d'expositions monographiques qui alterneront désormais avec les expositions thématiques, dont la prochaine, entièrement consacrée à la vidéo, s'ouvrira fin août au moment du lancement de la Mostra de Venise.

"Madame Fisscher" - Du 15 avril au 15 juillet

 

 

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